Depuis la mort de Hassan II en Juillet 1999, son fils Mohammed VI est devenu en 2020 un des monarques les plus riches du monde, mais cette fortune insolente fait face à une population marocaine qui souffre à cause des profondes inégalités sociales qui prévalent au Maroc, et dont les individus restent soumis à une violente répression politique et policière.
Mohammed VI, Roi du Maroc
En effet, avec 8,2 milliards de dollars, le monarque chérifien de 56 ans occupe le 9ème rang du classement établi par le média anglais Love Money en Mars 2020.
Une richesse qui assure à la famille royale un train de vie indécent aux yeux de la population, comme le démontrent les dépenses de fonctionnement du Palais Royal en 2020, évaluées à plus de 230 Millions d’Euros ce qui représente deux fois plus que celles de l’Elysée qui se sont établies pour la même année à 105,316 Millions de dollars !
Et quitte à comparer notons que le Produit Intérieur Brut marocain a été évalué en 2019 à 122 Milliard d’€, 22 fois moindre que celui de la France qui dépasse les 2700 Milliards d’€ !
C’est dire l’incongruité de tels frais, que personne ne peut expliquer et qui pourraient pourtant servir à combler la fracture sociale et la misère dans laquelle survit plus de 10 millions de marocains.
Beaucoup en effet se demandent à quoi servent la vingtaine de palais, ces milliers d’hectares de terres agricoles pour la plupart confisquées par Hassan II, le Yacht à 90 millions de dollars, la montre d’1,2 millions de dollars ou encore les 5 millions d’euros pour une semaine de vacances que le monarque marocain a passé avec sa famille dans les îles helléniques…
Un étalement de richesse qui n’est plus défendu aujourd’hui que par les quelques courtisans d’un Roi dont l’avidité pour le luxe n’est plus un secret et n’apporte rien pour la population du Royaume chérifien. Et c’est ainsi que le Maroc enregistre un piètre indice de développement humain, qui classe le pays dans le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à la peu reluisante 121ème place sur 189 pays…
La richesse du Roi du Maroc, qui perçoit tout de même un salaire dépassant les 40.000 Euros mensuels, provient en grande partie des investissements qu’il a entrepris à travers le Holding Al Mada, anciennement Société Nationale d’Investissement (SNI), qui s’est accaparé de plusieurs secteurs porteurs (Banque, Assurance, télécommunications, métallurgie, immobilier, mines, énergies renouvelables, distribution…) aussi bien au Maroc mais également à l’étranger.
Le Holding Al Mada est chapeauté par deux autres holdings appartenant également à la famille royale: la Siger et la Ergis comme vous pouvez le voir ci-après.
De même, chacun des frères et sœurs de Mohammed VI dispose de son propre holding d’investissement : Providence holding pour le prince Moulay Rachid, et Unihold, Yano Participation et Star Finance pour, respectivement, les princesses Lalla Meryem, Lalla Asma et Lalla Hasna et qui leur assure plusieurs millions d’Euros de revenus chaque année…
Cette fulgurante réussite de la famille Royale dans les affaires, le Makhzen la doit à Mounir El Majidi.
Mounir Majidi, né le 19 Janvier 1965 à Rabat, a présidé dans l’ombre pendant dix ans l’association qui gère le fameux festival Mawazine de Rabat, avant d’en transmettre la gestion à Abdeslam Ahizoune, un autre adulateur du palais, l’ex ministre des Postes et des Télécommunications, des Télécommunications, et actuel président de Maroc Telecom…
Mounir Majidi, cité dans le scandale des Panama Papers, est l’homme de confiance de Mohamed VI. Il est son Secrétaire Particulier depuis 2000 et depuis 2020 Président de la Siger, le principal actionnaire de la holding royale de contrôle et la Société Nationale d’Investissement (SNI), qui avait absorbé l’Omnium Nord Africaine (ONA), devenue en 2018 le holding royal Al Mada .
