La énième manœuvre de Rabat via le Forum de Crans-Montana

À la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental
La énième manœuvre de Rabat via le Forum de Crans-Montana
Que vise l’organisation du Forum de Crans-Montana à Dakhla, une ville sahraouie sous occupation marocaine, à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, jugée cruciale, sur la situation de l’ex-colonie espagnole, classée “territoire non autonome” par l’ONU ?
La tenue de ce congrès international sur la coopération et le développement, du 12 au 14 mars prochain, s’apparente à un coup de force contre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, destiné à faire dévier le processus de paix des rails de la légalité internationale. L’entêtement dont a fait montre l’ONG suisse Forum Crans-Montana, qui a décidé de maintenir sa rencontre dans la ville occupée du Sahara occidental, comme s’il s’agissait d’une ville marocaine, en dit long sur ses intentions. 
En effet, l’acharnement de ses responsables qui, pour rappel, intervient au moment où la République sahraouie (RASD) s’apprête à commémorer le 39e anniversaire de sa proclamation (le 27 février 2015), vient contrarier les efforts de l’ONU, notamment ceux de l’envoyé personnel de son secrétaire général, Christopher Ross, chargé sur le terrain de rapprocher les vues des deux parties en conflit, le Front Polisario et le royaume du Maroc, afin de trouver une solution politique juste et pacifique, qui assurerait l’autodétermination du peuple sahraoui. De plus, les faits sont là et ne trompent pas. En avril 2014, le Conseil de sécurité avait prorogé le mandat de la Mission onusienne pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril prochain. 
Malgré le travail actif des lobbies pro-marocains, l’ONU reste toujours attachée au droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance. Et, en dépit de l’alignement inconditionnel de la France aux thèses du palais royal, la bataille des droits de l’homme dans les territoires sahraouis a connu des avancées. Par ailleurs, l’an dernier, dans son rapport sur la situation au Sahara occidental à l’instance dirigeante de l’ONU, Ban Ki-moon avait appelé les deux belligérants à progresser en urgence et à dialoguer sérieusement sur deux questions clefs, à savoir le contenu d’une solution politique au conflit et la forme de l’autodétermination. 
Le SG des Nations unies avait en outre laissé clairement entendre que s’il n’y avait aucun progrès avant avril 2015, il inviterait alors les membres du Conseil de sécurité à réexaminer le cadre qu’il avait fixé en avril 2007 pour le processus de négociation. Ces observations avaient, à ce moment-là, redonné de l’espoir aux Sahraouis, à l’inverse du Maroc qui appréhendait l’étape du respect et de l’application de la légalité internationale. On comprend dès lors les tentatives de Rabat d’éloigner M. Ross de son poste, et les blocages dressés pour empêcher Kim Bolduc de prendre la direction de la Minurso. 
La fermeté de l’ONU a été payante jusque-là, puisque le diplomate américain a repris, récemment, son bâton de pèlerin pour relancer le processus des négociations maroco-sahraouies, et les obstacles montés contre la diplomate canadienne ont été levés. Mais contrairement à l’Union africaine, qui a dénoncé publiquement la tenue du Forum de Crans-Montana dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine, la position des Nations unies semble plus timorée. Il faut s’attendre, en avril 2015, à ce que la réunion du Conseil de sécurité se distingue des précédentes. Espérons alors que l’arrogance des chefs du Forum de Crans-Montana, comme le pillage scandaleux des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental et les violations flagrantes des droits de l’homme, soient utilisés à bon escient, pour obliger, cette fois, l’occupant marocain à se conformer au droit international. 
H.A.

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