La Guinée-Bissau est forcée d’ouvrir un consulat sur un territoire qui ne compte aucun résident guinéen par le Maroc.
L’offensive diplomatique marocaine dans la légitimation internationale de la présence de Rabat dans le territoire du Sahara occidental, dont le droit à l’autodétermination est revendiqué par le Front Polisario, a porté quelques fruits, dont celui de la Guinée-Bissau.
Laâyoune est une ville importante du Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole est considérée par le Maroc comme sa région sud. Une position qui ne bénéficie pas d’un consensus au sein de la Communauté internationale, étant donné que le Front Polisario réclame l’indépendance de ce territoire depuis 1973 et insiste sur un référendum pour l’autodétermination de la population sahraouie.
La nouvelle stratégie du Maroc pour légitimer sa présence au Sahara occidental sur le plan international implique la pression qu’il exerce, avec un certain succès, sur certains pays pour ouvrir une représentation diplomatique à Laâyoune, ce qui devient symboliquement une réaffirmation de la reconnaissance de la prétendue souveraineté de Rabat dans ces territoires contestés.
En 1976, le Front Polisario a proclamé la naissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui revendique la souveraineté du Sahara occidental. Parmi les dix premiers pays à reconnaître officiellement la RASD au moment de sa création, on trouve précisément la Guinée-Bissau. Mais en 2010, Bissau revient sur sa reconnaissance de la RASD et défend la souveraineté marocaine sur ce territoire. Un changement de position qui n’était pas libre et qui a ouvert un agenda de négociations sur les contreparties d’un tel revirement diplomatique à Bissau.
En juillet 2014, le président de l’Assemblée populaire nationale (ANP) guinéenne, Cipriano Cassamá, a écrit à son homologue marocain, Rachid Talbi Alami, pour demander à la Chambre des représentants un soutien de 600 millions de francs CFA (environ 916 000 euros). Selon les explications données par Cassamá, cette somme servirait à couvrir une partie du budget de fonctionnement de son institution, qui s’élève, selon le président de l’ANP, à 2,5 milliards de francs CFA, soit environ 3 186 793 euros.
Un an plus tard, en mai 2015, le monarque marocain Mohamed VI a entamé une visite officielle de trois jours en Guinée-Bissau. Il s’installe au palais présidentiel où le drapeau marocain est hissé. Dans ses bagages, Mohamed VI transportait également 12 000 tonnes de médicaments à titre de don au pays. Parmi les autres aides opaques, qui continuent de susciter la controverse en Guinée-Bissau, Mohamed VI a décidé en 2018 d’offrir au pays 90 véhicules tout-terrain, pour les députés de l’Assemblée populaire nationale.
La Guinée-Bissau est maintenant obligée de rembourser Rabat, et pour cette raison elle doit ouvrir un consulat à Laâyoune. Une ville qui n’a pas de résidents bissau-guinéens, et qui ne sera pas non plus un atout diplomatique pour la Guinée-Bissau. Cependant, c’est une autre victoire diplomatique pour le Maroc sur la question controversée du Sahara occidental.
Source:e-Global.pt
Bissauactu.com, 9 fév 2020
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