Algérie : Il était une fois le 17 octobre 1961

Le 17 octobre 1961, 49 ans de silence sur l’impunité du dernier crime coloniale
Encore un épisode regrettable inscrit au front de la France officielle. Indélébile, tatoué d’une encre permanente, éternelle tant qu’elle persiste à l’ignorer comme elle continue à ignorer toutes les exactions commises depuis des lustres. La Seine en témoigne. Les rues et ruelles de Paris en parlent toutes les nuits. Les jours, les spectres maléfiques s’effacent comme des vampires craignant la lumière. La vérité est l’éclat qui aveugle l’obscurantisme. La France est victime du coté sombre de son histoire. Paradoxes intemporelles ou gloires et déboires qui la nanisent face à la nostalgique grandeur de cette nation des droits de l’homme. Serait-elle en phase de perdre ses vraies valeurs et ses idéaux au point de refuser de faire son mea culpa. Reconnaître ses crimes s’est se repentir et s’en excuser c’est grandir. Notre religion nous exige de pardonner à ceux qui s’excusent et non à ceux qui s’entêtent à reconduire l’erreur et persistent à cacher la vérité.
Le 17 octobre 1961, faute d’être une date mémorable, elle attire aujourd’hui regrettablement plus de guêpes que d’abeilles. La loi de la jungle continue d’instaurer ses mœurs enrobées d’amnésies généralisées et, comme leitmotiv, elle préside au rappel. Juste pour le rappel !, même s’il constitue un bien fait pour les croyants. Cependant, à y bien méditer sur le sort de ceux précipités injustement vers les bords de la Seine, noyés, incarcérés et torturés, par une horde sauvage déchainée, il y a lieu de s’indigner devant le mutisme ambiant et, pire encore, face au verbiage infécond, plus dangereux que l’insolence d’un ignorant. Des espaces sont envahis pour célébrer cette date. Elle est commémorée sur des tribunes envahies par les épigones d’une société civile désabusée, en mal de notoriété politique. Juste pour se refaire une virginité sur le dos des victimes. Arrêtant ce second massacre. Celui de Papon et ses sbires suffit pour être déjà une plaie saillante qui témoigne de la déchéance d’un Etat incapable de restituer le droit des concitoyens victimes de la barbarie. D’intenter ne serait-ce qu’un procès posthume contre les criminels qui ont enfreint toutes les règles des droits de l’homme en massacrant à leur guise des citoyens franco-musulmans. C’est ce suffixe qui les dérangeait. Cette arabité, cet islam et cette amazighité qu’il ne cesse de manipuler pour envenimer l’atmosphère d’une nation indépendante. Sans pour autant ignorer l’appel du peuple au droit à son autodétermination et à sa liberté.
Le 17 octobre conclu en réalité la série macabre des massacres coloniaux perpétrés contre des populations civiles désarmées depuis l’invasion des territoires algériens. Des enfumages aux razzias, de l’éventrement des femmes et aux tueries des enfants, des massacres massifs aux exterminations des tribus, du génocide de mai aux déportés de la Nouvelle-Calédonie, des guillotinés aux veuves et orphelins de novembre, sans pour autant occulter les spoliations des biens, l’expropriation des terres, le vol des trésors de la Casbah et de Tlemcen, la destruction des monuments, le déracinement, l’acculturation et l’ethnocide absout par l’étendard du positivisme coloniale, la religion des missionnaires, celle des moines de Tibhirine et des bienfaiteurs de la Kabylie et des monts de chenoua. 
