Le 31 janvier 2014
La région du Sahel est une zone géographique qui fait face à des défis structurels, en raison notamment de sa situation géographique enclavée, de son climat semi désertique (rareté des terres cultivables et gestion problématique de l’eau) et de sa croissance démographique. Cette situation conduit à un taux de chômage élevé parmi les populations jeunes. Cette fiche expose les principaux risques et menaces au Sahel, les efforts de la communauté internationale en soutien à cette région et les efforts déployés par le Maroc dans le cadre de cette dynamique.
I – Principaux risques au Sahel :
La fragilité des États dans la région du Sahel est exacerbée par des risques externes (mondialisation, nouvelles technologies de communication) et internes (chômage, pauvreté, disparités sociales et insécurité), qui contribuent à la délégitimation de l’État. Les armées mauritanienne, nigérienne et malienne ont des effectifs totalement insuffisants et manquent de moyens. La Mauritanie, le Mali et le Niger, pour ne citer que ces pays, ne possèdent respectivement que 15 870, 7 750 et 5 300 militants (2011).
Le risque terroriste dans la région est lié à l’émergence de diverses organisations terroristes telle que Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), à savoir des éléments de Boko Haram, Ansar Dine, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), Al-Shabaab, ainsi que des éléments du polisario recrutés dans les camps de Tindouf, qui représentent une menace pour la sécurité régionale en étant un terrain fertile de recrutement pour les terroristes et les trafiquants.
A cela s’ajoutent les répercussions de la crise libyenne qui ont exacerbé une situation déjà précaire sur le plan de la sécurité dans la région. D’énormes stocks libyens d’armes de différents types ont été transférés vers les pays du Sahel. A cet effet, l’année 2013 aura enregistré un chiffre record d’actes terroristes par rapport aux douze dernières années, avec 230 incidents recensés.
Le Sahel constitue également un terrain propice pour le transit de la drogue émanant de l’Amérique du Sud et destinée au marché européen. L’intervention militaire française au Mali a poussé les trafiquants à délaisser l’axe nord qui passait par le Nigeria et l’Algérie, au profit d’une route transitant par le Niger, le Tchad et la Libye. En 2012, on estime que 18 tonnes de cocaïne, d’une valeur de 1,25 milliard de dollars, ont transité par l’Afrique de l’Ouest, dont une partie, sans doute, par le Sahel.
Le Sahel est devenu également une plaque tournante d’autres trafics illicites : des êtres humains, du pétrole, des cigarettes, des médicaments de contrefaçon, des armes à feu et des déchets toxiques transitent illégalement dans la région. L’Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime (ONUDC) a estimé ces trafics illicites à 3,8 milliards de dollars US par an. De ce fait, l’aide internationale demeure insuffisante et très fluctuante pour aider les États de la région à faire face à leur faiblesse notamment au niveau institutionnel.
II – Les efforts de la communauté internationale :
Depuis l’éclatement de la crise au Mali et au Sahel, la communauté internationale a déployé plusieurs efforts pour venir en aide aux pays de cette région. Dans cette optique, plusieurs stratégies internationales et régionales ont été adoptées pour remédier aux multiples défis de sécurité et de développement. A cet égard, il y a lieu de mentionner La Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel, les stratégies de la CEDEAO, de la CEN-SAD, de l’Union européenne (la Stratégie de l’Union européenne pour la sécurité et le développement au Sahel) et des Etats Unies d’Amérique (l’initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme).
1 – La Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel :
La Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel a été adoptée conformément aux dispositions de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU N° 2056 du 05 juillet 2012, par laquelle le Conseil a exhorté le Secrétaire Général de l’ONU à développer une stratégie intégrée pour la région du Sahel comprenant les volets sécuritaires, la gouvernance, les questions de développement, les droits de l’Homme et les questions humanitaires.
La préparation de cette stratégie a été confiée à Monsieur Romano Prodi, nommé Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l’ONU au Sahel, qui l’a présentée devant le Conseil de Sécurité le 26 juin 2013. La réunion de haut niveau sur le Sahel, tenue le 26 septembre 2013 à New York, en marge de la 68ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, a marqué le début de la mise en œuvre de cette stratégie.
La Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel repose sur la réalisation des trois objectifs suivants : développement d’une gouvernance effective et inclusive à travers la région ; des mécanismes nationaux et régionaux pour faire face aux menaces transnationales ; des mécanismes nationaux et régionaux pour faire face aux menaces transnationales.
La situation qui règne dans la région du Sahel a incité la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) à mettre en place une Stratégie Intégrée pour la Stabilisation et le Développement, à travers une structure inclusive, de dialogue et de coordination entre les pays du Sahel, ceux de l’Afrique de l’Ouest, et leurs frères du Maghreb.
L’importance primordiale de l’engagement du Maroc aux côtés des pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a été fortement soulignée par le message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au 42ème Sommet de la CÉDÉAO à Yamoussoukro, à travers lequel le souverain a plaidé en faveur d’un véritable partenariat entre les pays de l’Union du Maghreb Arabe et leur voisinage immédiat du Sud.
