Divisés entre partisans du oui et du non: La révision de la Constitution déchire les partis islamistes
Le référendum sur le projet de révision de la Constitution divise les partis politiques islamistes. Certains d’entre eux ont appelé à voter «oui», d’autres ont opté pour la participation mais en votant «non».
Par Aomar Fekrache
Le «non» est notamment le cas du Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah qui, faute d’arguments politiques, s’est adonné à un exercice dangereux en déversant son fiel sur l’une des constantes nationales. Lors d’une réunion du Medjlis Choura de son parti, Djaballah a exprimé ouvertement son hostilité à l’adoption de deux langues nationales. Autrement, ce chef islamiste, éjecté de deux partis politiques (El Islah et Ennahda) avant qu’il ne créé le FJD, dit voir en la langue tamazight un danger pour «l’unité nationale».
Le plus grave est que le chef de file du FJD ose se placer en porte- parole des Algériens en se permettant d’affirmer que «cette Constitution n’est pas venue pour satisfaire les revendications du peuple». Lui déniant, unilatéralement, tout consensus avant même le tenue de l’élection, il n’hésitera pas à pousser le bouchon en évoquant une prédominance du courant «laïque» et «éradicateur».
Même son de cloche de la part du Mouvement de la société pour la paix (MSP), dont le président, Abderrazak Makri, a exprimé des réserves liées à l’identité, à la langue et à la religion. Le MSP ne digère pas que toutes ses propositions n’aient pas été prises en considération. Pourtant, l’Algérie ne se réduit pas au seul point de vue de cette formation politique, en mal de consensus au sein même de sa base. Il y a quelques jours, l’un de ses leaders, à savoir El Hachemi Djaaboub, a rejoint le gouvernement pour occuper le poste de ministre du Travail. Ce qui renseigne, si besoin est, sur une divergence de vues évidente par rapport aux thèses de la direction nationale du parti. Mieux encore, Aboudjerra Soltani, ancien président du MSP et figure influente au sein du parti, a exprimé son soutien à El Hachemi Djaaboub. Ce qui démontre, pour le moins, que les arguments de Makri sont loin d’être partagés par tous les militants.
Toutefois, les partis d’obédience islamiste ne sont pas tous de l’avis du FJD et du MSP. Bien d’autres formations ont appelé à voter oui pour le projet de révision de la Constitution. Le président du Mouvement El Islah, Filali Ghouini, a affirmé que la révision de la Constitution, soumise à référendum le 1er novembre prochain, «garantira l’édification de l’Algérie nouvelle et consacrera la souveraineté populaire et l’unité nationale».
Selon lui, la révision constitutionnelle «est une réponse aux revendications légitimes» exprimées par les Algériens lors du Hirak populaire. Il a annoncé que le Conseil consultatif de son parti «a tranché la position du mouvement qui votera en faveur de cet amendement». Il a appelé les Algériens à un «sursaut collectif» à même de faire aboutir le référendum sur la révision constitutionnelle et tous les chantiers de réformes initiés dans différents dossiers politique, économique et social.
De son côté, la présidente de Tajamoue Amal El Djazaïr (TAJ), Fatma-Zohra Zerouati, qui vient de succéder à Amar Ghoul à la tête du parti, a déclaré que sa formation se focalisera sur la mobilisation pour un vote en faveur du projet de révision de la Constitution, lors du référendum, étant «un jalon essentiel pour l’édification de l’Algérie nouvelle». Zerouati a affirmé que la prochaine étape sera consacrée à la mobilisation pour un vote par «oui» sur le projet de révision de la Constitution, indiquant que le contenu de la nouvelle loi fondamentale «traduit, dans sa majorité, un large consensus qui prend en considération les conditions de l’actuelle Algérie».
Par ailleurs, le secrétaire général du mouvement En-Nahda, Yazid Benaïcha, a indiqué lors d’une rencontre avec les présidents des bureaux de wilaya, concernant le référendum sur la révision constitutionnelle, que le parti annoncera sa position définitive lors de la session du conseil Echoura.
A. F.
Le Jour d’Algérie, 5 oct 2020
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