Le réveil occasionnel…
En berne toute l’année des voix s’élèvent occasionnellement pour exhiber leurs chétifs bicéphales tentant de remémorer ou commémorer à la manière locale une date qui reste dans les annales de l’histoire franco-algérienne une honte inscrite à l’encre indélébile. Un crime contre l’humanité qui clôture en faite le chapelet macabre des exactions commises tous le long de la tragique nuit colonial. Mais cette fois-ci les événements se sont transposés sur le sol français. L’intelligentsia algérienne, pour la plus part absente, ne trouve en fait aucune démarche probante à cette réverbération désolante et répétitive sur un sujet qui mérite plus d’engagement et de conviction. Même les « politiques », et en particulier les apprentis sorciers, excellant dans l’art de la reculade à main levée et à la révérence majestueusement exécutée à leur dame « la doulce France ». Ils n’hésitent nullement à se dressant en objecteurs de conscience, s’ils ont en une, pour la ménager tout en essayant ardemment de lui miroiter leur docilité et leur adhésion aux principes imposés et déjà annoncés par la président de la république français, Nicolas Sarkozy, lors de son passage en Algérie. Tourner la page et regarder vers l’avenir. Lui qui se déclare incompétent quant conduite de ses aïeux, alors qu’il a été un des artisans de la loi du 23 février 2005. Les notre, affaiblis par leur instinct de conservation, s’évertuent à chercher des subterfuges et coller faussement au concept cher au défunt Houari Boumediene : « Tournant la page et ne la déchirons pas ». Une trouvaille instrumentalisée à des fins indignes. Trouvez mieux, messieurs les repentis, pour nous convaincre de vos fausses manouvres. La jeunesse algérienne est attentive à vos sarcasmes. Elle n’a nullement l’intention de céder un neurone de sa mémoire, un iota de ses revendications pour faire fléchir la France coloniale. Car, il ne s’agit pas de faire la démonstration du réel ou du vari ou faux virtuel. On a beau raconter inlassablement les événements. Corriger peut-être, certains détails nécessaires. L’essentiel est de confirmer et affirmer le crime, aboutir à son jugement et châtier les criminels quelques soit leurs statuts. Les bourreaux ont déjà fait le boulot et ils en sont fiers. Ils l’ont à mantes reprises déclaré au vu et au su de tous. Qui ignore aujourd’hui que Mitterrand a été un des donneurs d’ordre. Qui des généraux auxquels on a accordé des stèles, des monuments et des honneurs, se déclare n’avoir exécuté que les ordres et obéir en gentilshommes désabusés ses supérieurs. 
Dans les faits…
Fort d’une population de 135 000 adhérents sur un total de 300 000 résidents en France, soit un taux de 45 %, le FLN pouvait compter sur l’apport conséquent de cette masse pour porter la guerre sur le territoire français. C’est au cœur de l’Europe où la revendication algérienne avait déjà gagné l’écho international, que tout dérapage français ne pouvait que nuire à sa réputation. Il fallait une démonstration de choc à la mesure de la répression permanente dont il était victime sur l’ensemble du territoire coloniale. D’autant plus qu’affaibli dans les maquis algériens suite aux opérations jumelles, le FLN devait consolider sa position à un moment ou les pourparlers s’engager dans une impasse. La question de la souveraineté sur le Sahara, qui constituait le frein momentané à toutes formes de rapprochement pacifique, étant tranchée, le FLN répondra favorablement à la reprise des négociations.
Bien structurée, notamment à Paris avec plus de 90 000 adhérents, la Fédération de France qui avait servi un moment comme la principale trésorerie de la cause, devait, selon l’esprit des dirigeants, apporter son soutien pratique à la guerre d’indépendance. Une contribution qui s’est soldée par un massacre collectif commis par la France coloniale et un bilan d’affrontement regrettable entre les frères ennemis (FLN-MNA). Car, il est utile de rappeler que le FLN faisait à ce moment précis face à un double front. Ce qui ne pouvait être qu’a l’avantage de l’armée coloniale qui souffler ardemment sur la braise pour capoter les engagements politiques de part et d’autre. Neuf mois séparaient ces crimes des suffrages en faveur de l’indépendance. Quant à l’entrée de Papon en scène des opérations, elles les précédaient de presque quatre ans. Préfet bigame, il avait été sélectionné en 1958 par ses supérieurs pour son savoir faire dans l’art de la répression, ayant pour principale mission de nettoyer Paris de ses perturbateurs. Etant un potentat du pouvoir, on lui colla la sale besogne et on en fera un parfait bouc émissaire pour s’amender à leur tour de toutes formes d’accusations criminelles. Le FLN multipliait ses actions contre la police, incendiant les raffineries de Marseille et la banque, la riposte ne devait être que plus féroce. Des restrictions sont imposées à la population musulmane. Un couvre feu sélectif paralysait les actions nocturnes et guerrières du FLN. Le 17 octobre sera ainsi le théâtre de cette tension exacerbée. On voulant briser l’embargo, imprudemment le FLN mettre dans la gueule du loup ces militants en particulier les civiles. Ouvriers, femmes et enfants, manifestant certes pacifiquement, subirent le même sort que leurs frères de 1945. Un autre crime contre l’humanité venait enrichir le tableau positif de la colonisation.
