DÉCHETS RADIOACTIFS LAISSÉS AU SAHARA – L’Algérie presse la France d’assumer ses responsabilités
La question des déchets radioactifs laissés par la France en Algérie au Sahara revient au-devant de la scène à la faveur d’une sortie croisée du ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar et du directeur de l’Observatoire des armements français, Patrice Bouveret.
Le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar interrogé hier à propos de la question des déchets radioactifs générés par les essais nucléaires de la colonisation française dans le sud du pays a fait savoir que «la France doit ôter l’ensemble de ces déchets (nucléaires) en prenant sa responsabilité».
Dans ce cadre, Attar a fait observer que des «réunions et des échanges avec la France dans ce sens sont en cours». Le chercheur français avait quand à lui a révélé dimanche dernier dans un entretien à Radio France Internationale qu’«une quantité inconnue de déchets nucléaires français en Algérie est toujours sur place, plus d’un demi-siècle après, plaidant pour des analyses précises pour mesurer le taux de radioactivité encore présente jusqu’à présent sur les lieux d’essais».
Il a ajouté que quand la France a cessé ses essais nucléaires en Algérie, en 1966 «elle a laissé sur place tout simplement l’ensemble des déchets qui sont liées aux essais effectués dans le Sahara algérien». Selon lui, la France non seulement a laissé ses déchets «mais elle a classé secret défense tous les documents qui pouvaient avoir trait à ces programmeslà», a-t-il révélé. Par conséquent fait- il encore observer «la quantité des déchets demeure inconnue, ceux issus des accidents nucléaires notamment, et les plus importants d’ailleurs». Il a, à ce titre, cité l’exemple de Beril, nom du 2e essai nucléaire souterrain de la France en Algérie (1 mai 1962), qui a libéré des laves radioactives : «Des éléments radioactifs sont restés sur des zones de Reggane (Adrar) sans être ramassés alors qu’ils sont radioactifs», a-t-il souligné.
Pour mesurer les conséquences, l’intervenant a plaidé pour «des analyses précises de chacun de ces matériaux pour voir le taux de radioactivité encore présente jusqu’à présent sur les lieux. On sait qu’il est important».Bouveret, a regretté, à ce titre, le fait qu’aucune étude pour mesurer cette radioactivité «n’a été menée» par des services compétents français ou un organisme indépendant pour pouvoir mettre en place, par la suite, un programme d’isolement des zones les plus dangereuses avant de procéder à un nettoyage.
Cosignataire d’une tribune dans laquelle il appelait la France à sortir du déni, ce dernier, a mentionné qu’«il y avait eu des tentatives de mettre en place des commissions pour évaluer les dégâts et faire des recommandations mais sans y donner suite».Il a évoqué l’existence, aujourd’hui d’une volonté de la part de l’Algérie et la France de travailler pour débloquer la situation. Des signes positifs sont apparus, d’après lui, depuis la restitution des crânes de 24 héros de la résistance algérienne contre le colonialisme français. De son avis, «l’Algérie et la France savent que pour renforcer leurs relations sur tous les plans économique, politique, sociétal, il faut épurer les questions du passé».
Entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien, et la question des conséquences de ces essais est restée en suspens. D’autres sources évoquent des essais chimiques éffectués dans la région de Bechar. Ils appellent la France à «régler cette question cruciale pour la santé des populations, pour l’environnement et pour les relations entre l’Algérie et la France.
Hocine Adryen
Le Jeune Indépendant, 6 oct 2020
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