Est-ce une fatalité d’être dominé par l’Occident ?

Une lecture plus qu’évidente s’impose à la lumière de l’actualité, dont les événements quasi quotidiens nous confirment que, nous, populations d’Afrique et du monde arabo-musulman, sommes des éternels colonisés. En effet, nous ne pouvons que constater que l’Occident nous dirige toujours après des siècles de sang et de larmes, et que les traîtres de chez nous favorisent la prospérité et le travail des Lawrence d’Arabie modernes. L’Occident nous invente des printemps et des hivers « démocratiques » à sa guise, nous engluant dans la colonisation des quatre saisons en créant des concepts de révolutions arc-en-ciel. Qu’en est-il de nous dans ce processus ? Si les Occidentaux se sont faufilés dans la faille de nos guéguerres confessionnelles, ethniques, raciales, tribales, pour mieux nous dominer, que faisons-nous pour nous affranchir de leurs nouvelles chaînes ? Sentons-nous au moins à quel point nous sommes asservis ? Rosa Luxembourg ne disait-elle pas déjà à l’époque : « celui qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes »? Nous ne faisons que gesticuler, inconscients d’être un élément docile dans le dispositif des Occidentaux, c’est-à-dire un tas de pions sur un échiquier, nous bornant à nous lamenter sur notre sort en pataugeant dans un sous-développement et une décadence inavoués.
Les exemples sont multiples et se manifestent clairement dans le cas de la Tunisie où, après nous avoir vendu un printemps sans hirondelles mais rempli de chauve-souris, le service après-vente du capital a voulu nous éblouir avec un soi-disant renouveau en ne trouvant rien de mieux que de ramener sous les feux de la rampe un dinosaure de 88 ans resurgi de l’ère Bourguiba et qui, par-dessus le marché, était chef de la police de celui-ci. Cela rend espoir à tous les despotes de la région, vieillards cacochymes, qui peuvent à nouveau espérer une deuxième jeunesse et garder le pouvoir éternellement. Pourquoi ne pas ressusciter Bourguiba tant qu’on y est ? Bien évidemment, tout le monde doit suivre la cadence et s’émouvoir de cette grande épopée démocratique qui consiste à nous replonger dans un passé lointain pour vivre notre présent. On sort des gens du congélateur pour les remettre sur scène et… bonne route. Sommes-nous donc condamnés à reculer pour avoir l’impression d’avancer ? C’est ce que semble nous dire l’Occident en voulant nous coller comme modèle le laboratoire tunisien sans nous informer, bien entendu, de la rencontre de Ghannouchi avec Béji Caïd Essebsi à Paris bien avant les récentes « élections ». Mais, bon sang, pourquoi toujours Paris ou, quand ce n’est pas Paris, c’est Londres ou Washington ? Pourquoi devons-nous chaque fois aller valser à Vienne pour gérer notre cuisine interne ? Que s’est-il déroulé lors de cette réunion secrète entre Ennahdha et Nidaa Tounes à Paris, dont rien n’a filtré, ni dans les medias ni chez les politiques ? C’est pourtant là que s’est joué l’avenir de la Tunisie, avec des hommes du passé. Pourquoi Ennahdha ne présente-t-il pas de candidat aux présidentielles prochaines ? Est-ce normal pour la deuxième force politique en Tunisie ? Cela fait-il partie du deal qui a eu lieu à Paris ? L’arrivée au pouvoir d’Ennahdha, membre de la Troïka, a été sanglante, rappelons-nous les attentats et les prêches dans les mosquées contre les opposants politiques inscrits dans sa liste des personnalités à éliminer et dont certains ont été assassinés. Qui a envoyé, via la Turquie d’Erdogan, grand frère de la confrérie des Frères musulmans, des milliers de Tunisiens et Tunisiennes faire les divers djihads, allant de celui du