Je ne suis comme on dit que « la cendre de la grande lassitude »…
qui mine et donne mauvaise mine à mon pays depuis 1954.
Sur mon pays, j’ai vu plus d’une fois plus d’un mal s’abattre…
J’ai envie de quitter mon pays, j’ai envie de sauver mon pays.
Et on ne cesse de me dire que c’est interdit dans les deux sens !
Je n’ai ni le droit de partir,
ni le droit de me sentir chez moi sans être en proie à cet étrange délire…
Le délire de celui qui va sans savoir où il va et pour quoi ?
Je suis fatigué de défoncer des portes fermées tout en sachant qu’elles n’ouvrent sur rien,
comme si j’étais pris en otage par un redoutable destin…
Je suis un jeune algérien qui veut tout, qui veut rien, les deux en même temps ou le lien entre les deux…
au fait, je n’en sais rien !
Parfois je me dis que je ne suis désormais que le résumé de la surdité des hommes devant le bien,
leur absurdité comme dirait l’auteur de l’Exil et le Royaume.
Et parfois je me dis que je crois savoir où se situe l’origine de mon drame :
C’est que je ne m’entends pas avec moi-même.
C’est la raison de mon mal- être,
aussi étrange que cela puisse paraître…
je ne m’entends pas avec moi-même.
Et devant ce mur, je me murmure :
j’ai tout mais je ne suis rien…
Je suis tout mais je n’ai rien…
Dieu, pourquoi m’as-tu fait algérien ?
Un désir enfoui dans un désert…
je cherche le grain de sable qui a décimé tout le troupeau.
Une pomme de discorde qui a fait de nous une horde sauvage…
Quel serpent nous empêche donc de traverser le pont qui sépare la bête humaine de Dieu ?
Je veux bien risquer ma vie en tentant de reprendre le pouvoir à ceux qui l’ont confisqué
mais pour le confier à qui ?
Je ne vois hélas que deux catégories : les opportunistes et les islamistes…
Les premiers s’en fichent de l’homme,
les seconds s’en fichent de Dieu…
et moi au milieu… jeune, je me sens déjà très vieux.
Je n’ai pas de doléances mais un seul vœu :
que Dieu bénisse l’Algérie !
Source: Le Journal de Personne, 7 mars 2019
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