Dans un message prononcé en son nom par un de ses conseillers à l’ouverture d’un séminaire organisé hier sous le thème « la constitution au service du citoyen », Abdelmadjid Tebboune a réitéré sa volonté d’expurger le processus électoral, notamment en ce qui concerne les scrutins législatif et local, de l’un de ses vices les plus pernicieux, qui a fini par éroder la crédibilité du suffrage : le système des quotas. Le président de la République s’est engagé personnellement à tout mettre en œuvre pour démanteler ce stratagème, instauré en 1997 par ceux que feu Mohamed Boudiaf appelait les décideurs, dans l’intention apparente d’éviter le scénario des élections législatives du 26 décembre 1991.
Erigé en règle tacite, mais appliqué à la lettre par un régime clientéliste, ce système n’a pas seulement montré ses limites, il a surtout dénaturé l’évolution démocratique au profit d’une classe politique, dominée par les opportunistes de tous bords et les carriéristes invétérés. Les dégâts causés par cette pratique totalitaire que l’on s’évertuait à dissoudre dans un multipartisme factice, sont parmi les premières raisons, qui ont fait sortir les Algériens dans la rue, un certain 22 février 2019.
Conscient de la gravité de la situation, le chef de l’Etat a marqué sa détermination à en finir une bonne fois pour toutes avec ce genre de méthode, qui a transformé l’exercice démocratique en une opération formatée et accessoirisée avec la complicité de partis politiques servant d’alibi. Pour réussir, il est appelé à aller au fond du problème.
L’émergence d’une nouvelle classe de jeunes élus doit se faire en dehors des réseaux encore actifs, dont les leviers de commande sont toujours entre les mains des résidus de la Issaba. En revenant sur la récente installation de la commission chargée de revoir le régime électoral, et en tenant à assurer qu’elle « est composée d’experts en droit et de représentants du ministère de l’intérieur, Abdelmadjid Tebboune a certainement voulu se limiter à l’aspect légal, pour ne pas donner l’occasion aux spéculateurs de monter au créneau et l’accuser de pratiquer le même « jeu » que son prédécesseur déchu. Il sait pertinemment qu’un projet destiné à garantir la transparence et la régularité des futures élections, restera toujours un projet, s’il n’est pas accompagné d’un profond assainissement de la scène politique en général.
« Encadrer le financement des élections pour faire respecter la volonté populaire et en finir définitivement avec les quotas afin de donner les mêmes chances à tous les candidats engagés dans la compétition électorale », constitue certes une barrière de protection, qui pourrait contribuer largement à la protection des voix des citoyens, comme l’entend le président de la République, mais sa résistance sera tributaire des mécanismes mis en œuvre pour éradiquer et à jamais l’intrusion de l’argent sale dans la politique.
« Dans l’Algérie nouvelle, personne ne sera protégé, personne ne bénéficiera de l’impunité, de l’immunité, l’argent proviendra uniquement du travail, de la création de richesse pour que le citoyens puisse constater un changement réel », a souligné le conseiller à la Présidence dans sa lecture du message transmis par le chef de l’Etat. Effacer le préjudice matériel et moral porté à l’Etat par les pratiques mafieuses cautionnées par la Issaba, et réinstaurer la confiance entre le peuple et ses institutions ; une œuvre immense qui attend Abdelmadjid Tebboune, et un retour aux sources imposé par la conjoncture.
Mohamed Mebarki
L’Est Républicain, 6 oct 2020
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