par Belkacem Ahcene Djaballah
Il y a quelque chose d’étonnant dans ce (nouveau) comportement de nos concitoyens: leur manière d’accueillir leurs frères ou amis proches et même lointains à la sortie de prison.
En général, et en principe, ceci dit dans le cadre d’une application juste de la loi, ce dont personne ne doute, la prison signifie la sanction pour une faute -prouvée- très grave commise sur des biens ou des personnes ou un irrespect très grave des lois et règlements. Bien sûr, il y a des erreurs judiciaires et des détentions dites «arbitraires» – si, si, elles existent, ici et ailleurs, hier et pas mal aujourd’hui encore, si l’on en croit les comptes-rendus de presse et les déclarations de certains avocats – Mais, passons !
Nous ne parlons pas ici de détenus ayant commis des délits légers, des détenus ayant purgé leur peine et payé leur dette à la société, des détenus finalement acquittés qui, en général, sont accueillis, par les proches – en général la maman, comme toujours «sur le front» – en larmes de joie celles des retrouvailles. Nous ne parlons pas ici des détenus politiques ou des emprisonnés pour «délits d’opinion» délits qui sont beaucoup plus des actes de courage (ou de «folie») ou d’expression citoyenne ou de défi civique beaucoup plus à saluer qu’à condamner tout particulièrement lorsqu’il n’y a eu aucun (ou si peu) de «dérapages» ou de dégâts. A mon avis !
Il s’agit, ici, des emprisonnés connus et reconnus pour leurs agissements anti sociaux comme la corruption, le vol, le chantage, le faux et usage de faux, le détournement, la menace et l’agression verbale et physique, le harcèlement moral et sexuel. Ceci dit pour les délits les plus courants, car la liste est grande et seule la «tolérance 100» les cache encore. Donc, aujourd’hui, des délits si connus et reconnus que les pages des journaux sont pleines des «exploits» de nos «criminels». Certains sont même «célèbres» ou le deviennent. Ainsi, on a vu, tout dernièrement, un personnage, affairiste politicien «au-dessous» de tous les soupçons, accueilli, par toute une foule, comme un «héros», à sa sortie de prison après y avoir séjourné durant un petit bout de temps.
Ce n’était nullement des cris et des effusions de joie (gestes-barrières où êtes-vous ?), ceux des retrouvailles après une si courte absence, mais bien plutôt une sorte de cris de victoire. Sur qui ? Contre quoi ? Et surtout pourquoi ? That is the question !
Pour le «comment on en est arrivé là ?», n’allez pas très loin. A mon avis, cela a commencé d’abord avec la politique de «réconciliation nationale» et d’amnistie par le régime Bouteflika, alors à la recherche d’un «Prix Nobel de la Paix», au bénéfice du Parrain, des crimes commis durant la décennie rouge. Le Grand Pardon ! bien exploité, par la suite, par les «jeux» politiciens de la «truanderie» et des «beznassia», tout particulièrement lors d’enjeux politiques, sportifs, associatifs. On est même arrivé à en faire accroire que la prison c’est une autre (bonne) «école de la vie». D’ailleurs, si on ne peut pas y décrocher son bac, avec une moyenne respectable, on en sortira plus grandi que perdant ! Pour les «grands», bien sûr ! Car, les moyens et les petits, souvent abandonnés ou ignorés ou rejetés, connaîtront un avenir moins certain dans la «prison de la vie».
Le Quotidien d’Oran, 5 oct 2020
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