nikah à celui des égorgements, si ce n’est Ennahdha que l’on cherche à nous présenter aujourd’hui comme un parti acceptable ? Où vont échouer ces milliers de terroristes tunisiens, une fois leur mission terminée en Syrie ? Qui a encouragé le terrorisme en Tunisie, sinon Ennahdha qui joue maintenant l’apaisement et qui prétend se positionner en arbitre d’un gouvernement national voulu par ses maitres occidentaux ? Ghannouchi n’a-t-il pas déclaré que la Tunisie était une terre de transit pour tous les djihadistes ? Transit pour aller où ? Vers la Syrie, la Libye, ou l’Algérie ? En faisant profil bas depuis un bon moment, ce qui n’est pas dans ses habitudes ni dans celles de ses maîtres qataris et saoudiens, Ghannouchi a évité de reproduire les fautes de ses frères algériens mais, quoi qu’il fasse, il reste un terroriste rusé qui attend son heure. Les Occidentaux, après l’échec de leur chaos créatif en Libye, en Syrie, au Yémen, au Soudan, etc. veulent coûte que coûte nous faire miroiter le modèle tunisien en nous l’agitant sous le nez comme une promesse de transition aboutie. C’est du déjà vu. Ils essaient de nous faire admettre que la Tunisie est le laboratoire qui a réussi les tests. Sommes-nous donc des rats de laboratoire ? Effectivement, le chaos libyen n’offre pas d’autre choix à l’Occident que de nous vanter les charmes des reliques purulentes d’un printemps maudit. Il faut sauver les meubles face au fiasco qui a détruit des pays, et l’exploitation du « modèle » tunisien est essentielle dans l’agenda et le calcul de l’Occident qui nous fabrique ainsi un nouveau scenario, même s’il exhale des relents pestilentiels. Applaudissez bonnes gens, les chancelleries occidentales en ont décidé ainsi et nos peuples, quantité négligeable réduite à l’état de tubes digestifs, sont destinés à animer les printemps de l’impérialisme et du grand capital qui s’accommodent de tout, travaillent avec n’importe qui, y compris les pires crapules, mais surtout pas avec de vrais patriotes qui revendiqueraient d’être les égaux de ces Occidentaux. Tout est bon, sauf des patriotes au pouvoir susceptibles d’exiger une indépendance réelle et non pas illusoire.
Autre cas, autres circonstances : les récents événements au Burkina Faso où le peuple dans sa totalité n’a pas pu obtenir de Blaise Compaoré ce qu’a produit la lettre de sommation de François Hollande lui ordonnant de quitter le pouvoir immédiatement. Compaoré s’est exécuté illico presto et a rejoint la Côte d’Ivoire, autre contrée qui mériterait d’être rattachée au Bois de Boulogne. La France commence à évoquer les printemps « noirs », via ses médias mainstream à la solde du grand capital. Il faudra donc s’attendre à un effet boule-de-neige concernant les despotes que la France a placés en Afrique et qu’elle va certainement recycler dans un futur proche. On pourrait appeler cela un renouvellement du personnel nommé par la France à la tête de certains Etats africains. Nouvelle conjoncture, nouveaux larbins. Non content de sa récente prestation dans les affaires internes du Burkina Faso, le président « normal » François Hollande, qui s’est distingué par un règne cauchemardesque pour la population française, a offert à son peuple une conférence de presse digne d’Halloween avec Erdogan « le Magnifique », sans avoir besoin du célèbre déguisement de clown. Merdogan n’a pas hésité à gémir comme il sait si bien le faire et à se plaindre à ses amis de l’Otan pour leur reprocher de ne pas avoir bombardé toute la Syrie et d’avoir restreint leurs bombardements sur Kobané uniquement. L’œil d’Erdogan n’est pas fixé que sur « l’Œil des Arabes » (ndlr : Aïn al-Arab, nom