Par Kamel Moulfi
Les nombreux coups portés au Maroc par les pays de l’Union européenne et les critiques exprimées dans les médias du Palais qui reconnaissent le fiasco de la diplomatie marocaine accréditent l’idée que le ministre des Affaires étrangères, Salah-Eddine Mezouar, pourrait sauter de son poste et avec lui plusieurs ambassadeurs.
D’abord, à partir de la Belgique, un pays qui abrite une forte communauté marocaine, le député Benoît Hellings du groupe Ecolo-Groen estime que la décision de la Cour de justice de l’UE (CJUE), du 10 décembre, annulant l’accord sur la libéralisation du commerce des produits agricoles signé avec le Maroc en mars 2012, signifie clairement que les relations entre l’UE et le Maroc ne sont pas établies sur des «bases saines».
Implicitement, la CJUE reproche à l’UE d’avoir fermé les yeux pour ne pas avoir à constater que l’exploitation des richesses naturelles du Sahara Occidental est, en réalité, un véritable pillage de nature coloniale au détriment des intérêts du peuple sahraoui.
Des députés belges l’ont bien compris et appellent à interdire la vente des produits provenant des territoires occupés du Sahara Occidental en Belgique et même dans les autres pays de l’UE. Ils protestent contre l’UE qui fait le contraire en interjetant appel du jugement de la CJUE. Le député Benoît Hellings fait le parallèle avec le dossier de l’étiquetage et éventuellement de l’interdiction de la vente en Europe des produits provenant des territoires palestiniens occupés par Israël. Il invite à revoir tous les accords commerciaux conclus avec Israël et le Maroc tant au niveau multilatéral que bilatéral afin de vérifier qu’ils ne concernent pas les produits qui proviennent des territoires occupés.
A cette position des députés belges, défavorable au Maroc, vient s’ajouter une résolution de députés du Parlement européen qui sollicite les Nations unies pour l’extension du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental et exige du Maroc qu’il respecte les droits fondamentaux de la population de ce territoire qu’il occupe.
Enfin, il y a la lettre au parlement hollandais du ministre des Affaires sociales et de l’Emploi de ce pays, Lodewijk Asscher, pour l’informer qu’il a opposé une fin de non-recevoir à la demande du Maroc d’inclure le Sahara Occidental dans la convention sur la sécurité sociale entre les royaumes du Maroc et des Pays-Bas. Il confirme ainsi la position de la caisse de sécurité sociale des Pays-Bas qui considère que le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Maroc.
Pour le Makhzen et ses relais, la solution est dans la correction des «anomalies de la diplomatie marocaine». Mais la vérité est autre. Elle est dans la nature de la question du Sahara Occidental qui relève d’un processus de décolonisation auquel le Maroc s’oppose.
K. M.
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