L’absence prolongée du roi du Maroc pose à nouveau la question sur son état de santé. À la mi-juin dernière, Mohamed VI a subi une lourde opération chirurgicale au cœur. Depuis lors, hormis une vidéo montrant les images supposées êtres celles du roi en villégiature marine, sur les côtes de Ceuta, « Sa Majesté » a raté tous les rendez-vous officiels, dont les prérogatives royales lui confèrent pourtant d’être présent.
C’est le cas par exemple de la rentrée parlementaire marocaine, ouverte le 9 octobre dernier. À l’occasion, le roi a brillé par son absence sous prétexte de la crise sanitaire qui l’aurait contraint à procéder par visioconférence à l’ouverture de la session du parlement. Or, il ne s’agit là que d’une énième absence d’une longue série qui tient en haleine le peuple marocain.
Ses sujets, pour mieux dire, auxquels le roi n’accorde d’intérêt que lorsqu’il s’agit d’imposer un plan d’austérité, pour ne rappeler que son discours du mois d’août passé, le dernier d’ailleurs depuis son éclipse prolongée.
Le pire, c’est qu’à cette seule, l’état de santé dégradé du roi peut expliquer, le pouvoir sécuritaire incarné par le Makhzen a doublé de répression contre le peuple. Il n’y a qu’à considérer la gestion sécuritaire à outrance de la crise sanitaire, caractérisé par le prolongement de l’état d’urgence dans le pays, pour comprendre la débandade dans la gestion des affaires politiques.
Une hégémonie du Makhzen qui fait que le ministre de l’Intérieur règne en maitre absolu, à tel titre que les décisions du gouvernement s’agissant de la crise sanitaire sont remises en cause. Un état de fait, accentué faut-il le relever de l’absence du roi et dont le « vide royal » a laissé place à des frictions et des tensions à l’intérieur de l’appareil du pouvoir marocain.
Donc, à vouloir cacher la maladie du roi, le pouvoir alaouite fait face à ses propres contradictions quant au prétexte farfelu de crise sanitaire. Par exemple, comment prétendre ne pas ouvrir la session du parlement alors que les écoles sont autorisées à reprendre les cours ? C’est dire la panique dans laquelle s’est retrouvé l’entourage du roi qui, à son absence prolongée qui attise l’inquiétude des Marocains quant à une situation sociale explosive, s’ajoute la crise sanitaire du Covid-19, dont les cas se comptent par milliers au quotidien.
Farouk Bellili
Le Courrier d’Algérie, 17 oct 2020
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