arabe de Kobané) mais sur toute la Syrie et, dans cette optique, il offre une assistance diversifiée à ses amis de Daech-ISIS. Rappelons – c’est devenu un secret de polichinelle – les rapports étroits entre Erdogan et Daech-ISIS dont nous avons bien du mal à énumérer toutes les transactions allant du pétrole et du gaz irakien qu’il vend pour ses copains coupeurs de têtes qui enrichissent les banques turques, jusqu’aux divers trafics qu’il entretient, lui qui a profité de la destruction totale de l’industrie textile syrienne, fleuron de ce pays, profitant du séisme qu’a vécu la Syrie. Tel un charognard, Erdogan s’engraisse de la destruction massive de l’Irak et de la Syrie, et il en demande davantage à ses maîtres occidentaux. Les Américains et leur coalition de pantins, quant à eux, nous ont offert la « blague » de l’année qui consiste à larguer des armes et des munitions à Daech-ISIS en faisant porter le chapeau à la météo et en nous faisant croire qu’ils ont fait une erreur de ciblage. Tout le monde sait que Daech-ISIS est le monstre de Frankenstein des USA, il est inutile de nous raconter des histoires à la Belle au Bois Dormant en publiant des bulletins météo de l’OTAN. Chacun sait, à moins d’être le dernier des abrutis, que les USA sont les créateurs du terrorisme islamiste, socle sur lequel repose la stratégie de domination du monde arabe. Il faudrait cesser d’insulter ce qu’il nous reste de neurones en essayant de nous faire gober des couleuvres. Kobané restera une plaie béante dans l’histoire de l’Occident, car elle a été sacrifiée malgré la puissante machine de guerre surnommée « la coalition » qui a derrière elle le soutien d’une armada de médias mainstream. Une fois de plus, les Occidentaux nous ont prouvé qu’ils font tout, excepté combattre le terrorisme. Qu’y a-t-il de plus ridicule que de vendre cette marchandise avariée qui consiste à prétendre que Daech-ISIS serait plus puissant que la coalition de l’OTAN ? Nous ne sommes pas dupes de ces mensonges, nous avons bien compris que les Occidentaux ne veulent pas tuer leurs amis et ceux d’Israël. Qu’ils cessent leurs bombardements « démocratiques » sur cette ville qui ne servent qu’à faire diversion et à brasser du vent. Le combat antiterroriste, c’est tout sauf ce qu’ils font en ce moment à Kobané où des jeunes femmes tiennent tête aux hordes barbares créées par l’Occident et donnent des leçons de bravoure à des armées qui n’ont jamais gagné aucune guerre. Vous, les dirigeants de l’OTAN, le sacrifice de ces femmes qui se font exploser pour échapper à vos monstres de Daech-ISIS vous empêche-t-il de dormir la nuit ?
Voilà le venin que l’Occident a voulu répandre dans le corps de tout le monde arabe et de tous les pays sous-développés. Ainsi va le monde arriéré dans lequel nous pataugeons : de transitions en fausse couches de printemps hivernaux, tant que le capital prospère, circulez, il n’y a rien à voir. Pourquoi nos peuples abusés désabusés se laissent-ils manipuler et pourquoi, à chaque fois qu’ils remuent un orteil, on leur ressort la stabilité et la sécurité ? Mais stabilité et sécurité de qui et de quoi ? Bien sûr, on sait à qui profite le crime. Cependant, arriver au point où nos chefs d’Etat se baladent en chaise roulante ou avec des cannes et exécutent au doigt et à l’œil les murmures de Fafa (ndlr : nom algérien de la France), juste les murmures, ne laisse pas d’étonner. Paris éternue et nous chopons un rhume. Nous sommes des peuplades errant à travers le temps, tels des fantômes qui se baladent entre les différentes dimensions. Nos présidents vieux, sales et moches, et nos gouvernements nous baratinent tout en obéissant