Le ballet diplomatique suscité par l’initiative d’Alger pour le règlement de la crise libyenne a incontestablement produit une plus grande visibilité de l’Algérie sur la scène politique régionale et internationale, longtemps absente pour des raisons inhérentes à la situation interne induite par la chute de l’ancien régime. Les références phares de ce regain d’activité diplomatique sont les escales de la Conférence de Berlin le 19 janvier dernier, et la récente réunion annuelle de l’Union africaine (UA) d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
Par deux fois, le Président Abdelmadjid Tebboune a eu à prononcer des allocutions dans lesquelles il a réaffirmé – en sa qualité de nouveau Président élu – les principes qui régissent les relations de l’Algérie dans le concert des nations, dont la permanence de ses engagements pour la paix à travers le dialogue et le règlement pacifique des différends.
Devant ses pairs africains, il a annoncé la création d’une Agence algérienne pour la coopération africaine et internationale, une initiative qui va dans le sens des préoccupations de développement inscrites à l’ordre du jour du 33ème Sommet de l’UA. Car s’il faut bien faire taire les armes, encore faut-il que les effets soient l’amélioration des conditions socioéconomiques des populations africaines, durement affectées par la pauvreté qui pousse à l’exode massif transfrontalier. Un décret à paraître dans le Journal Officiel sera promulgué prochainement.
Cette agence des modèles de coopération inter-États existe, mais son actualisation s’impose. Par ailleurs, en échos au discours de Abdelmadjid Tebboune, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, vient de nommer un envoyé spécial pour le Sahara Occidental. Il s’agit de l’ancien ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajkac, appelé à succéder à Horst Kohler, après des mois de vacance du poste. Le volet économique a ainsi fait l’objet, jeudi dernier, de discussions élargies aux deux délégations, au ministère des Affaires étrangères, entre les ministres algérien Sabri Boukadoum et mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui a été auparavant reçu par le chef de l’État.
A une question du Soir d’Algérie, invitant l’envoyé spécial mauritanien à livrer son sentiment sur le niveau des relations économiques algéro-mauritaniennes, il a insisté sur leur excellence ainsi que l’importance stratégique des rapports qu’entretiennent les deux pays. A titre d’exemple, il rappellera la tenue récemment à Nouakchott de la Foire consacrée aux produits algériens qui fut, selon ses dires, un franc succès. Prix et qualité ont été les arguments qui ont suscité un grand engouement des consommateurs mauritaniens.
Une grande caravane, partie d’Algérie, a acheminé ces produits sur le marché mauritanien, voire même au Sénégal, nous dit Ould Cheikh Ahmed qui a profité de l’occasion pour annoncer la construction d’une ligne de chemin de fer qui reliera le Sud algérien à Nouadhibou, deuxième grande ville de Mauritanie.
Dans le point de presse tenu conjointement avec son homologue algérien, il a abordé d’autres questions de politique régionale, notamment la crise libyenne, au sujet de laquelle il soulignera une convergence de vues avec les positions de l’Algérie ,et que son pays soutiendra les démarches dans tout le processus de règlement.
Sabri Boukadoum, qui nous a confié qu’il retrouve en la personne de Smail Ould Cheikh Ahmed un vieux compagnon de sa présence à l’Onu, a eu aussi à revenir sur le problème libyen et sa dernière visite à Benghazi appelée à être suivie, dans les prochains jours, par une escale à Tripoli, capitale du Gouvernement d’union nationale. Il en a profité pour rendre compte de la complexité libyenne de la crise et notamment du fait du rôle des divers acteurs, dont les tribus. C’est d’ailleurs un point essentiel abordé par le chef de la diplomatie grec, Nico Dendia, à l’occasion de sa visite de travail à Alger où il a été reçu à la présidence, compte tenu de ses démêlés avec la Turquie à propos de Chypre, qui se dit concernée par les événements qui ont lieu en Méditerranée orientale. Le maréchal Khalifa Haftar a rendu visite à ce pays à la veille de la tenue de la Conférence de Berlin le 19 janvier dernier. Le ministre des Affaires étrangères grec, qui abordera aussi la question de la relance des échanges économiques avec l’Algérie, n’a pas manqué de noter la convergence de vues sur la question de la Libye avec pour maître mot, le dialogue.
Ainsi, l’offensive diplomatique enclenchée avec l’implication directe dans la recherche d’une solution au conflit libyen et la sécurité au Sahel, marque des points, preuve s’il en est, qu’Alger est en passe de devenir La Mecque des bonnes volontés…
Brahim Taouchichet
Le Soir d’Algérie, 15 fév 2020
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