La décision du ministère de l’éducation, ou plus exactement du gouvernement, d’offrir l’examen du baccalauréat (BAC) aux élèves ayant obtenu 9 de moyenne sur 20 a terriblement choqué l’opinion. C’est à juste titre un scandale ! Déjà que la majorité des lauréats calent à l’université où les études se font en langue française surtout dans les filières techniques; à quoi faudrait-il s’attendre en termes de niveau et de résultats, avec des «bacheliers» nettement en dessous de la moyenne ? Qu’ils ne nous servent pas l’argument du Coronavirus pour justifier cette malheureuse offrande qui achève le peut de crédit qui reste à cet examen qui a perdu de son prestige depuis des années ! Le virus n’y est en effet pour rien. Faut-il rappeler en effet que les élèves ont été examinés uniquement sur les deux trimestres qu’ils ont effectivement étudiés avant l’arrivée de la pandémie en Algérie. En l’occurrence, cette mesure est déjà en soi un sacré coup de main aux candidats qui devaient se contenter de deux trimestres d’études dans leurs révisions. Mais c’était sans compter sur la grande «générosité» du gouvernement qui décide d’offrir un cadeau inespéré aux candidats qui n’ont aucune chance de décrocher le précieux sésame en temps normal. Mais c’est un cadeau empoisonné dans la mesure où cette mesure unique au monde, disqualifie sa majesté le BAC, et enverra à l’université une armée de cancres dont la vocation devait être au mieux, de refaire l’année, au pire, quitter les lycées et se diriger vers la vie active, pour reprendre la bonne vieille formule des années d’or du BAC. Comme il fallait s’y attendre, tous les syndicats et tous les acteurs de la famille de l’éducation ont dénoncé cette mesure qui conjugue populisme et anti pédagogisme. Tant qu’à faire, il aurait mieux valu annuler purement et simplement les épreuves et offrir un BAC bas de gamme à tous les candidats ayant obtenu 9 de moyenne durant l’année scolaire. Cela nous aurait fait des économies en ces temps de crise financière aigue. Auquel cas, ce serait vraiment dommage de se jouer ainsi de l’avenir de nos enfants qu’on bombarde à l’université avec un niveau au ras des pâquerettes. Quoi qu’il en soit et quelque soit le bout par lequel on prend cette mesure, le BAC 2020 est bâclé. Il ne pourra éviter le sobriquet du «BAC Corona» comme le furent le «BAC Al Hamla» de Bab El Oued en 2001, le «BAC Zenzela» en 2003, ou encore le «BAC Mousalaha» en 2006.
Imane B
L’Est Républicain, 12 oct 2020