à l’Occident, et nous sommes incapables de les faire déguerpir ou de les dégager, car nous subissons une mort qui nous ravage de l’intérieur. En Algérie, les sourires des enfants de Novembre se sont éloignés du rivage d’Alger et les ténèbres des chacals de tous bords ont envahi le ciel lumineux de notre patrie. La terre des vaillants guerriers est entrée en léthargie par l’impotence et l’avidité d’un groupe de personnes et de la bourgeoisie compradore qui a livré notre pays à la France sans aucun remords en perdant toute dignité, profitant de la lassitude du peuple à guerroyer comme il l’a toujours fait contre les ennemis de la nation, dont ces nouveaux riches sont l’étendard et qui pillent et volent notre nation. Pourquoi nous cantonner dans les réflexes du colonisé, nous qui avons croisé le fer avec tant de nations conquérantes, pourquoi la chaise roulante a-t-elle eu raison de nos rêves révolutionnaires, et pourquoi nous cantonne-t-elle dans le régionalisme, la corruption et le clientélisme ? Où est la fêlure ? Allons-nous rester figés dans une Histoire en mouvement pour ensuite revenir au congélateur et ranimer des surgelés politiques ? Pourquoi ces régressions perpétuelles infécondes qui font de nous des pays en voie de disparition ? Le Soudan a éclaté, ainsi que l’Irak, la Syrie, la Libye, le Yémen, et la liste est ouverte, n’en déplaise à ceux qui se cantonnent dans leur aveuglement politique en espérant tirer profit de leurs maîtres occidentaux, alors que ceux-ci ont montré à maintes reprises qu’ils sacrifieront sans état d’âme tous leurs larbins, une fois leur utilité passée, pour sauvegarder leurs intérêts. Quant à nous, les peuples, nous devons prendre conscience que la destruction de nos pays d’une manière directe ou indirecte est devenue un objectif stratégique du capital et de l’impérialisme, pendant que certains s’accrochent au pouvoir, rivalisant pour plaire à l’Occident. Ces dirigeants politiques qui n’ont rien appris de l’Histoire sont destinés à disparaître et à tomber telles des feuilles mortes, et un court communiqué lu au journal télévisé de 20 h à Paris ou ailleurs sera leur seul éloge funèbre. Et nous continuerons à nous taper dessus, l’Occident poursuivant sa stratégie en alimentant nos guerres confessionnelles, ethniques, tribales, et autres querelles de basse-cour. Et nous persisterons à fermer les yeux et à écouter les chuchotements de Paris, de Londres et de Washington, au grand bonheur d’Israël qui se délecte de notre putréfaction et de notre enthousiasme à aller en chantant vers l’abattoir et à participer au démantèlement de nos Etats, chacun comme il peut, jusqu’au jour où l’entité sioniste d’Israël deviendra le plus grand pays du Moyen Orient. En espérant l’éveil qui n’est pas pour demain, puisque nos partis, nos élites, nos opposants, et toute notre société civile sont hors-jeu, nous attendrons Godot le temps qu’il faut, car dans notre détresse immense, s’il y a bien une chose que nous savons faire, c’est de patienter.
C’est comme si nous avions affaire à des nations de spectateurs qui se regardent mourir. Chez nous, c’est tous les jours Halloween entre les coups d’Etat, les destitutions, et autres catastrophes. Seuls sont préservés les pays des Bédouins niqueurs de chameaux où la modernité se résume à construire des buildings géants et où la femme n’a pas le droit de conduire une automobile, où la loi de kafala archaïque règne en maître et où les débats sociaux se limitent à discuter sur la manière correcte de faire les ablutions, où n’existe aucune créativité, sauf dans la consommation de ce que l’Occident produit. Le génie d’antan a abandonné