Au plus fort de la pandémie, alors que celle-ci provoquait des milliers de décès par jour, la conviction prévalait malgré tout que le mal n’était qu’un mauvais moment à passer, et que l’année en cours ne serait pas finie qu’il se serait dissipé. Ne parlons pas de la foule appréciable de ceux qui doutaient même que tous les décès enregistrés soient à mettre sur le compte de la maladie.
Dans le tas, des scientifiques de renom, des dirigeants politiques de premier plan, mais aussi monsieur-tout-le-monde, d’instinct réfractaire aux mesures de confinement, de barrière, ou même seulement de précaution ou de bon sens. Tant qu’il n’est pas atteint, l’homme de la rue, comme on l’appelle également, demande à voir avant d’admettre qu’il est en grand danger lui aussi. Mais, maintenant que l’année tire vraiment à sa fin, plus personne ne s’aventure à faire ce genre de prédiction.
Dans sa dernière déclaration, en forme de mise en garde comme à son habitude désormais, l’OMS indique qu’à ce jour seulement 10 % de la population mondiale a été contaminée. A ce rythme de circulation du virus, il lui reste pas mal de chemin à parcourir, et ce faisant bien des vies à prendre. Le compte est d’ailleurs vite fait : il n’y a qu’à multiplier par 6 ou 7 son bilan actuel, pour que la population mondiale soit enfin parée contre lui. Et encore, pour autant que l’immunité collective soit une réalité, et non pas un mythe.
C’est là certes le pire des scénarios, et pour autant que la science ne parvienne pas à mettre au point l’antidote, ni sous la forme d’un vaccin ni sous celle d’un traitement. Un tour des événements qui à première vue semble exclu, puisqu’il est question et depuis déjà un certain temps de progrès notable dans l’élaboration de plusieurs vaccins, dont certains, assure-t-on, seraient fin prêts dans pas longtemps. Autant dire demain ; ou, au plus tard, après-demain.
A peine sorti de l’hôpital, Donald Trump a réitéré sa promesse d’un vaccin imminent. Dans un premier temps réservé aux Américains, sans doute. Qu’à cela ne tienne, car s’il y en a pour des millions, il y en aura pour des milliards, d’autant qu’il y aura au passage beaucoup d’argent à se faire. N’empêche, Trump lui-même n’a parlé que du vaccin tant attendu, nullement d’un traitement pour ceux qui sont déjà infectés ou qui le seront d’ici là.
A bien l’entendre, d’ailleurs, le traitement spécifiquement anti-Covid 19 n’est même pas à trouver, il existe déjà, lui-même l’ayant pris, et comme il se doit il est américain. En supposant qu’il dise vrai, encore faut-il qu’il s’en produise en quantités suffisantes pour qu’en plus des Américains tout le monde puisse en disposer. Ce qui, on l’imagine bien, prendra du temps, au cours duquel le virus ne sera pas resté inactif. De sorte que même dans le meilleur des scénarios, la probabilité que l’année prochaine soit elle aussi placée sous le signe de l’épidémie se renforce chaque jour davantage.
S’il n’y a plus personne pour prédire sa fin toute prochaine, c’est sans doute qu’à peu près tout le monde a fini par se faire à l’idée qu’elle était là pour plus de temps qu’on avait d’abord cru. Un sentiment que traduit d’ailleurs bien le précepte désormais répété comme un leitmotiv, exhortant tout un chacun à vivre avec le virus.
Le Jour d’Algérie, 8 oct 2020
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