C’est Majidi qui a fait d’Al Mada la plus grande holding privée du Maroc et le fer de lance des réformes économiques du Pays.
Hassan Ouriaghli, un ami de Mounir Majidi a été désigné en 2014 Directeur de Al Mada, celui-ci avait été Président du Directoire de l’Entreprise Optorg, filiale d’El Mada à Paris, et dont l’objet social est la distribution spécialisée incluant l’équipement industriel et la distribution automobile en Afrique. Le roi est également concessionnaire automobile…
Enfin, notons que c’est Majidi qui est le principal artisan de la politique d’investissement dans les pays du Sahel et à l’échelle du continent africain. C’est lui qui a poussé d’Attijariwafa Bank, pour devenir le premier réseau bancaire en Afrique, avec 4 930 agences et plus d’un milliard de dollars investis sur le continent depuis 2010. Et elle est majoritairement détenue par le fonds Royal Al Mada…
C’est par elle que le Roi du Maroc a promis ”d’aider” les africains à se développer et a exigé en novembre 2019, de Mohamed El Kettani, PDG de la banque Attijariwafabank de signer un mémorandum d’entente avec le fonds africain African Guarantee Fund dans le but d’encourager le financement des PME africaines… Des investissements qui tardent à se concrétiser avec la crise financière nous dit-on !
Mais la réussite dans les affaires de la famille royale et d’une caste réduite de nantis proches du Makhzen, n’a pu étouffer les scandales et autres facettes peu reluisantes du trône, que Rabat a toujours essayé d’étouffer. En vain…
En effet, le site d’investigation marocain Ledesk avait enquêté et publié plusieurs articles sur des sociétés off-shore impliquant le roi Mohammed VI, telle la SMCD Ltd, enregistrée aux îles Vierges et gérée par Mounir Majidi et dont l’ayant droit économique est le roi Mohammed VI. Cette société a été citée comme actionnaire d’une autre société, Alliances Développement Immobilier (ADI), cotée à la Bourse de Casablanca…
Cela démontre que l’argent du royaume est transféré à l’étranger pour échapper au fisc, déposé dans des paradis fiscaux, puis à nouveau blanchi au Maroc par celui qu’on avait désigné un temps le Roi des pauvres… Mais ce qualificatif n’a pas tenu longtemps.
En 2015, de nouvelles révélations faisant part de comptes bancaires ouverts le 11 octobre 2006 à la HSBC Private Bank en suisse, codétenus avec son secrétaire particulier, Mounir El-Majidi avaient choqué l’opinion publique au Maroc. Il faut dire qu’il y a de quoi, entre le dernier trimestre 2006 et le 31 mars 2007, le solde maximal de ce compte s’établissait à 7,9 millions d’euros, alors qu’en même temps les Marocains résidant au Maroc, étaient interdits de détenir un compte bancaire à l’étranger…
Et ces révélations font très mal à la famille Royale tant elles informent l’opinion publique marocaine du décalage entre le faste de la dynastie Alaouite et de ses protégés, contrastant avec les conditions sociales et économiques d’un peuple dont le quotidien ne cesse de dégrader comme l’a précisé le dernier rapport de la Banque Mondiale…
Pour faire face au déferlement d’informations sur l’affairisme inquiétant de la famille royale par une presse libre et indépendante, le Makhzen a, comme à son d’habitude, recours aux seules méthodes qu’il connait et qu’il affectionne particulièrement pour faire taire toute contestation démocratique : le harcèlement judiciaire, la désinformation, la manipulation et le chantage. Un véritable programme !
En 2012, le journal le Monde avait publié une affaire de corruption concernant équipementier aéronautique américain Baysis impliquant Majidi. Ahmed Benchemsi, chercheur à l’université Stanford (Etats-Unis) et ex-directeur du magazine marocain “TelQuel” était l’auteur de cet excellent article. Il y affirmait que ”M. Majidi, également le premier annonceur publicitaire du pays, a démontré sa capacité à boycotter des journaux jusqu’à les acculer à la faillite.’’