nos contrées arides et nous sommes devenus des peuples et des nations maudites, où l’on continue à lapider l’intelligence, à emprisonner ou assassiner tout ce qui est moderne et progressiste en nous. Nous nous précipitons sur les concepts-pièges concoctés par l’Occident et, telle une bête primitive, nous les rongeons comme des os jetés par le maître blanc. Traînez vos carcasses, peuples maudits, aucun Eden ne vous accueillera, vous qui aimez assassiner, lapider, décapiter, dans un train-train quotidien monstrueux en vous accrochant à des pouvoirs illusoires à la solde de l’Occident qui, même dans ces heures sombres où la crise du capitalisme a atteint son apogée, a réussi à vous domestiquer. La seule lueur d’espoir ne peut exister que dans le désespoir, celui-là même qui verra disparaître tous les peuples et les nations qui ne méritent pas d’être sur terre, et à ce moment, vos printemps seront vos hivers et vos automnes seront vos étés. Buvez jusqu’à la lie le fiel des nations et des peuples colonisés. Les monarchies obsolètes, comme celle du roitelet du Maroc, au lieu de concentrer leurs efforts pour améliorer le sort de leurs peuples, vivent dans des palais luxueux et dépensent des millions de dollars dans les casinos occidentaux. Le roitelet du Maroc a-t-il tenté de récupérer ses territoires de Ceuta et Melilla qui sont toujours sous domination espagnole ? Au lieu de cela, le Maroc a soudoyé des hauts fonctionnaires et des journalistes occidentaux à coup de milliers de dollars pour défendre les intérêts d’une classe privilégiée, offrant un pont d’or à des journalistes américains et européens pour combattre à travers leurs articles les revendications de liberté du peuple sahraoui, qui sera libre tôt ou tard, que le Maroc le veuille ou non, et pour contrer l’Algérie. Nul besoin de recruter à Washington ou à Paris pour tenter de nuire à l’Algérie, l’ennemi est à l’intérieur de la maison, sachant que Hamid Grine, le ministre de la Communication, de la Publicité et de la Vertu, de la République Algérienne Démocratique et Populaire roule pour le Makhzen. Voilà donc bien des dollars qui auraient pu être économisés. Les révélations de notre ami Chris Coleman, le Snowden arabe, ont fait éclater un véritable scandale à l’ONU en dévoilant que l’ambassadeur marocain à Genève avait réussi à infiltrer l’entourage de l’ex-Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, offrant des centaines de milliers de dollars pour mieux manipuler toutes ses actions concernant le dossier des violations des droits de l’homme au Sahara Occidental. Des membres de son staff, dont le Suédois Anders Kompass, Directeurs des Opérations sur le terrain, et le Sénégalais, Bacre Waly Ndiaye, Directeur des Procédures Spéciales, participaient à des réunions à huis clos au siège de l’ambassade marocaine dans le but de fournir des informations confidentielles. Ces centaines de milliers de dollars ont été dépensés par le roitelet du Maroc pour contrecarrer les objectifs de l’ONU et de son envoyé au Sahara occidental, Christopher Ross, et pour discréditer le travail des fonctionnaires honnêtes, enlevant le pain de la bouche du peuple marocain qui crève la dalle et qui émigre en masse, fuyant un roitelet de poche dirigé par l’Occident et Israël. Toutes ces pratiques mafieuses montrent l’état de délabrement de ces monarchies qui ne se soucient pas de la misère de leur population. Mohamed VI du Maroc aurait pu construire des écoles et des usines pour son peuple, mais non ! Il faut plaire à l’Occident et à Israël et lui offrir ses parties charnues. Jusqu’à ce jour, le Maroc n’a publié aucun démenti à propos de ces révélations.
