par Yazid Alilat
Le jeu trouble des autorités marocaines dans la persistance de la crise politique, au nord du Mali, qui mobilise les efforts de la Communauté internationale, vient d’être, une nouvelle fois, officiellement, confirmé par un communiqué inquiétant du ministère marocain des Affaires étrangères.
Alors que les parties maliennes qui ont signé, le 1er mars dernier, l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger, pressent les mouvements touaregs du Nord de mettre leur paraphe, Rabat a manifesté, encore une fois, vendredi, son ingérence dans un conflit qui la dépasse.
Dans un communiqué, foncièrement, hostile aux efforts de l’Algérie, dans le cadre de la médiation, de rapprocher les points de vue entre parties maliennes, Rabat « note avec une grande déception le recul préoccupant que connaît le processus de paix au nord du Mali ». « (…) après une dynamique prometteuse, sous la houlette de la CEDEAO, le dossier malien est, désormais, traité de manière opportuniste, par des parties, directement intéressées, et loin de son contexte légal et régional, prôné par les Nations unies », affirme le ministère marocain des Affaires étrangères, notant que « la solution à la crise du nord du Mali ne saurait être imposée ». Pour le Maroc, « cette solution ne peut pas être obtenue, à coups de menaces, de manœuvres d’intimidation ou de chantage, surtout de la part de parties qui n’ont aucune légitimité pour le faire et qui ont, toujours, agi pour la déstabilisation de la région ». Plus belliqueux, encore, à l’égard de l’Algérie, le Maroc croit, par ailleurs, bon d’ajouter que « le Mali ne peut continuer à être traité comme une arrière-cour privée ou un terrain d’expérimentation».
La position du Maroc vis-à- vis du dossier malien est bien connue par les observateurs, d’autant que certains groupes terroristes « morts-nés » ont été armés et formés par les services de renseignement marocains, dont le Mujao’, au plus fort de la lutte de l’armée malienne contre les groupes terroristes qui avaient pris en otage les trois grandes villes du Nord-Mali, et capturé et assassiné des membres du Consulat d’Algérie à Gao.
La sortie du Maroc sur ce dossier, alors que les mouvements touareg s’apprêtent à signer l’Accord de paix d’Alger, n’est pas innocente, d’autant que l’un des dirigeants du MNLA, un des principaux mouvements de la rébellion touareg du Nord, Bilal Ag Acherif a été reçu, à plusieurs reprises, durant l’été 2014, à Rabat par le ministre des Affaires étrangères marocain et même par le roi du Maroc. Depuis, les choses ont changé, au sein du MNLA, un des trois mouvements touareg à n’avoir pas, encore, signé l’Accord de paix d’Alger. Un communiqué, rendu public, la semaine dernière par la Coordination des mouvements touareg (CMA), avait annoncé qu’une délégation de la Coordination s’était déplacée, mardi 31 mars, à Alger pour discuter de cet accord et demandé à y introduire des améliorations. Le communiqué de la CMA indique, en particulier, que pour « lever les derniers obstacles, au paraphe et à la signature finale du projet d’accord, issu du processus d’Alger, (la Coordination des Mouvements de l’Azawad) a demandé à être reçue par l’Algérie », chef de file de la médiation. Cette délégation de la Coordination avait été conduite par Bilal Ag Acherif, qui s’est donc rendu, à Alger, mardi, selon le même communiqué de la CMA. Dès lors, la réaction du Maroc, qui ne fait pas partie de la médiation, composée, notamment, des pays de la CEDEAO et des pays voisins, de l’ONU également, semble être une réaction de dépit, et tente, ainsi, de torpiller le processus de paix, réalisé par la « médiation », conduite par l’Algérie.
Le déplacement du président malien à Alger où il a effectuée une visite d’Etat de trois jours semble, d’autre part, avoir irrité à Rabat où l’essentiel de l’activité diplomatique, loin d’aider à la résolution des conflits régionaux, est de torpiller tous les efforts de l’Algérie et de la Communauté internationale, pour ramener la paix et la sécurité. Autant au Mali qu’en Libye, deux pays n’ayant aucune frontière avec le Maroc. Pour autant, certains observateurs n’ont pas manqué de faire le lien entre la déclaration inamicale, envers l’Algérie, très officielle du Palais royal, vendredi et le brusque regain de violence armée, d’hier, samedi, sur fond d’actions imputées à des « barbouzes », pour semer la terreur au Mali.
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