Afrique, (Etudiantcongolais.com)- Bon nombre d’africains avaient cru en Nicolas Sarkozy, sur la rupture des relations franco-africaines, héritées de Jacques Chirac. Aujourd’hui, de la Françafrique à la Mafiafrique, les soutiens apportés aux dictateurs africains deviennent de plus en plus clairs, réels et indiscutables. Les enjeux de ces soutiens sont connus : des intérêts financiers des entreprises multinationales en collision avec la protection ou le soutien international des dictatures du sud, par les Etats occidentaux, au détriment des peuples. Une nouvelle forme d’impérialisme, de mode opératoire, parfois, déstabilisant et déstructurant dans les pays du sud, Nous allons voir ensemble, le fonctionnement de l’impérialisme dans sa sociologie politique actuelle et les dangers que présentent ses soutiens.
1) L’IMPERIALISME DANS SES NOUVELLES FORMES :
Pendant la période de la guerre froide, 2 blocs s’affrontaient, les Etats occidentaux soutenaient officiellement, les dictatures du sud, sous les excuses qu’elles ne basculent pas dans l’autre bloc, en même temps, l’impérialisme d’Etat (ou néo-colonisation), imposait les rapports interétatiques à sa guise pour l’accumulation des capitaux, par le capitalisme des Etats. La chute du mur de Berlin consacre la victoire du capitalisme et du monde démocratique, la démocratie devient, dès lors, la bonne gouvernance et le capitalisme associé à la mondialisation comme déréglementation que doit respecter les Etats. Le capitalisme échappe aux Etats et l’impérialisme subit de mutation et d’adaptation, il devient, dès lors, la pratiques des firmes transnationales.
L’impérialisme actuel conserve son identité d’antan, celle de dominer et d’opprimer les peuples et les nations, par sa structure, il continue à respecter la tradition sur l’accumulation mondiale des capitaux. Les marchés globaux ont rendu la concurrence plus gigantesque dans l’économie mondiale, les entreprises se regroupent pour constituer de grandes firmes multinationales, mais ces firmes transnationales, malgré leurs portés et le niveau international de leurs opérations, voire de leurs activités, gardent, néanmoins, une sorte de base nationale ou d’un label national d’un pays. Dans ces conditions par exemple, on peut constater que l’ancien groupe pétrolier ELF ACQUITAINE portait, majoritairement des capitaux américains, mais le label reste français et la politique économique de la multinationale par l’Elysée était conservée.
Afin de conduire une concurrence plus agressive, il est naturel que les multinationales appèlent au soutien de leurs gouvernements, soit des Etats où l’entreprise représente le label. Ce label, dans le cas de multinationale superpuissante, contribue à l’image de son pays. C’est pourquoi, conscient de la globalisation et ses conséquences, les Etats n’hésitent pas à participer à aider leurs multinationales, qui, par ailleurs, contribuent, directement, aux entrées fiscales importantes des Etats.
Ces aides offrent un choix de plusieurs possibilités : Subvention, politique fiscale, politique d’ajustement structurel, politique de protection, politique d’expansion. Ces aides peuvent avoir des conséquences redoutables, surtout lorsque la politique s’y mêle, en occident, des expressions couramment utilisées, précisent : « Nous avons des intérêts, nous protégeons nos intérêts, nous défendons nos intérêts ».
Depuis les années 80, les américains ont réussit à imposer dans le monde, la mondialisation : la dérégulation des marchés et des finances, dans ces conditions, les Etats doivent être, normalement, éloignés des initiatives des entreprises tant qu’elles ne sont pas illicites. La réalité étant différente, les Etats ont un grand intérêt économique et financier de s’en approcher, sans les déstructurer.
