Cet immense hall, qui s’étend sur une surface de 20 000 m2 et peut accueillir jusqu’à 120 000 fidèles, sera ouvert à l’occasion de la fête religieuse du «Mouloud»
La salle de prière de la Grande mosquée d’Alger sera inaugurée aujourd’hui à l’occasion de la fête religieuse du Mouloud. L’annonce en a été faite le mercredi 14 octobre par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui avait présidé une réunion du Gouvernement par visioconférence sur ce dossier ainsi que sur d’autres.
A l’issue de cette communication, le Premier Ministre avait informé l’opinion du report de l’inauguration officielle de l’édifice religieux, programmée pour le dimanche 1er novembre, et annoncé les décisions du président de la République relatives à l’ouverture de la salle de prière de «Djamàa El Djazaïr» et à la levée de la suspension de la prière du vendredi.
Selon le communiqué publié par les services du Premier Ministère, «la situation de la pandémie du Coronavirus (Covid-19) et son évolution au niveau mondial et national empêchent l’inauguration de Djamàa El Djazaïr en présence des autorités religieuses musulmanes des cinq continents, des institutions et universités du monde musulman, des organisations internationales islamiques, des oulémas et des intellectuels».
«De ce fait, et une fois la pandémie passée, Monsieur le Président de la République procédera personnellement à l’inauguration de Djamàa El Djazaïr en présence des invités de l’Algérie», a-t-il encore été indiqué, pour préciser que l’ouverture de la salle de prière «coïncide avec la célébration du 1er Novembre 1954».
Pour rappel, le chef de l’Etat avait annoncé, le 20 août dernier, l’inauguration officielle de la Grande Mosquée d’Alger pour le 1er novembre avant de laisser ouverte cette cérémonie qui devrait voir la participation d’invités étrangers et de représentants diplomatiques de pays musulmans accrédités en Algérie. Cependant, le chef de l’Etat risque d’être absent à l’ouverture de la salle de prière de «Djamàa El Djazaïr» en raison de son confinement volontaire de cinq jours depuis samedi dernier, et ce, après que plusieurs cadres supérieurs de la présidence de la République et du gouvernement aient présenté des symptômes de contamination au nouveau coronavirus (Covid-19).
Un chantier ouvert en 2012
Les travaux de la Grande mosquée d’Alger ont été entamés en 2012 par lEntreprise chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) pour se classer comme la plus grande d’Afrique et la troisième plus grande au monde après «Masdjid Al-Haram» de La Mecque et «Masdjid Al-Nabawi» de Médine. L’utilité, mais le coût surtout, de cet édifice dans une Algérie où le besoin d’infrastructure d’utilité publique se pose toujours, a nourri la polémique pendant des années. Cependant, au début septembre, l’Argentier du pays a mis fin à cette polémique. «Loin des surenchères avancées çà et là, le véritable coût global des affectations allouées à la construction de ce monument religieux, civilisationnel et politique est de 898 millions d’euros et non 3 milliards», comme rapporté, avait déclaré Aymen Benabderrahmane. La salle de prière, qui sera ouverte aujourd’hui au public, s’étend sur 20 000 m2 pour accueillir jusqu’à 120 000 fidèles, un chiffre qui ne sera probablement pas atteint avant longtemps en raison des risques de contamination à la Covid-19 et du maintien des gestes de prévention en vigueur pour les mosquées de grande capacité d’accueil. Déployée sur une superficie totale de 27,75 hectares la Grande mosquée d’Alger dispose de 12 bâtiments indépendants dont une grande bibliothèque riche d’un fonds bibliothécaire d’un million de livres et pouvant recevoir 3 500 personnes. Selon une fiche technique communiquée aux médias, elle dispose d’un centre culturel de 8 000 m2 de superficie, pouvant accueillir 3 000 personnes et d’une maison du Coran «Dar El Qoran», d’une capacité de 300 places, dédiée aux étudiants post-gradués algériens et étrangers en sciences islamiques et sciences humaines. La Grande mosquée d’Alger abrite également une médiathèque, une vidéothèque, une filmothèque, deux amphithéâtres, un amphithéâtre de 500 places avec salle de projection, une salle de travail d’une capacité d’accueil de 30 à 50 personnes, des espaces de projection, des ateliers d’art et un pôle informatique. Quant au minaret, il comporte 43 étages desservis par des ascenseurs panoramiques permettant d’observer la baie d’Alger et ses environs. Chaque étage est doté d’un espace fonctionnel dont une aire dentrée spacieuse, avec un grand foyer, prévu au pied du minaret, un musée et un centre de recherche pour l’art et l’histoire islamiques.
