L’Histoire pour Tous N° 34 : Histoire du Burkina-Faso et Thomas Sankara, le Président Révolutionnaire.
Thomas Sankara a été le Président du Burkina-Faso entre 1984 et 1987, date de son assassinat. Durant sa Présidence, la lutte contre les élites et contre l’Impérialisme Européen a été constante pour profiter aux classes inférieure.
1) La Haute-Volta : de sa colonisation par la France à son Indépendance.
La Haute-Volta était un territoire sous le contrôle de la France entre 1919 et 1958, non sans nombreuses réorganisations dans les territoires adjacents ; tel que le Haut-Sénégal, le Niger et le Tchad, tous situés en Afrique Occidentale Française, entre 1895 et 1958.
En 1887, après plusieurs campagnes militaires, les Français obtinrent finalement la capitulation Mossi : Tenkodogo, Yatenka et Wogodogo ; des royaumes qui s’étendaient entre l’actuel Ghana et le Burkina-Faso. Une fois ses territoires annexés, la déportation de la population qui servirait d’esclaves a commencé, principalement pour l’Amérique Coloniale de la France (Martinique, Guadeloupe, etc.). malgré la disposition des royaumes, l’ethnie Mossi, encore majoritaire au Burkina-Faso, a réussit à maintenir sa langue et sa culture, jusqu’à aujourd’hui.
En 1958, face aux tensions, croissantes dans la région, outres les problèmes de la France après la Seconde Guerre Mondiale, Charles de Gaulle proposa un référendum sur l’indépendance des territoires qui le souhaitaient. À partir de ce moment, la Haute-Volta est née, bien que ne soit qu’en 1960, qu’elle soit officiellement Indépendante, adaptant le territoire délimité par la France et changeant son nom en République de Haute-Volta.
Comme beaucoup d’États voisins, la République de Haute-Volta a été caractérisée par une par une grande instabilité au début au début de son existence en tant que État Souverain.
L’indépendance fut proclamée par Maurice Yaméogo, qui est le Premier Président. Pendant plusieurs années, les Coups d’États et les Gouvernements se sont succédé, laissant un pays déjà pillé par la France Coloniale dans des conditions encore pires.
L’un des leaders les plus durables fut Sangoulé Lamizana, entre 1966 et 1980, au cours duquel les Partis d’Oppositions furent proscrits.avec la chute de Lamizana, la Présidence de Saye Zerbo, qui a offert la première place dans un Gouvernement à Thomas Sankara, qui l’a acceptée.
2) Thomas Sankara : son enfance, son entraînement militaire et son accession au pouvoir.
Thomas Isidore Noël Sankara est né le 21/12/1949 à Yako, une ville de la Colonie de Haute-Volta. D’origine modeste et connu pour son enfance rebelle, il rentre à 17 ans dans une Académie Militaire, sa seule chance de pouvoir faire des études pour quelqu’un de son statut social.
Pour compléter sa formation, il s’est rendu à Paris, où il sera envoyer plus tard pour participer aux conflits Français qui se sont déroulés à Madagascar, puis au Maroc. Enfin, en 1974, il rentre en Haute-Volta pour participer à la guerre entre son pays et le Mali : dite la Guerre de la Bande d’Agacher (entre la frontière du Burkina-Faso et celle du Mali), du 14 au 30/12/1985 ; où il fut décoré.
Au cours de ses voyages, il fit la connaissance de Blaise Compaoré, un compatriote avec lequel, il a noué des relations étroites et qui influera sur sa future présence au sein de son gouvernement.
Fort de sa popularité, Saye Zerbo lui propose en 1981, un poste au gouvernement, qu’il accepte.
Cependant, un an plus tard, il démissionne en raison d’irrégularité et de son opposition sur certaine décision de Zerbo. Cela a conduit à son emprisonnement, ce qui a provoqué une réaction des secteurs urbains et surtout universitaires, ce qui a conduit à des grèves pour obtenir sa libération.
Ce n’est qu’en 1982 que Zerbo fut renversé, par des sous-officiers de l’armée, et fut remplacer par Jean-Baptiste Ouédraogo, médecin militaire, à la tête de l’État, qui aussitôt fit libéré Sankara et en fait le Chef de son Gouvernement.
Sankara a rénové les structures public et de l’armée, en essayant d’éliminer la corruption et les abus des classes riches contre le peuple.
En outre, Sankara a lancé un discours Révolutionnaire Marxiste, dans lequel, il a appelé à l’insurrection du peuple devant l’ineptie de certains dirigeants, fonctionnaires, etc …. Ces attitudes n’aimaient pas l’aile conservatrice du Gouvernement.enfin, il y a eu un Coup d’État, qui a de nouveau emprisonné Sankara avec ses alliés politiques, à l’exception de Campeoré, qui s’était enfuit et s’est retranché à Pö, une petite ville du sud. Il fut remplacé par le Général Yorian Gabriel Somé (assassiné le 9/8/1983, sur ordre de Campaoré) , qui prend ses fonctions, mais ne décide pas d’éliminer Jean-Baptiste Ouédraogo, qui est resté au pouvoir. De plus Somé comptait sur le soutient de Gui Penne, conseiller du Président de la France, François Mitterrand.