Cette approche de l’Etat et des entreprises, est fortement liée, par les intérêts croisés entre le capitalisme et la politique, d’où la naissance de cette nouvelle forme de l’impérialisme. Cette approche présente de conséquences dans certains pays du sud, en effet, l’effet ricoché de l’approche est le développement de la puissance du capitalisme, qui contrôle , non seulement la vie économique, mais également, la vie politique de certains Etats crapuleux, les conséquences induites par l’impérialisme sont : les guerres civiles, les coup d’état, les pillages économiques, l’enrichissement des multinationales aux dépends des locaux et soutiens des dictateurs par les attitudes croisées entre les Etats et les multinationales. En conséquence, les firmes transnationales deviennent les services secrets de leurs pays d’origine, dans ces cas, le groupe pétrolier TOTAL FINA ELF est l’œil des services secrets français et de l’Elysée dans les pays du sud.
Cette constante des paramètres fondamentaux de l’impérialisme est vue de manière différente, selon qu’on soit du sud ou du nord. Dans nos Etats du sud, cette pratique impérialiste est vécue comme du racisme, du fascisme par exemple, alors que dans le nord, elle est vécue comme émanation de la démocratie et de la globalisation, pour lesquelles c’est un luxe pour les africains.
2) L’IMPERIALISME DANS SES SOUTIENS CRAPULEUX :
Comme nous l’avons signalé plus haut, l’approche entre les Etats et leurs multinationales renferme des intérêts croisés et a produit une nouvelle forme de l’impérialisme, d’où des stratégies parfois communes ou parfois complémentaires.
Les états des Nations riches mènent des campagnes, particulièrement, manipulatrices, par des représentations des pouvoirs africains, avec des qualificatifs nobles, comme manière de créer ou de renforcer de légendes, on peut tour à tour retenir des titres ronflants, répétés en occident, destinés aux Chef d’état crapuleux [1] :
• Père des indépendances
• Dirigeant populaire
• Doyen des Chefs d’état
• Sage dirigeant
• Homme de Progrès
• Homme des masses
• Le père de la Nation etc.……
Ces représentations de formes variées, sont des pratiques codifiées, du système de communication, destinées à être adresser aux populations africaines, de telle manière à susciter un renforcement de légitimité locale. Pendant ce temps, les dictateurs africains en quête de légitimation populaire, sont fiers de ces étiquettes qui sont conforme à leurs culte de personnalité et qui renforcent leurs images.
Il faut, évidemment, rappeler les soutiens militaires qu’apportent l’armée française en Afrique. Officiellement, les base militaires françaises ont été installées dans certains pays, pour respecter les accords de défense, mais de quels accords de défense s’agit-il ? Ceux d’intervenir manu militari, lorsqu’une dictature se trouve en état de soubresaut ou lorsqu’un pays est agresser de l’extérieur ? Ainsi la France était venue aux secours des régimes anti-démocratiques. Dans leurs conditionnements, les occidentaux sont convaincus, que la démocratie est un luxe pour l’Afrique et que c’est un dictature conduite par un homme fort produit la paix. Une image erronée qui profite bien aux mafieux de l’Elysée et aux Mafieux africains.
Au moment des indépendances, la France avait installé au pouvoirs en Afrique, des dirigeants à sa convenance politique, les intérêts du capitalisme d’état sont conservés, sous l’œil veillant de l’impérialisme. Après la chute du mur de Berlin, Monsieur François Mitterrand, Président de la France accepte le principe populaire des peuples africains sur la démocratie, les présidents élus, démocratiquement, en Afrique vont être défaits avec la complicité des transnationales et de la France, de manière à ce que soient installés les potentats pour la France, ainsi au Congo-Brazzaville : le dictateur Sassou N’Guesso, au Tchad : le dictateur Idriss Deby, au Centrafrique : le dictateur Bozizé
vont revenir au pouvoir au moyen de coup d’état sanglant, ayant occasionné de guerres civiles.
