Cela fait 44 ans, aujourd’hui, que la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a été proclamée. Mais après tant d’années, le constat est là : à l’exception d’avoir arraché quelques acquis certes précieux et néanmoins symboliques, l’évolution du dossier stagne et se caractérise, ces derniers mois, notamment, par un nouveau blocage. Pour les représentants du Front Polisario, le Maroc et ses « alliés » œuvrent sans cesse à entraver le peuple sahraoui dans sa marche pour son indépendance.
Massiva Zehraoui – Alger (Le Soir) – Irrité, l’ambassadeur du Front Polisario à Alger a, dans ce contexte, pointé du doigt la complicité «affichée» de certains pays européens qui seraient à l’origine de ce statu quo.
Lors d’une conférence de presse qu’il a animée, hier mercredi, au forum du quotidien El Wassat, Abdelkader Taleb Omar a ouvertement fustigé l’Espagne et la France. Ses critiques se sont particulièrement dirigées à l’endroit du gouvernement espagnol dont il considère que «la position d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui». Il a souligné que les positions de Madrid ont de tout temps viré du chaud au froid lorsqu’il s’agit de la reconnaissance de la Rasd. Il fera toutefois remarquer que ces derniers mois, la politique espagnole, à cet égard, a totalement rompu avec les positions des gouvernements successifs en manifestant un «soutien pratiquement inconditionnel au colonisateur marocain», déplore l’ambassadeur.
Abdelkader Taleb Omar dénonce le parti-pris du gouvernement de Pedro Sanchez, qui se fait aujourd’hui «le défenseur des intérêts du Maroc au détriment de tout un peuple». A chaque fois que l’Espagne se prononce en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, elle est «aussitôt rappelée à l’ordre et se rétracte à la vitesse de la lumière», a-t-il constaté.
Abdelkader Taleb Omar a, d’ailleurs, rappelé le récent «incident» suite auquel le gouvernement espagnol a dû réitérer sa position sur le Sahara Occidental afin d’apaiser ses relations avec Mohammed VI.
Rappelons qu’un membre du gouvernement issu du parti de gauche Podemos avait reçu dernièrement une représentante du Front Polisario en qualité de «ministre», signifiant, de ce fait, sa reconnaissance de la Rasd en tant qu’État. La réaction au sein du gouvernement n’a pas tardé à se manifester, réaffirmant la «non-reconnaissance de l’Espagne officielle de la République sahraouie».
Selon Abdelkader Taleb Omar, c’est de façon décomplexée que l’Espagne cautionne « la propagande du roi ». Il attirera encore l’attention sur l’absence totale du mot « autodétermination » du peuple du Sahara Occidental dans le paysage médiatique espagnol. « Nous avions pour habitude d’envoyer régulièrement des représentants du Front Polisario s’entretenir avec des dirigeants espagnols », a-t-il relevé, chose qui n’arrive plus aujourd’hui. L’ambassadeur de la Rasd a par ailleurs chargé la France qui, d’après lui, «ne fait que calquer la politique de l’Espagne vis-à-vis du dossier sahraoui».
Il estimera encore que la France a accepté de jouer le mauvais rôle dans les négociations pouvant mener vers un règlement de la crise, de manière pacifique.
M. Z.
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