Cependant, l’incarcération de Thomas Sankara n’est pas passé inaperçu ; à nouveau, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Ouagadougou (Capital du Burkina-Faso), y comprit les étudiants, les lycéens, les chômeurs et même les prostituées, ont participé à la manifestation, pour la libération de Sankara et de ses alliés. Profitant de ce climat de tension, un nouveau Coup d’État était prévu.
Le 4 août 1983, jour de la célébration de la fête de l’Indépendance, la garnison insurgée de Pô, avec à sa tête Campeoré , arrive à Ouagadougou accompagnée d’une foule en liesse ; prirent les points névralgiques du pouvoir : le Palais de la Présidence, la radio-télévision et la gendarmerie.
Campaoré fit libéré Sankara, qui fut mis à la Présidence du Conseil National Révolutionnaire . Sankara forme un nouveau Gouvernement avec la Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et l’Union des Luttes Communistes (ULC)
Sankara déclare que ses objectifs sont :
«Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que, sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance ».
Il s’entoure de cadres compétents, défend la transformation de l’administration, la redistribution des richesses, la libération de la femme, la responsabilisation de la jeunesse, la décentralisation, la lutte contre la corruption, etc. …
3) De la Haute-Volta au Burkina-Faso : Le Gouvernement de Thomas Sankara (1984-1987).
Un an plus tard, le 4 août 1984, Sankara, profitant à nouveau de l’anniversaire de l’Indépendance, décida de changer le nom du pays et tous les symboles Nationaux. La Haute-Volta, nommée en raison de la présence du fleuve du même nom a été rebaptisé Burkina-Faso.
Le nom n’a pas été choisie sur un coup de tête : Burkina signifie ; ’’Homme de Valeur’’ en langue Moré et Faso : signifie ’’Pays’’ ou ’’Pays de’’ en langue Dioula. Ainsi le Burkina-Faso pourrait être traduit par : ’’Terre d’Homme de Valeur’’.
À son tour, le drapeau tricolore à également a été changé en noir, blanc et rouge, par un rouge et vert (symbolisant respectivement la ville et la terre) avec une étoile jaune avec cinq point intermédiaires ; et l’Hymne National, écrit par Sankara, lui-même, en langue Lobi, remplace l’Hymne précédent en Français, héritage de la colonie.
Sankara a également entamé un processus de reconstruction de l’État : il a handicapé tous les fonctionnement qui ne se conformaient pas à leur travail. Il a crée un nouvel organe directeur : le Comité National de la Révolution (CNR). En parallèle, ont été crées les Comités de Défense de la Révolution (CDR), des organisations créées par le peuple et qui ont servi à assister la population dans tous les domaines et qui se sont rapidement étendues à toutes les localités. Les Tribunaux Populaires de la Révolution ont également été créés, ce qui a lancé un processus de réorganisation de l’État et de la fonction publique.
La politique de Sankara était assez cohérente : elle visait à réaliser une redistribution de la richesse ; il voulait aider la population rurale qui représenté plus de 80 % des habitants du Burkina-Faso ; et il voulait mettre fin à toute influence du système Capitaliste Européen, qu’il considérait corrompu et inefficace. Son discours, proche du Marxisme, ne nia pas la religion et incorpora en fait des éléments à la fois Chrétiens et Islamiques.
Il a également incorporé la lutte pour les Droits des Femmes à sa révolution : Sankara n’a pas accepté le fait que dans une lutte u collectif opprimé, le peuple était contre les élites, il n’y avait pas non plus de lutte contre l’oppression des femmes. En fait, son gouvernement a incorporé des femmes, parmi ses ministres.
Sankara a également éliminé tout culte de personnalité ; il n’a pas laissé son portrait figurer dans les institutions officielles (comme l’on fait de nombreux dirigeants Africains). Il a également introduit une politique d’austérité : obligeant tous les fonctionnaires et tous les postes ministres, y comprit lui, à baisser son salaire, et fixant une limite de salaire. Élimination des dépenses inutiles, telle que, l’entretien des Mercedes coûteuses pour les ministres et l’établissement d’une Renault 5, beaucoup moins chères.
L’un des objectifs les plus connus de Sankara était de fournir deux repas et dix litres d’eau par jour à tous les résidents Burkinabés. Une tentative d’acculturation de la population a été à ajoutée à sa politique, créant différentes entités dans le but d’éduquer la population majoritairement analphabète. En outre, il a ouvert de nombreuses écoles secondaires et instituts afin que le peuple puisse aller à l’école.