En règle générale, ces dictateurs ne parviennent pas à obtenir, dans les consciences populaires, la légitimité locale, on assistera, surtout, aux interactions transnationales pour les enjeux, agissant pour le profit et pour le pouvoir, ceci, bien évidemment, aux dépends des peuples :
• Au blocage des processus démocratiques
• Aux violence comme moyen d’intimidation et de soumission
• A la criminalité économique organisée autour d’un Clan
Avec l’absence de l’illégitimité locale, voire internationale selon les cas de figure, la Communauté internationale assiste dans un premier temps à l’isolement des Chefs d’état qui violent les principes de la civilisation des droits de l’homme, mais plus tard, sur le principe des intérêts financiers transnationaux, en occident, on brise l’isolement politique et on construit la légitimité des pouvoirs crapuleux, c’est ainsi que le dictateur congolais Sassou N’Guesso serait invité au 5ème forum mondial du développement durable au sénat français, alors qu’il est sous le collimateur des juridiction à compétence universelle sur les crimes contre humanitaires et l’instigateur du pillage du pétrole et de la destruction de la biodiversité dans son pays.
Comme dans ces types d’alliance, les Chef d’états amis sont toujours bien protégés contre la grogne populaire, La France prête l’argent pour subvenir aux salaires, la grogne se calme, les affaires peuvent se poursuivre avec quiétude. Les multinationales ne dérogent pas à cette règle, elles portent assistance financière par prêt aux Etats amis, qui hypothèquent les futurs exploitations minières ou pétrolières. Le transfert de l’argent illicite est assuré par la banque FIBA, tandis que la banque BNP assure son blanchissement.
Le danger d’un tel soutient, est la négation à l’alternance, l’encouragement aux fraudes électorales, l’incitation à une démocratie d’imposture, à l’installation durable de la dictature au détriment des droits de l’homme, chers à la communauté internationale.
En revanche, lorsqu’un Chef d’état africain n’intègre pas ce processus, la France adopte de stratégies économiques et sociales différentes, l’aide financière est plus réduite (c’était le cas de la Guinée Konakry de la période du Président Sékou Touré), on opte pour le chantage, les intimidations profitants des divisions ethniques internes, pour soutenir un groupe ethnique pour le pouvoir. Aussi, une déstabilisation médiatique respecte le rituel, dont les qualificatifs sont le plus souvent :
• homme dangereux
• Le dictateur
• L’homme fort etc.……
3) REFLEXION ET ANALYSE SUR LES DANGERS DE L’IMPERIALISME, DANS SES RAPPORTS NORD/SUD :
Les relations internationales et commerciales renvoient, aux interactions entre Etats, qui définissent leurs rapport bilatéraux ou multilatéraux. Ensuite, viennent se greffer aux Etats, de relations transnationales, dont les individus et les sociétés deviennent des sujets de la politique de la cité. Face au progrès et à la révolution de l’Internet, le monde devient de plus en plus étroit et il se constitue un autre type de relations transnationales, cette fois-ci, par des interactions entre les individus et les sociétés du monde. Cette démultiplication des relations transnationales, qui se construit sur l’espace mondiale peut constituer de groupes transnationaux, qui échapperont au contrôle des Etats, en exemple le terrorisme islamique.
C’est pourquoi, si l’on ne prend garde, les rapports Nord/Sud actuels, seront de nouvelles menaces contre la paix, tant que les pays riches du nord continueront à soutenir les dictatures africaines et la persistance du déséquilibre Nord/Sud. En effet, ces rapports qui n’échappent pas aux relations transnationales entre Etats, n’échapperont pas non plus aux relations transnationales entre les individus et les sociétés. Ces menaces sont de deux visages : Pression de flux d’immigration économique spontanée, massive avec son cortège de mafia multiforme d’une part & d’autre part, Affrontement de guérilléros ou de terroristes du sud, crises sociales dans certaines agglomérations des pays riches et vengeance contre les résidents et touristes occidentaux dans le sud.
Et pourtant, le candidat Nicolas Sarkozy, lors de la campagne présidentielle de 1997, nous avais promis « la rupture de la politique de la France ». Nicolas Sarkozy, le jour de sa victoire présidentielle avait prononcée : « Je serai aux côtés des femmes bulgares emprisonnées en Libye, je serai au côté de toutes les femmes du monde maltraitées, je serai au côté de tous les peuples opprimés ».