De l’affaire au procès Papon…
Au passé pétainiste et pour des raisons purement électoralistes Mitterrand n’hésita à aucun moment s’allier les juifs. Soutenu par le canard enchainé, il ouvrît le bal et déclencha vers 1981 une affaire dite Papon. Ce dernier avait également servi sous le régime de Vichy jusqu’en 1942. Responsable des déportations, il devient ainsi objet de marchandage pour gagner les cœurs et les voix de la communauté juives en France qui comptait 1% d’électeurs. Sans rentrer dans les détails, l’affaire Papon dénudait en fait les scandales de l’Etat français dans toute sa grandeur depuis la deuxième guerre mondiale. Il mettait en lumière les malveillances des hommes du pouvoir, qui agissaient à l’encontre des principes fondateurs de la commune. Une attitude qui persiste jusqu’à l’heure. François Mitterrand, Valérie Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, trois concurrents au poste de Président de la république, dans les années 80/90, se disputaient le personnage principal. Ce scandale politique entrouvrira les multiples dérapages relatifs aux injustices commises contre les communautés qualifiées autrefois d’indigènes. Il servira à noyer le poisson dans l’eau. D’une affaire préfabriquée les vérités feront progressivement surface. Il reviendra à l’honneur de Jacques Chirac d’avoir exceller dans la démesure. L’affaire Papon deviendra le Procès. Des déportations de juifs aux massacres du 17 octobre 1961, en passant par d’autres scandales aussi terrifiants que désolants. La persévérance et la capacité de nuisance du peuple juif feront en sorte que Papon sera jugé et condamné à 10 ans de prison ferme. En fuite, il refusa de reconnaitre la justice française pour sa tendance politique. Il sera capturé par la police suisse en 1999, Interné à la santé, il se considéra prisonnier politique jusqu’à sa mort. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux évènements dés les premières années des massacres. Elles seront enrichies par d’autres textes relatifs aux procès intentés contre ce tortionnaire, traitant notamment des questions relatives à la responsabilité directe de l’Etat français. 
En Algérie…c’est l’amnésie totale
En Algérie rien ne semble faire la différence depuis l’indépendance. Silence et inertie totale sur tous les fronts. Les ardeurs se réveillent occasionnellement pour marquer l’événement comme si par un instinct presque naturel nous sommes prédisposés à accepter notre sort d’indigène. Un diagnostic psychopathologique s’impose pour tirer au clair l’état de santé mentale de l’algérien type. Et en particulier, les recalés des classes pour regagner la classe politique et des pseudo-intellectuelles. Les événements du 17 octobre ont été mille fois narrés. Du moins, il semblerait selon certains analystes de salons qu’une certaine prise de conscience a bourgeonné dés les années quatre vingt. Depuis, nous avons eu droit, chaque année commémorative, aux mêmes configurations. Figures et témoins incontournables, les mêmes scènes autour de la seine, un timing à point à la télévision algérienne, des sonorités radiophonique en chaine, reliant depuis peu les locales. Seule la presse écrite a le mérite, de nous livrer souvent des analyses probantes. Des contributions inédites œuvres d’auteurs méconnues. Sommes-nous arrivés par tout ce tintamarre inutile injustement. Surement pas. Nous sommes encore pétrifié à méditer sur le bienfondé de notre cause. Certains ont déjà tranché, ils s’autorisent même le droit de décider à la place du peuple. La dernière sortie du RND qui n’est surement pas une surprise en témoigne. Son secrétaire général, en chef d’orchestre chevronné, a déjà composé le refrain. Quand on n’a pas de suite dans les idées vaut mieux se taire et laisser place à ceux qui disposent de capacité de synthèse. La France doit reconnaitre ses crimes et s’en absoudre. Comme, elle doit s’en excuser pour avoir elle-même demandé à l’Allemagne de le faire pour si peu. La proportion est taille, 132 ans pour 5, la sentence n’en sera que plus lourde. On ne peut être plus royaliste que le Roi. Si les français, du moins les officiels, accordent leur violent avant de se prononcer sur des sujets aussi sensibles que la mémoire, pour la simple raison que l’électorat est à cheval sur le moindre détail, veillant scrupuleusement sur les exploits comme sur les erreurs de chaque formation dans la perspective d’améliorer les conditions de coexistence communautaire d’une nation et la préservation de sa notoriété et sa mémoire. Les notre pensent que les jeux sont fait. Grâce à l’administration, ils peuvent s’assurer une pérennité dorée en espérant ne plus avoir besoin d’électeurs. Les fausses ambitions sont illusoires et l’avenir nous donnera raison…
