Dans le cadre des bonnes nouvelles de cette semaine, crise Covid oblige, nous avons eu droit à une princesse en plus et à un nouveau gouvernement. En ce qui concerne le dernier : parité hommes-femmes ; une ministre transgenre ; rajeunissement de l’équipe : les vieux crocodiles sont remplacés par les jeunes loups , c’est l’heure des fils de De Croo et de Michel à reprendre les rênes du pouvoir ; trois ministres issus de l’immigration…. Bref, plus de femmes, plus de diversité, plus d’espoir. C’est ainsi qu’on nous a présenté le nouveau gouvernement de la Belgique.
Mais jetons un œil derrière le décor. Et constatons comment tout ce grand changement peut se faire sans problèmes. Tant qu’on ne touche pas au système d’exploitation et d’oppression qu’est le capitalisme. Tant qu’on continue sur la ligne tracée par les gouvernements précédents.
Ainsi, au niveau de la police, des prisons et de la justice, les nouveaux ministres recevront la somme dont Koen Geens n’a pu que rêver : 1 milliard d’euros ! Oubliez donc les larmes versées, les mises à genoux pour Georges Floyd le point levé, l’indignation pour Mawda, le minute de silence pour Chovanec. On continue.
Voici ce qu’on peut lire dans la presse sur le nouvel accord gouvernemental.
200 millions d’euros pour la police. 250 millions pour les prisons et les bâtiments de la justice. 500 millions pour la modernisation de la justice. Toutes les peines prononcées devront être exécutées. Plus de capacité pour les prisons et les centres psychiatriques. Les détenus, condamnés à une peine de plus de cinq ans, qui n’ont pas la nationalité belge seront expulsés pour exécuter leur peine de prison dans leur pays d’origine. Toute peine de prison sera signalée au service des étrangers pour “vérifier le statut administratif du détenu”. La modernisation de la police est un fer de lance. Chaque année 1600 nouveaux agents de police seront engagés, soit 200 en plus que l’objectif actuel. « En réponse aux discussions récentes sur la violence policière et la violence contre la police la politique de tolérance zéro sera d’application ». « En réaction aux incidents à la côte (!) ; la possibilité d’ordonner une interdiction d’accès locale sera élargie ». « Une procédure accélérée est incluse pour garantir que les émeutiers et les petits délinquants soient punis rapidement. Ce groupe doit maintenant souvent attendre longtemps pour recevoir une sanction ». Et le nouveau ministre de l’immigration a déjà déclaré à l’émission Terzake, je cite, qu’il continuera la politique de Francken et De Block, mais qu’il communiquera mieux et plus humainement !
Définancer la police !
Nos nouveaux gouvernants n’ont pas entendu l’appel de ceux et de celles qui ne peuvent plus respirer. Ni entendu le message pour un dé-financement de la police, envoyé par plusieurs villes aux Etats-Unis au monde entier.
Voici quelques extraits de mon livre : « Le meurtre de Georges Floyd, la pandémie de violences policières et son traitement révolutionnaire ».
« Le 7 juin 2020, la majorité du conseil communal de la ville où Georges Floyd a perdu la vie, prend le contre-pied de toutes les demandes de réforme. Elle fait une déclaration qui résonne comme un coup de tonnerre, perçu jusque sur le continent européen et au-delà. Ce jour-là, le conseil communal de Minneapolis annonce son engagement à dissoudre la police de la ville. Sa présidente, Lisa Bender, déclare : « Nous vous entendons. Nous sommes ici aujourd’hui parce que George Floyd a été tué par la police de Minneapolis. Nous sommes ici parce qu’ici, à Minneapolis et dans les villes des Etats-Unis, il est devenu clair que notre système actuel de police et de sécurité publique ne protège pas nos communautés. Nos efforts pour réformer progressivement la police ont échoué. Point final. Nous nous engageons à tout faire pour assurer la sécurité de chaque membre de notre communauté. La police ne le fait pas. Nous nous engageons à mettre fin à la relation toxique de notre ville avec la police de Minneapolis, de mettre fin aux services de police tels que nous les connaissons aujourd’hui et de recréer des systèmes publics qui assurent notre sécurité »…
« Plusieurs villes qui ont connu des violences policières décident de suivre la voie de « defund the police » (définancer la police), exigée par les manifestants antiracistes.
Dans un article du professeur en sociologie de Maryland, Rashawn Ray, sous le titre « What does ‘defund the police’ mean and does it have merit? », on apprend que la ville de Los Angeles va réaffecter au moins 100 millions de dollars destinés à sa police (LAPD) aux programmes destinés aux minorités. Le conseil municipal de Baltimore a voté la réaffectation de 22 millions de dollars du budget 2021 prévu pour sa police. Le conseil municipal y prévoit sa réorientation vers des centres de loisirs, des centres de traumatologie et des organismes pour des subventions sous forme de prêts pour des entreprises appartenant à des Noirs. Dans l’état de Maryland, le comté de Prince George décide de retirer les 20 millions de dollars prévus pour la création d’un nouveau centre de formation de la police et de retirer la police des écoles. La déclaration du 7 juin 2020 de Minneapolis est historique. Quoi qu’il arrive, même si l’engagement ne devait qu’être partiellement tenu, elle a ouvert définitivement la voie vers un nouvel horizon. Cette déclaration est le résultat tangible des mouvements dirigés par la population noire et ses représentants, déclenchés après la mort de Georges Floyd et tant d’autres cas. Elle est la réponse à l’expérience vécue par la population depuis des décennies. Elle est aussi le résultat du travail des militants et des activistes abolitionnistes, anticarcéraux et révolutionnaires noirs et blancs depuis autant d’années. C’est un moment de rencontre entre l’ancienne et la nouvelle génération d’activistes. Comme disait Angela Davis dans une interview à Vanityfair : « Les manifestations ont offert aux gens l’occasion de se joindre à une demande collective pour un changement radical et profond. Définancer la police. Abolir la police telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ce sont les mêmes arguments que nous avançons depuis si longtemps au sujet du système pénitentiaire et du système de la justice pénale dans son ensemble. C’est comme si toutes ces décennies de travail réalisé par tant de gens, qui ne jouissaient d’aucune reconnaissance, se concrétisent aujourd’hui ».
Pour toute commande du livre merci de verser 13 euros (frais d’envoi inclus) sur le numéro de compte de Antidote : IBAN : BE20 0004 2359 4956 BIC: BPOTBEB1XXX . P.S. important ! Merci de mentionner ‘Georges Floyd’ et votre adresse postale pour l’envoi de votre commande.
Tags : Belgique, Vivaldi, gouvernement fédéral,