Lorsqu’il était encore Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, affirmait au sujet de l’Afrique : « qu’il voulait la débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que celui qu’ils s’inventent. » et il continu : « le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur des circuits officieux, qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés. » et promettait en cas d’arriver à l’Elysée : « de cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures. »
Le constat que nous pouvons faire aujourd’hui, le « real politik » l’a remporté sur « la démocratie », sur « les droits de l’homme », sur « les femmes maltraitées dans le monde (en pays du golfe par exemple) » et sur « les peuples opprimés dans le monde (le Cabinda et la Casamance par exemple) », les Nations riches comme la France, sont plus soucieuses de conserver les intérêts économiques, que leurs apportent leurs firmes transnationales : Le discours du candidat Nicolas Sarkozy n’était qu’un leurre.
Pour apporter des propositions sur la problématique de la nouvelle forme de l’impérialisme, seule une politique volontariste de la Communauté internationale, en liaison avec les juridictions de compétence universelle, d’engager : La lutte internationale contre la criminalité économique internationale [2], contre la corruption internationale et contre les blanchissements de l’argent par les Etats voyous et les firmes transnationales dans les paradis fiscaux.
4) CONCLUSION
Ainsi développer, de façon simple et synthétique, la nouvelle forme de l’impérialisme adaptée à la mondialisation. La démocratie est une notion universelle, la mondialisation est une notion universelle, les Etats africains devraient pouvoir les intégrer sans problème, pour refuser les images, que la démocratie est un luxe, que la mondialisation est un luxe.
Je n’exclue pas les catastrophes qu’entraîne la mondialisation, la question centrale est de savoir, si l’ordre ancien qui était plein de réglementations différentes selon les Etats, où le protectionnisme et les surtout les énormes subventions des activités de pays riches, qui faussaient, largement, la concurrence des Etats faibles, étaient plus bénéfiques pour l’Afrique ?
La mondialisation est une réalité transnationale, le nouvel impérialisme trouve son passage en Afrique, non pas à cause de la mondialisation, mais, en réalité, à cause des faiblesses, à l’intérieur des Etats africains, telle : la division, le tribalisme les frustrations entre communautés ethniques, le manque de démocratie véritable etc.… font que nos Etats peuvent être, facilement, manipulés et désintégrés par l’impérialisme [3]. Le fédéralisme est le système qui répond mieux à ce genre des situations.
Depuis le 07 décembre 2007, se déroule à Lisbonne (Portugal) la 2ème rencontre Europe-Afrique, qui jettera de nouvelles bases de coopération et de développement, au moment où, la Chine semble s’installer durablement en Afrique, ce futur partenariat ne servira qu’à l’Europe, de combattre l’influence de la Chine sur le sol africain, ce futur partenariat ne pèsera pas contre la dictature, contre la mauvaise gouvernance, contre les peuples et les communautés opprimés. L’avenir du Continent africain reste entre les mains des combattants africains qui luttent, pour les libertés, pour le droit, pour les respect des communautés, enfin, pour les jeux équitables de la démocratie.
Auteur : Appolinaire Noël KOULAMA
Publication : 14 novembre 2007
Source : http://africdossier.oldiblog.com
Note :
[1] Vous pouvez lire Gervais M’Boumba dans : http://congobrazzavilleregimedictatorial.blogspot.com rubrique : « Politique » et le Titre : « Est ce la fin des titres de doyen des Chefs d’états africains ? ».
[2] Vous pouvez me lire dans : http://africdossier.oldiblog.com rubrique : « Politique » et le Titre : « L’Union Africaine (UA) devrait exiger des Nations Unies, la déclaration de crimes économiques et de délit de pillage ».
[3] Vous pouvez visualiser le reportage sur l’ancien Président centrafricain, Jean-Bedel Bokassa, concernant les relations transnationales entre la France et la Centrafrique, sur : http://video.google.fr/videoplay?docid=-9118969407996865861
Source : Alliance pour la démocratie et le progrès
Tags : Afrique, France, françafrique, dictature, dictateurs, despotisme, pillage, corruption,