Propos de Macron sur l’islam : des partis appellent à une réaction officielle
Par Aziza Mehdid
Les dernières déclarations du président français Emmanuel Macron sur l’islam et les musulmans de France ont suscité une vive polémique et moult réactions de par le monde. Si Alger a préféré « ne pas répondre officiellement à des propos participant de la pure propagation », la classe politique, elle, y voit un « devoir » à ne pas passer sous silence une telle attaque.
Ce sont particulièrement les partis issus de la mouvance « islamiste » qui ont réagi, à l’image du Mouvement El-Bina de Abdelkader Bengrina. Ce dernier a décidé hier d’emboîter le pas au Mouvement de la société pour la paix (MSP) en appelant les autorités publiques « à intervenir en vue de protéger la communauté musulmane en France de la montée de la haine et des pratiques racistes suite aux déclarations non responsables du président français ».
« Face aux attaques franches subies par l’islam et les musulmans et l’atteinte officielle et directe de la France à la sacralité de la nation, et la montée accrue des jugements racistes, ainsi que les approches intégristes des politiciens contre cette religion, il est du devoir de tout musulman et de la nation musulmane de protéger l’islam, de défendre l’honneur de son prophète (QSSSL) et d’imposer le respect de la sacralité des musulmans de toute partie visant à leur porter atteinte », lit-on dans un communiqué publié sur la page Facebook du président du Mouvement El-Bina.
M. Bengrina considère que « les derniers évènements ayant eu lieu en France ne seront pas sans conséquences dangereuses sur les relations de Paris avec les autres pays ». Des répercussions qui, explique-t-il, toucheront les intérêts français dans le domaine économique et culturel.
Ainsi, le Mouvement tient, selon la même source, à « rejeter les politiques de l’hostilité et le conflit mené contre l’islam à travers des croisades et des politiques colonialistes, dont l’impact est toujours perceptible dans le monde musulman ». Le chef du parti précise qu’il dénonce « le terrorisme au nom ou contre la religion, au nom ou contre l’Etat, quelle que soit son origine », appelant « les sages de la place politique française à freiner la dégradation gouvernementale qui tente de justifier l’échec en fabriquant des batailles extérieures ».
Le président du parti appelle « les peuples de la nation musulmane, de par le monde, à exprimer leur refus de ces menaces avec des méthodes pacifiques et légales », et « à faire primer le langage de la raison et du dialogue civilisationnel au lieu d’acculer le monde à des dérapages vers la violence et la contre-violence ». Par ailleurs, le MSP a exprimé son indignation dans un communiqué rendu public ce week-end. Son président Abderrazak Makri a accusé clairement le président français Macron d’atteinte à l’islam, appelant les autorités algériennes « à dénoncer officiellement les déclarations du président français et à prendre une position diplomatique, politique et économique convenable en considérant que l’islam est religion d’Etat ».
« Le président français poursuit d’offenser les musulmans et d’agresser le prophète Mohammed ( QSSSL). Il s’agit d’une agression directe contre chaque musulman. C’est un comportement qui exprime une profonde haine envers l’islam et les musulmans. Persister dans cette offense est une attitude non conforme à l’éthique et s’inscrit aux antipodes des normes politiques et diplomatiques, au risque d’attiser les haines et les conflits entre les nations et civilisations », indique le communiqué du parti.
Tout comme le Mouvement El-Bina, le MSP souligne que l’islam et les musulmans se démarquent du terrorisme et de ceux qui sèment l’horreur au nom d’une quelconque religion. « Chaque musulman connaissant sa religion condamne le terrorisme quelles que soient sa forme ou ses raisons. L’assassinat de l’enseignant français est condamnable et répréhensible, malgré l’acte criminel qu’il a commis à l’encontre du prophète de l’islam. Certes, il y a une minorité musulmane qui exploite le culte musulman pour justifier ses tendances violentes, mais cela est contraire aux préceptes de la charia’ islamique tolérante. Ce qui est valable aussi pour les autres religions », poursuit le même document.
Pour Makri, l’argument de la liberté d’expression n’est pas admissible et ne justifie en rien la publication des caricatures sur le prophète Mohammed (QSSSL) dans la presse française, faisant observer qu’« aucune critique, sous toutes ses formes, n’est tolérée concernant la Shoah, qualifiée de comportements racistes et sionistes ». Le chef du parti « islamiste » s’est également adressé aux institutions religieuses et aux organisations et autres associations du culte pour prendre position « en condamnant les propos du président français ». Il demande toutefois à la communauté musulmane de « résister aux altérations faites à leur religion » et de donner surtout « une bonne image de l’islam civilisationnel et tolérant ».
Le Jeune Indépendant, 25 oct 2020
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