Aujourd’hui, nous réclamons notre statut de colonisés, car comment pourrions-nous accepter que des pays en faillite totale nous imposent leur loi, si nous n’étions pas des peuples atteints du complexe du colonisé ? L’Occident se démène dans des crises systémiques et, malgré cela, nous nous mettons à genoux devant lui. On est loin des Phares de Baudelaire mais nous restons quand même aux ordres, plaçant nos repères en Occident qui est notre seul référent à la modernité, cet Occident restant pour nous, peuples arriérés, l’unique modèle viable, notre boussole. Offrant de nous-mêmes notre cou au bourreau, nous sommes des syndromes de Stockholm ambulants. Pourtant il existe d’autres modèles, comme les pays du BRICS, mais non, notre étoile reste l’Occident qui s’ingénie à nous inventer des concepts mortifères à satiété. Le mot révolution est tellement vidé de sa substance, on nous l’a servi à tant de sauces, que le simple fait d’aller aux chiottes est devenu « révolutionnaire ». Dans notre aliénation, nous avons été les piliers du capital, lui permettant de retarder son agonie par notre inertie et notre manque de combativité, voire notre mort clinique, et l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, va pouvoir venir nous dépecer tout à sa guise à l’image de nos tribus, nous transformant en autant de marchés supplémentaires. Notre absence de clairvoyance et de combattivité nous rend directement responsables de notre disparition programmée. Les populations occidentales qui subissent une crise systémique majeure du capitalisme, permettent au capital mourant de respirer en acceptant d’être réduites à la précarité et au travail en noir massif, et en renonçant passivement à la destruction de leurs acquits sociaux que leurs grands-parents avaient conquis par la lutte, pendant que nous nous soumettons au sud. Cette convergence régressive de la société occidentale en perte de repères et de la nôtre avec sa mentalité de colonisé et de sous-développé offre un répit au capital en déclin. L’inverse serait la mort immédiate du capitalisme et de l’impérialisme. Pourquoi le capitalisme, même laminé de l’intérieur et ne produisant plus rien, se base-t-il sur l’individualisme, si ce n’est pour contrer les forces d’union à travers le monde ? Il se recycle grâce à nos déchéances respectives et à la fragmentation de nos sociétés. Un travail à l’échelle mondiale avec toutes les forces anticapitalistes est plus qu’indispensable pour pousser le capital dans ses derniers retranchements, anéantir son mode de fonctionnement bestial consistant à exploiter l’homme par l’homme, et y mettre un terme définitif. Il est plus que jamais nécessaire d’être internationaliste si l’on veut exister en tant qu’être humain. En attendant, le capital survit grâce au délabrement des forces de travail et de leur encadrement, que ce soient les syndicats ou les partis ouvriers, et grâce au relâchement des peuples du sud. Les institutions du grand capital s’alimentent de la corruption caractérisée des régimes qui lui sont inféodés, comme nous l’avons plus haut dans l’exemple du lobbying marocain auprès de la presse occidentale et des fonctionnaires de l’ONU. Nos guerres de primates qui se basent sur la religion, l’ethnie, l’esprit tribal, etc. conjuguées à une société occidentale délabrée livrée à l’ignorance et à l’analphabétisme galopant, ont participé à consolider la mainmise du capital et de son bras armé l’impérialisme. Tout le monde végète sous la domination capitaliste en regardant le dépeçage de pays entiers à la télévision, le capitalisme misant sur la division entre les peuples et amplifiant l’individualisation de la société, chacun vivant dans la débrouille et l’indifférence du sort de son voisin. Tous ces facteurs font de nous des êtres dominés au lieu d’êtres des hommes et des femmes libres. Bref, chacun tapine pour le capital en chantant « Tout va très bien Madame la Marquise », et surtout pas l’Internationale. Les capitalistes sont plus intelligents que les sociétés qu’ils dominent, ils offrent l’apocalypse au sud et la précarité au nord, et même si la plus-value baisse, ils la préfèrent à la révolution. Au lieu d’avoir contre lui des forces de résistance alliées par la douleur et le sang versé, le capital s’offre le loisir de manipuler au gré de son envie des moutons bêlants. Au nord, c’est : « consommez pour être heureux », et au sud c’est : « égorgez-vous les uns les autres à la grâce de dieu ». Pendant ce temps, le capitalisme prospère dans un investissement à court et à moyen terme sachant que dans le long terme, il est condamné à mourir par ses propres mécanismes. Et l’impérialisme mourra inéluctablement des effets secondaires de la fin du capitalisme. L’exemple à suivre nous vient des peuples d’Amérique Latine qui nous offrent une lueur d’espoir dans ces ténèbres opaques, et ce n’est pas un hasard si ces pays qui ont réussi à s’affranchir du joug de l’Empire retrouvent la croissance et l’épanouissement de leurs citoyens. Il n’est pas trop tard pour les damnés de la terre de relever la tête, de briser leurs chaînes et de clamer haut et fort : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Mohsen Abdeloumen

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