3 – La Stratégie de Sécurité et de Développement de la CEN-SAD :
La Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) a élaboré, elle aussi, une Stratégie de Sécurité et de Développement dans l’espace CEN-SAD, conformément aux recommandations du Sommet extraordinaire, tenu le 16 février 2013 à N’Djamena.
A cet effet, le Maroc estime que la mise en œuvre de cette Stratégie nécessite l’établissement d’une véritable coordination des efforts des Nations Unies, avec ceux des États membres de l’Union Européenne, de l’Union du Maghreb Arabe et de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO).
4 – La Stratégie de l’Union européenne pour la sécurité et le développement au Sahel :
L’Union européenne a adoptée, en mars 2011, une «stratégie de l’Union européenne pour la sécurité et le développement au Sahel», qui propose une série d’actions stratégiques fournissant un cadre dans lequel l’UE peut développer des projets concrets (développement et bonne gouvernance ; action politique et diplomatique ; sécurité et Etat de droit ; lutte contre le terrorisme).
5 – L’initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme :
Les Etats Unies ont élaboré En 2005 « l’Initiative Transsaharienne de Lutte Contre le Terrorisme » (TSCTI) qui a succédé l’Initiative Pan-Sahel de 2002, qui visait à protéger les frontières, en incluant d’autres pays, notamment la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et le Nigeria, le Burkina et la Libye.
La TSCTI comporte, outre la coopération militaire, des actions de l’USAID (promotion de l’éducation), du département d’État américain (amélioration de la sécurité aéroportuaire), et du département du Trésor américain (assistance en faveur des politiques macroéconomiques de la région).
III – Maroc – Sahel :
La crise au Mali a accru les craintes d’une instabilité au Sahel et au Maghreb. Le Maroc a appelé à une coopération régionale en matière de gestion des frontières pour la lutte contre le terrorisme.
Le Maroc n’a cessé d’attirer l’attention de la Communauté Internationale sur les défis sécuritaires et humanitaires qui pèsent sur l’ensemble des pays de la région du Sahel et d’appeler à une coopération régionale accrue pour les relever.
Le Maroc estime que les approches individuelles et séparées des pays de la région ont prouvé leur inefficacité et appelle de ce fait, à une approche globale et collective associant tous les pays concernés de près ou de loin par le problème de l’instabilité au Sahel.
De par son mandat au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU pour la période 2012-2013, qui a coïncidé avec le déclenchement de la crise au Mali, le Maroc a activement contribué à l’élaboration et à l’adoption de la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel. A ce sujet, il convient de rappeler, entre autres, les actions suivantes :
Soutien et appui à l’adoption des quatre résolutions du Conseil de Sécurité sur le Mali, à savoir les résolutions 2056 (5 juillet 2012), 2071 (12 octobre 2012), 2085 (21 décembre 2012), 2100 (25 avril 2013) ;
Participation lors de la 68ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU (septembre – octobre 2013) à la réunion de Haut niveau sur le Sahel ;
Lors de la présidence marocaine du Conseil de Sécurité en décembre 2012, le Maroc a organisé une réunion ministérielle consacrée à la crise multidimensionnelle au Sahel, avec pour objectif d’établir une “démarche plus globale et mieux coordonnée”. Ce débat était présidé par le Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération, Monsieur Saad Eddine El Otmani, avec la participation du Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, de l’Envoyé Spécial pour le Sahel, l’ancien chef du gouvernement italien, Romano Prodi, et du Haut Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres et de plusieurs ministres des Affaires Étrangères, notamment de Colombie, du Togo et de Côte d’Ivoire ;
Organisation à Rabat en mars 2013, en collaboration avec les Nations Unies de la Conférence sur « la coopération en matière de contrôle des frontières dans le Sahel et le Maghreb » ;
Participation de Monsieur le Ministre, le 05 novembre 2013, à la réunion ministérielle pour l’établissement d’une plateforme de coordination relative à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel.
Coopération religieuse :
Dans le cadre de l’action de soutien en direction du Mali et le Sahel, le Maroc a choisi, entre autres, d’axer son action sur le volet religieux visant la reconstruction du champ religieux par la promotion de l’Islam sunnite modéré.
A cet égard, les deux pays ont signé le 20 septembre 2013, un Protocole d’accord sur la formation de 500 imams sur une durée de deux ans. Dans cette même optique, ils ont signé le 11 novembre 2013, un accord de coopération islamique portant sur plusieurs axes de coopération islamique. En vertu de cet accord, un Comité Mixte de Coopération Islamique a été institué et aura pour mission de développer les relations de coopération islamique et d’assurer le suivi des programmes d’application dans le domaine islamique.
Cette coopération religieuse avec le Mali, favorablement accueillie par la communauté internationale, servira de modèle à suivre notamment dans nos relations de coopération islamique avec le Niger et la Guinée.
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