par Abdou BENABBOU
A différents niveaux, certains responsables officiels algériens sont piégés par les nuances entre l’esprit et la lettre. Absence de la maîtrise du discours ou un manque d’expérience face à la foule ? Peut-être. Le mot et le verbe mis dans la bouche d’un représentant de l’Etat ont les facultés d’un bouquet de fleurs offert ou, au contraire, celles d’un breuvage insipide à boire selon les ambiances et les idées arrêtées de ceux qui les reçoivent.
En demandant à une assistance de se contenter de se plier à une situation présente ou de changer de pays, le jeune ministre de la Jeunesse a laissé sa langue devancer son esprit dosant son élan patriotique expéditif sans réelle densité. Dans la précipitation de son langage, il n’a pu éviter une maladroite circonvolution cérébrale qui allait buter contre la dramatique parabole des harraga. Ceux-là, bien évidemment, n’ont pas attendu un nouveau jour pour s’aligner sur la droite lignée du ministre qui a mis le doigt sur une constante dont il a occulté la mesure.
L’ex-président déchu avait utilisé l’égocentrisme par le verbe et le comportement allant jusqu’à affirmer qu’il pouvait être roi s’il ne s’était pas appliqué à bouder un trône que le peuple lui offrait. L’issue de ses puériles bravades est connue.
On assiste malheureusement de plus en plus à une marmelade verbale officielle de la part de responsables, plongés dans un océan de problèmes pour lesquels ils n’ont pas été aguerris et leurs discours toujours spontanés se présentent comme un aveu d’impuissance.
On aurait grandement tort de trop leur en vouloir car la crise multiforme ne peut se suffire d’un radotage usé et que le verbe et la parole, quels que soient leurs parfums, ne sont plus que des témoins à charge. Nos gouvernants seraient mieux avisés d’insister sur leurs insuffisances pour réclamer aux bras de se tendre pour que les responsabilités se généralisent.
Une charge ministérielle n’a de conséquent que dans l’action. Si elle ne s’en tient qu’au verbe et aux recommandations, elle devient démagogie, populisme et se transforme aux yeux du peuple en fuite en avant.
Le Quotidien d’Oran, 25 oct 2020
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