Le président, Abdelmadjid Tebboune, 72 ans ‘‘est entré à partir d’hier et pendant cinq jours en confinement volontaire préventif, sur recommandation de l’équipe médicale de la présidence de la République’’, a indiqué samedi un communiqué de cette dernière reprise par la télévision. ‘‘La décision est prise suite à l’apparition des symptômes du Covid-19 chez plusieurs hauts cadres de la Présidence de la République et du Premier ministère’’, ajoute la même source.
La médiatisation de cette information par la présidence de la République, surtout que le président Tebboune n’a pas de symptômes, vaut son pesant d’or en termes de communication de la part de la présidence de la République qui entend ainsi jouer à fond la carte de la transparence. Une démarche qui, au premier degré, permet déjà d’anticiper les éventuelles rumeurs sur les réseaux sociaux qui n’auraient pas, à coup sûr, raté un tel « scoop » pour flamber la Toile, surtout que le contexte, gros de rumeurs ces derniers temps sur ces mêmes réseaux sociaux, y est très propice.
Mais l’enjeu véritable de cette médiatisation de l’information est bien au-delà du simple calcul de court-circuiter les réseaux sociaux, car il s’agit surtout de marquer à ce niveau une rupture radicale par rapport à la manière dont les informations sur l’état de santé de l’ancien président de la République étaient gérées.
Du temps de l’ex- président Bouteflika, souvent en délicatesse avec sa santé, dont le fameux AVC en 2014, la présidence de la République, quand elle avait le feu vert pour le faire, intervenait toujours en retard et souvent en réaction aux rumeurs de bouche à oreille. Il s’agit donc pour le président Tebboune de marquer sa différence et, pour le coup, « l’Algérie nouvelle » qu’il entend incarner trouve dans la médiatisation de l’information du « confinement volontaire et préventif » du président une traduction concrète et palpable qui confère à ce slogan une certaine dose de bonne foi et de véracité.
Au-delà du fait que sa médiatisation se veut comme un marqueur de la nouvelle stratégie de communication de la présidence de la République, on se demande aussi si l’information rendue publique à travers l’APS et les télévisions publiques et parapubliques n’est pas orchestrée dans le but de faire oublier les bourdes successives du wali d’Oran, mais surtout de l’excité ministre de la Jeunesse et des sports qui, par leurs attitudes zélées et arrogantes, ont causé un tort à la démarche du président en pleine campagne électorale.
Le premier pour rappel, a fait preuve d’impertinence, voire même de goujaterie, à l’égard d’une brave enseignante qui se plaignait légitimement de la vétusté du mobilier scolaire et des produits désinfectants.
Le second, poussant le bouchon plus haut, a prodigué de précieux conseils aux jeunes Algériens qui ne sont pas d’accord avec « la constitutionnalisation de la Déclaration du 1er Novembre » d’aller se trouver des pays de rechange.
Malgré les excuses du bout des lèvres du wali d’Oran et du ministre de la Jeunesse et des sports, le mal est fait, à en juger par le caractère viral des deux vidéos montrant ces deux responsables.
La médiatisation de la mise en confinement volontaire du président Tebboune fera-t-elle oublier les pas de clerc du wali et du ministre, dont les jours sont désormais comptés.
L’Est Républicain, 25 oct 2020
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