Thomas Sankara devant les Nations Unies
Sur un plan international, Sankara s’est toujours opposé au Fonds Monétaire International (FMI) et a ses propositions, tout en refusant de payer la dette extérieure. Il a assuré que, dans ses priorités, il nourrissait son peuple et ne payerait pas les dettes que l’ancien colonisateur (la France) leur avait imposées dans le but de tenter une nouvelle domination économique. Il a également critiqué la politique interventionniste Américain, ce qui lui a valu la désapprobation des Présidents Américains, tels que Ronald Reagan ou George Bush.
Il était favorable à des Gouvernements tels que Cuba ou le Nicaragua, qui selon lui, s’étaient défendus de l’Impérialisme Américains. Il s’est également opposé à l’Apartheid Sud-Africaine, la denoçant à chaque occasion.
4) La Mort de la Révolution :
Thomas Sankara a été assassiné le 15/10/1987.
Sankara est devenu gênant, du fait de sa lutte contre le néocolonialisme, menaçant la place de la France en Afrique ainsi que le pouvoir des autres chefs d’État d’Afrique de l’Ouest, au comportement plus docile.
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État organisé par un de ses camarades les plus proches Blaise Compaoré (plus disposé à soutenir les intérêts de la France, de la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny et du Malien Moussa Traoré, qui soutiennent se renversement)
L’implication de la Libye de Khadafi (en dépit du soutien politique et matériel qu’il apportait à Sankara) a parfois été souligné, mais aucune preuve ne peut l’affirmée. Quelques jours plus tard, il est déclaré : « décédé de mort naturel » par un médecin militaire.
Son frère d’armes Blaise Compaoré (photo ci-dessus) qui lui succède à la tête du Burkina Faso, est soupçonné d’être le principal responsable de son assassinat.
Selon sa version des faits ; il déclara ; qu’il fut contraint de recourir à la force meurtrière pour faire face à la résistance de Sankara, une version démentie par de nombreux témoins.
Thomas Sankara et certains de ses camarades tués lors du coup d’État seraient enterrés sans tombe au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou, pour éviter la création ’’d’un Mythe et d’un Martyr’’. Plus tard, de simples tombes en ciment sont édifiées.
Une fois installé au pouvoir, Compaoré élimina tous les alliés de Sankara, ouvrant ainsi la voie à un régime dictatorial.
Cependant, malgré la dure répression, des étudiants ont protestés contre la mort de Sankara, mais cette fois-ci, ils n’ont pas réussit à ébranler le nouveau régime.
La mort de Thomas Sankara , en revanche, ébranla les pays voisins : les Présidents du Ghana, du Mali et de la Côte-Ivoire lui ont rendu un hommage pour ses actes politiques ; mais au Nicaragua et à Cuba des message de deuil ont été consacrés à la mort de Thomas Sankara.
Ainsi se termina la vie de celui qu’on surnommé : ’’Le Che Guevara Africain’’.
Liste des Présidents de Haute-Volta puis du Burkina-Faso :
Maurice Yaméogo (1921-1993), Président du 11/12/1959 au 3/01/1966
Sangoulé Lamizana (1916-2005), Président du 3/01/1966 au 25/11/1982, arrivé par un Coup d’État.
Saye Zerbo (1932-2013), Président du 25/11/1980 au 7/11/1982
Jean-Baptiste Ouédraogo ( né en 1942) Président du Comité Militaire de redressement pour le
Progrès National (CMRPN), du 7/11/1982 au 4/8/1983), arrivé par un Coup d’État.
Thomas Sankara (1949-1987), Président du Conseil National de la Révolution du 4/8/1983 au 15/10/1984, arrivé par un coup d’État.
Blaise Compaoré (né en 1951), Président du Front Populaire du 15/10/1987 au 24/12/1991, arrivé par Un Coup d’État, puis Président du Burkina-Faso du 24/12/1991 au 31/12/2014, contrait de démissionner par un soulèvement populaire.
Isaac Zida (né en 1965), Chef f’Etat par Intérim du 1/11/ au 21/1/2014
Michel Kafanko (né en 1942), Président du 21/11/2014 au 29/12/2015 ; son mandat a été interrompu par un Coup d’État, organisé par le GénéralGilbert Diendéré. Chérif Sy, Président du Conseil National de Transition, assure l’intérim. Le Putsch ayant échoué, Michel Kafango reprend ses fonction le 23/9/215.
Rock Marc Christian Kaboré (né en 1957, Président élu depuis le 29/11/2015.
Sources :
L’Afrique de Thomas Sankara, de Carlo Batà, 2011
Les fondements historiques, économiques et politique Africaine de la France, Guy Martin, 1985
La presses internationales et mes propres recherches.
Nîmes le jeudi 21 mars 2019,
Cazorla Denis.
Tags : Burkina Faso, Haute Volta, Thomas Sankara, Blaise Compaoré,
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