En effet, est à la tête d’une belle affaire d’affichage public et qui jouit de toutes les facilités dans plusieurs municipalités marocaines…
Les propos de Benchemsi sont confirmés par le chercheur et professeure en relations internationales Jesùs Garcia Luengos et Laurence Thieux, dans leur rapport sur les Médias en ligne au Maroc :
”La presse en ligne a gardé une partie des défauts de la presse écrite dans la mesure où une partie d’entre elle s’aligne sur les partis politiques et alimente la polarisation de la scène politique entre le PJD et le PAM. Ces deux partis ont beaucoup investi dans les nouvelles technologies de l’information (NTI) pour élargir leurs bases d’influence. Ces deux partis politiques ont leur propre réseau médiatique qu’ils contrôlent directement ou indirectement. Selon certains experts, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) créé par Fouad Ali Himma, conseiller du Roi et ami d’enfance, a influencé plusieurs médias de façon décisive avec des apports économiques conséquents et dont ils sont devenus dépendants pour assurer leur viabilité financière.’’
Pour info, Fouad Ali El Himma est le camarade de classe du Roi Mohammed VI, et également camarade d’enfance de Mounir Majidi qui le cotôyait lorsque Majidi avait été ”adopté” par la princesse Lalla Nezha, sœur de Hassan II, pour tenir compagnie à son fils Naoufel Osmani.
Le gouvernement marocain totalement soumis au Makhzen, à en perdre toute crédibilité populaire, use de tout son pouvoir et de utilise tous les subterfuges pour tenter de protéger le Trône et faire oublier le train de vie fastueux du Roi et de sa cour dans l’esprit d’une tradition ancestrale et archaïque, alors que des millions de citoyens marocains vivent, eux, sous le seuil de pauvreté.
C’est cette situation qu’avait dénoncé le Hirak marocain, symbolisé en la personne de Nasser Zefzafi, ce natif d’El Hoceima dans le Rif, torturé et jeté en prison pour 20 ans, alors qu’il ne réclamait que l’amélioration de la situation socio-économique de ses concitoyens.
Pour contrer les incessantes revendications d’un peuple meurtri dont ne se fait écho qu’une presse étrangère, le pouvoir marocain a recours à une presse locale aux ordres, flatteuse et obséquieuse telle un baise-main royal, souvent fabriquée par la police politique zélée du Royaume chérifien.
En exemple les chaines de TV Medi 1 ou 2M, ainsi que le portail en langues arabe et française le360.ma. Ce média appartient à la société Edit Holding, une société détenue par Mme Aïcha Bouayad-Amor, ex-directrice de la communication de la banque Société Générale au Maroc, et au Galeriste et critique d’art, Aziz Daki, notoirement très proche de Mounir Majidi qui l’a recruté comme directeur artistique et porte-parole du Festival Mawazine, alors qu’il avait entamé sa carrière professionnelle comme simple journaliste au quotidien Aujourd’hui le Maroc, au sein duquel il a travaillé pendant quatre ans. Un journaliste qui n’a jamais fait autre chose que maquiller la vérité à ses concitoyens…
C’et ainsi que fonctionne le Maroc, un pays de castes et d’intouchables que dédommage une famille royale en fonction des mensonges qu’ils véhiculent, sur la sahara occidental, sur le puissant voisin algérien ou même sur les démocrates qui aspirent à de meilleurs jours…
Ce système de prédation fait de pressions, d’intrigues courtisanes et de corruption n’est au final avantageux que pour la seule couronne. Il ne tient debout que par sa capacité à réprimer les populations et éviter une révolte contre un royaume entièrement tourné vers le seul développement de la fortune royale au détriment de tout un peuple…
Quel Dommage !
Bachir Outaghani
Algérie Part, 25 avr 2020
Tags : Maroc, Mohammed VI, fortune, luxe, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi, Al Mada, SNI,
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