Devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale de l’ONU, Rosine Sori-Coulibaly a regretté vendredi la « profonde méfiance » des hommes politiques bissau-guinéens, les divisions au sein du pouvoir exécutif et les changements d’alliances politiques au sein du parlement.
« En conséquence, le processus juridique relatif au résultat des élections n’a pas encore été résolu, afin de permettre le tout premier transfert pacifique de pouvoir à un chef d’État démocratiquement élu dans le pays », a déclaré Mme Sori-Coulibaly.
« Cependant, étant donné la profonde méfiance entre les deux camps politiques, les divisions au sein de l’exécutif et les alliances politiques changeantes au sein du Parlement, la prestation de serment du futur président ne permettra probablement pas d’apporter la stabilité », a-t-elle ajouté.
La cheffe du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, UNIOGBIS, a rappelé que le résultat du premier et du second tour des élections présidentielles, tenues le 24 novembre et le 29 décembre 2019, a été porté devant les tribunaux après que le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), a contesté la victoire attribuée au candidat adverse, Umaro Sissoco Embaló.
Le recours adressé à la Cour suprême de justice demande l’annulation du moyen pour des raisons de légalité et de crédibilité.
La Commission électorale nationale a confirmé le résultat, mais la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a demandé que les données électorales nationales soient vérifiées pour mettre fin à la situation post-électorale.
Pourla Représentante de la Guinée-Bissau, il faut un engagement continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale.
« Le peuple de Guinée-Bissau mérite une clôture claire et positive de ce processus afin qu’il puisse voir la lumière de l’espoir pour l’avenir de ses enfants », a fait valoir Maria Antonieta Pinto Lopes D’Ava, la chargée d’affaires de la mission permanente de la Guinée-Bissau aux Nations Unies. « Nous sommes convaincus que seules des élections libres, équitables et transparentes nous permettront de renforcer l’État de droit démocratique dans notre pays, où la volonté souveraine du peuple peut prévaloir », a-t-elle ajouté.
L’appel de la CEDEAO
Devant les Quinze, Kalla Ankourao, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, pays qui préside en 2020 la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a déploré l’impasse politique née après les présidentielles.
« L’impasse politique née après les récentes présidentielles, suscite de plus en plus d’inquiétude », a-t-il déclaré.
« Désormais un éventuel scénario catastrophe n’est pas à écarter totalement », a-t-il ajouté.
Pour autant, le chef de la diplomatie nigérienne estime que « la crise bissau-guinéenne revêt une forme institutionnelle plus que violente ». La constitution et la loi électorale en vigueur comportent les germes de malentendus chroniques faisant place à toutes les interprétations partisanes, a-t-il fait remarquer.
Kalla Ankourao a aussi noté que le Président de la République a fini son mandat légal depuis plus de sept mois et il n’est là que par la volonté de la CEDEAO qui l’a maintenu pour éviter un vide institutionnel.
Le Ministre a également montré du doigt l’activité de trafic et de stupéfiants, qui constitue l’un des principaux facteurs de déstabilisation des institutions.
Aussi, en vue d’éviter une nouvelle crise politique à ce pays, le Niger réitère l’appel de la CEDEAO demandant aux différents organes et institutions impliqués dans le processus électoral de contribuer à la normalisation politique et institutionnelle du pays, en finalisant au plus tard le 15 février 2020 leurs travaux.
« Je lance un appel pressant à ce Conseil, pour que nous œuvrons ensemble afin que la Guinée-Bissau ne retombe pas dans l’instabilité et ne devienne une base arrière des terroristes sévissant au Sahel », a-t-il conclu.
ONU Info
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