Malgré la diminution des superficies cultivées, le haschich marocain a profondément évolué en quelques années, avec des plantes hybrides plus productives, a dévoilé l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).
Dans le nouveau numéro de sa publication « Drogues, enjeux nationaux », l’OFDT se penche sur la résine de cannabis marocaine, et fait état d’une mutation importante de la production en une décennie. Le Maroc, deuxième producteur mondial de résine de cannabis après l’Afghanistan, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a connu ces dernières années une importante réduction des superficies cultivées dans le nord du pays, passant d’un maximum estimé de 134.000 hectares en 2003 à 47.500 hectares en 2011.
Mais contrairement à ce qu’affirment l’ONUDC et des chiffres officiels marocains, évoquant une baisse de 75% de la production de haschich sur la même période, l’OFDT souligne que cette chute importante, « vraisemblablement extrapolée au regard de celles des superficies cultivées », n’est pas corroborée par les volumes de haschich saisis internationalement, qui au contraire, restent élevés. Au terme d’une enquête de terrain menée notamment dans le nord du Maroc, les deux auteurs de l’étude, Kenza Afsahi et Pierre-Arnaud Chouvy, ont notamment constaté dans les plantations l’introduction de variétés de plantes hybrides, beaucoup plus productives que le kif, la plante traditionnellement plantée. Cette substitution « peut expliquer pourquoi la production de haschich marocain aurait peu baissé, alors que les superficies cultivées ont bel et bien baissé », note l’OFDT.
« Le recours aux hybrides explique la hausse rapide et importante du taux moyen de THC de la résine marocaine », observée dans les saisies de divers pays de l’UE. L’analyse d’échantillons saisis en France a montré que les taux de THC moyens sont passés de 8% entre 1980 et 1990, à 10% en 2007, 12% en 2011, 16% en 2012 et plus de 17% en 2013 (avec un maximum de 39% relevé en France).
« Les entretiens menés auprès de cultivateurs de cannabis du Rif révèlent que les hybrides permettent d’obtenir des rendements à l’hectare en résine supérieurs à ceux du kif » (multipliés par deux ou trois sur trois ans), et que « les effets psychotropes du haschich produit à partir de ces hybrides sont plus importants que ceux du haschich marocain traditionnel .
Algérie Confluences, 22/06/2015
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