Zinedine Zebar, photographe-reporter : «Vue d’en haut et de près, la mosquée est encore plus impressionnante»
Entre 2015 et 2020, le photographe-reporter Zinedine Zebar a documenté les travaux de réalisation de la Grande mosquée d’Alger en se rendant sur le chantier et en prenant des centaines de photos à l’intérieur et à l’extérieur. Pendant cinq ans, il a suivi attentivement son évolution en regardant travailler les ouvriers et les maçons chinois qui, pierre par pierre, ont donné corps à ce qui va rester pendant longtemps sans doute le plus grand édifice religieux musulman jamais construit en Algérie.
Entretien réalisé par Salim Benour
Reporters : Depuis des années, inlassablement, vous photographiez la Grande mosquée d’Alger depuis les premières fondations pratiques à ce jour. D’où vous est venu cet intérêt pour l’édifice religieux ?
Zinedine Zebar : Pour un photographe de l’évènement comme moi, je ne pouvais pas ne pas m’intéresser à la Grande mosquée d’Alger. Avant même que je ne décide de travailler dessus, je m’intéressais à son sujet en raison de la polémique qu’elle avait suscitée au moment de l’annonce du projet. Après, en regardant la maquette et en voyant que le projet était devenu d’importance nationale, pas seulement au plan religieux, j’ai décidé d’échafauder un plan de travail pour capter la naissance et l’évolution de la mosquée. Je devais choisir entre l’esthétique et l’information, j’ai davantage travaillé sur l’information même si je n’ai pas négligé les photos artistiques que j’espère exposer un jour à l’intérieur même de la mosquée ou ailleurs dans un lieu approprié.
A quel moment précis avez-vous commencé à travailler sur le projet sans discontinuité ?
J’ai pris le chantier en route, car en 2015, beaucoup de choses étaient déjà faites par les Chinois. Cela dit, les travaux déjà réalisés concernaient les fondations et tout ce qui est encore souterrain. Quand j’ai commencé à travailler sur la mosquée, les piliers montaient encore et l’ensemble du site était encore vraiment un chantier. Le projet s’est accéléré sous mes yeux si je puis dire et je l’ai vu prendre forme. Les centaines de clichés que j’ai réalisés témoignent de cette évolution vers la consistance et comment le site commençait déjà à marquer l’ensemble du paysage de la baie d’Alger. C’est surprenant comment un édifice peut modifier complètement des lieux qu’on croyait inchangeables.
En dehors du monumental, qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans cette grande mosquée ?
Je m’intéressais à tout. Dès l’entrée du chantier, j’avais la fièvre de photographier et de capter tous les mouvements matériels et humains à l’intérieur du chantier. Les restrictions de sécurité et le fait de ne pas gêner les travaux dans certains endroits particuliers, comme la coupole, ne m’ont pas permis de faire certaines photos. Quand des gens travaillent dans un chantier où la sécurité est un impératif, vous ne pouvez pas vous déplacer comme vous voulez. On fait la grimace et on passe son chemin, avec la compensation que vous n’avez pas raté grand-chose au point de vue de l’information photographique. Les photos aériennes que j’ai prises à différents moments du chantier ont été pour moi un moment professionnel et de plaisir intense. Je remercie l’Unité aérienne de la Sûreté nationale (UASN) pour m’avoir permis de prendre place parmi ses équipes héliportées et de m’avoir aidé à prendre les clichés que je voulais. Vue d’en haut et de près, la mosquée est encore plus impressionnante. On réalise ce que c’est comme prouesse architecturale et technologique même s’il existe dans le monde des constructions qui défient l’imagination que l’on a de l’art de bâtir. Pour vous dire, j’ai encore faim de ces prises aériennes que j’aimerai refaire parce qu’il y a toujours quelque chose à découvrir en fonction de la lumière, de la couleur du ciel, du temps qu’il fait.
Continuerez-vous à travailler sur la Grande mosquée ?
J’irai aujourd’hui regarder ce qui se passer durant l’inauguration de la salle de prière et d’observer comment se déroulera cette cérémonie qui restera dans l’histoire religieuse et architecturale du pays. J’irai aussi vendredi pour assister à la prière hebdomadaire, car cela me permettra de compléter mon travail en m’intéressant cette fois à l’humain, aux premiers instants où l’édifice religieux sera fréquenté par les premiers fidèles qui l’aborderont.
Reporters DZ, 28 oct 2020
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