La presse a été éloquente cette semaine. Le maire de paris s’est prononcé sur le crime. Il le dénonce et considère que : « les massacres du 17 octobre sont un acte de barbarie et que l’Etat français doit reconnaitre ». Voici un homme qui bouscule la demeure et chamboule le décor et l’ambiance intérieure. Du coté de chez nous, un mutisme total, une peur bleu, un recul tragique. Hors du temps et des stratégies gagnantes, ils se bousculent devant le portillon pour offrir les meilleures garanties à l’ex-colonisateur pour lui permettre de nous livrer ses ordures technico-économiques. Cela s’appel le dégel des relations bilatérales. Cependant, si de ce coté on tente de dégeler, la France profite des circonstances pour installer ses nouvelles mines anti-personnelles. Elle floue le traitement de la question du sahel et s’entête à nous imposer son projet de l’UPM. Elle glorifie le colonialisme en inaugurant la fondation relative à « l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie et les batailles de la Tunisie et du Maroc », sans gène, ni complexe ou entrave et encore moins d’égard à la sensibilité bilatérale, ni à la diplomatie moderne. Elle persiste dans son obstination à refuser même de reconnaitre les faits. C’est ce que nous méritons peut-être ?
Il y a eu crime contre l’humanité et puis
On peut s’évertuer d’avoir porté la guerre sur le territoire français. Un acte de bravoure, même s’il comporte ses imperfections et ses dérapages, qui ont couté la vie à de nombreux innocents, (seule l’histoire nous éclairera un jour à ce sujet), a été possible au temps où il y avait hommes et des vrais. Abnégation, sacrifice et nationalisme pure et dur pour l’honneur de la partie. La dégringolade visiblement regrettable sur les valeurs d’antan, nécessaires pourtant en ces temps de réconciliation, nous entraine vers un avenir incertain. La rente, la corruption, les passes-doits, la ségrégation régionaliste, la centralisation à outrance, les lapidations des biens de la communauté chèrement acquis et bien d’autres nouvelles mœurs qui s’imposent actuellement comme valeurs d’échanges et mode de production nous font craindre le pire.
Sommes-nous comptable de cette régression béante qu’affichent nos apprentis boulitique sur la scène nationale ? Ils se donnent des airs de spécialistes en historiographie. Et pire encore, à peine élus sur des sièges éjectables, ils se donnent le droit de décider à la place du peuple des suites à donner quant à la qualité de nos relations avec la France. Il faudrait du moins dévoiler ses références pour s’autoriser un tel statut. Etre algérien, c’est avant tous être un bon musulman et défendre les principes fondamentaux de notre religion. A défaut, avoir un esprit démocratique, épris de respect à autrui est salutaire. Car, il ne faut pas oublier que nous vivons en communauté.
Un lourd contentieux nous impose la promiscuité, bon gré malgré nous avec la France. Sans aucun esprit revanchard ni chauvin, on distingue le bon grain de l’ivraie. Cependant, des crimes ont été commis. Des crimes contre l’humanité, selon le concept propre et cher à la France (). Celui du 17 a été reconnu par tous. Il doit être jugeait et les criminels condamnés. D’autant plus que nulle entrave ne nous empêche d’intenter un vrai procès. L’expérience de la Fondation est méritoire et enrichissante, mais elle ne suffit pas pour faire justice. Le crime n’est pas amnistié, il est imprescriptible. Aujourd’hui nous sommes face à un double affront. Le refus de la France de reconnaitre ses crimes, une justice raciste et sélective, une attitude déloyale positivant le colonialisme. Et une totale inertie, recule et mystère et boules de gomme de la part de notre junte politique. Dieu en est témoin et l’histoire jugera les actes de chacun.
« Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. »(). A méditer….
M.Boukherissa Kheiredine
Président de la Fondation du 8 mai 45 

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