Carrière
Par Faouzia Mahmoudi
Jamais Jean-Luc Mélenchon n’avait été aussi critiqué par la classe politique française comme il est l’est depuis dix jours après l’atroce assassinat d’un professeur, Samuel Paty, par un terroriste islamiste. Cet acte de barbarie a fait l’effet d’un électrochoc sur toute une France traumatisée de voir le symbole de l’école touché de façon aussi sauvage. Ce crime horrible a aussi libéré la parole de nombreuses personnes, qui auraient été accusées d’islamophobie à s’attaquer, sans concession, à l’islamisme et aussi à ceux qui l’ont encouragé et soutenu.
L’«islamogauchisme» dénoncé depuis des années par quelques personnalités, souvent ostracisées, est aujourd’hui évoqué par de nombreux ministres et personnalités de La République En Marche, de la droite et même de la gauche. L’un de ses plus célèbres représentants est depuis quelques années le chef de La France Insoumise, qui avait annoncé qu’il se prononcerait fin octobre sur une troisième candidature en 2022. Invité hier matin sur France Inter, le député de Marseille a répondu : «Je dois terminer de consulter beaucoup de gens qui m’importent et qui m’intéressent, sur ce que je dois faire», a-t-il expliqué, avant d’ajouter : «Et puis moi-même, j’ai beaucoup hésité, et j’hésite encore».
Interrogé par un électeur sur la nécessité de faire l’union à gauche pour empêcher une victoire d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a répliqué que cela n’était pas la bonne solution. «Si nous recommençons à penser qu’il suffit de se mettre d’accord sur des sigles, et après on fait un texte pour que tout le monde soit d’accord au rabais où il n’y a pratiquement rien dedans comme ça tout le monde est d’accord, on ne convaincra personne», a assuré l’ancien candidat.
Le dirigeant de LFI a appelé à «créer une majorité d’adhésion sur des idées qu’on rassemble et qu’ensuite on applique». L’ancien candidat a notamment cité le passage à «la VIe République», «la planification écologique», «le partage des richesses». «Et à ce moment-là, on entraînera des millions de gens qui ont aujourd’hui l’intention de ne pas aller voter, ou de tout envoyer balader», a affirmé celui qui a été critiqué lourdement ces dix derniers jours pour ses accointances avec les milieux racialistes et indigénistes.
Jean-Luc Mélenchon a toutefois certifié qu’il ne s’agissait pas, de son côté, «d’une affaire d’ego», lui qui est souvent qualifié d’«autocrate» par ses détracteurs. «Je vais avoir 70 ans l’été prochain, ma carrière n’est plus une préoccupation. De même, ma gloire, si vous me le permettez, est assurée par mes actes. Donc ce que je peux faire, c’est de me rendre utile», a-t-il proposé. Reste que son parti prend l’eau ces dernières années avec de plus en plus de partisans qui préfèrent se tourner parfois vers le Rassemblement National ou la gauche traditionnelle et surtout alors que les sondages sont très pessimistes sur sa réussite à la prochaine élection présidentielle.
La fin de carrière de Mélenchon semble aujourd’hui vouée à finir tristement, entachée par ses trop nombreux accommodements raisonnables avec les indigénistes et les racialistes, qui, loin de lui apporter les électeurs qui lui manquaient pour faire la différence à l’échelle nationale, ont au contraire fissuré le parti d’extrême-gauche.
Le Jour d’Algérie, 26 oct 2020
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