L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a reçu de nouvelles informations et vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Maroc / Sahara Occidental.
Nouvelles informations :
L’Observatoire a été informé de sources fiables de la poursuite de la détention arbitraire et de la dégradation de l’état de santé en détention de Mme Mahfouda Bamba Lefkir, défenseure sahraouie pour le droit à l’auto-détermination et membre du collectif Gdeim Izik[1].
Selon les informations reçues, les conditions difficiles dans lesquelles est détenue Mme Mahfouda Bamba Lefkir depuis son arrestation ainsi que le refus systématique d’accès aux soins de la part des autorités pénitentiaires engendrent une détérioration générale de son état de santé.
En effet, depuis le début de son placement en détention le 15 novembre 2019 (cf. rappel des faits), Mme Mahfouda Bamba Lefkir connaît diverses complications de santé dues à son manque d’accès aux soins au sein de la prison. Plus particulièrement, elle souffre d’une maladie chronique au niveau des sinus qui risque de s’aggraver si elle ne prend pas de médicaments. Elle souffre également d’asthme et de sensibilité cutanée.
Depuis le début de sa détention, tout transfert dans un hôpital en dehors de la prison ainsi que la visite de son médecin lui ont été refusés. Les autorités pénitentiaires refusent également de lui prodiguer des soins ou de lui fournir des médicaments. En raison de son asthme et de ses difficultés respiratoires, elle a cependant pu être transférée dans une petite clinique au sein de la prison, où elle a eu accès à un appareil d’oxygène mais n’a pas pu consulter de médecin.
Par ailleurs, son état psychologique se dégrade en raison des agressions verbales qu’elle subit régulièrement de la part d’une détenue de droit commun encouragée par le personnel pénitentiaire.
L’Observatoire est préoccupé par le fait que Mme Mahfouda Bamba Lefkir n’ait pas accès à des soins de santé adéquats et condamne fermement la poursuite de sa détention arbitraire qui ne semble viser qu’à sanctionner ses activités légitimes de défense des droits humains.
L’Observatoire appelle les autorités marocaines à prodiguer les soins nécessaires à l’amélioration de l’état de de santé de Mme Mahfouda Bamba Lefkir et à procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle ainsi qu’à celle de l’ensemble des défenseurs des droits humains détenus au Sahara occidental.
Rappel des faits :
Le 15 novembre 2019, Mme Mahfouda Bamba Lefkir a été arrêtée après avoir pris la parole pour dénoncer les injustices contre les prisonniers sahraouis lors du procès de son cousin M. Mansour Othman al Moussaoui, condamné ce jour-là à un mois de prison en raison de sa participation à des manifestations à Laâyouneappelant à l’auto-détermination et à un référendum sur le Sahara occidental. Elle a alors été interrogée pendant plusieurs heures par le Procureur du Roi au sein même du Tribunal avant d’être transférée au commissariat local pour y être de nouveau interrogée par la police judiciaire au sujet de son militantisme et de ses liens supposés avec le Front Polisario. Durant ce transfert, elle a été maltraitée physiquement par les policiers, passant presque toute la journée les mains menottées. Elle n’a pas eu accès à un avocat pendant toute la durée de ces interrogatoires.
Le 16 novembre 2019, Mme Mahfouda Bamba Lefkir a été transférée à la prison de Lakhal, où elle reste détenue à ce jour.
Durant les cinq premiers jours de sa détention, toute visite lui a été interdite et elle n’a pu obtenir ni couverture, ni médicament. Elle a, depuis, pu recevoir la visite de sa famille mais pas celle de son avocate et n’a toujours pas accès aux soins dont elle a besoin.
Fédération Internationale pour les droits humains, 6 fév 2020
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