Article de Charlie Hebdo sur le Sahara Occidental |
Est-ce un hasard que le jour avant l’attentat contre la journal Charlie Hebdo le sujet de la coopération sécuritaire entre Rabat et Paris soit abordé par Le Figaro ?
« La coopération anti-terroriste entre la France et le Maroc au point mort », affirmait Le Figaro dans son édition du 06 janvier 2015.
Le lendemain, quelques heures après l’attentat, le même journal renforçait ses propos par une interview avec l’ancien ministre français de l’intérieur Charles Pasqua, dans laquelle celui-ci déplorait l’état actuel des relations franco-marocaines. « Nous devons renforcer nos relations sur le plan international. Or, actuellement, nos relations avec le Maroc, qui était l’une de nos principales sources de renseignement, sont considérablement distendues, pour des raisons que j’ignore », déclarait-il
Y a-t-il un lien entre ce discours et le mobile du crime ? L’analyse des données du crime pointe clairement vers la piste marocaine.
Dans le but de s’assurer le soutien de l’Europe dans la question du Sahara Occidental, le Maroc œuvre inlassablement pour se forger le statut d’allié indispensable dans la lutte anti-terroriste et la contention du flux migratoire des africains à travers le Détroit de Gibraltar.A
Un document révélé par le cyber-activiste Chris Coleman montre l’importance que les autorités françaises donnent à la coopération avec Rabat dans le domaine de la lutte contre la nébuleuse terroriste.
Une note envoyée le 20 janvier 2014 par le chargée d’affaire de l’ambassade marocains à Sanaa, Hicham Oussihamou, rapporte que l’ambassadeur de la France au Yémen, a exprimé sa préoccupation quant à l’éventuel retour d’une quarantaine de ressortissants marocains qui vivaient à la ville de Damage située au nord du Yémen dont une partie portait la nationalité française.
« L’ambassadeur français a émis son souhait de voir s’établir une coopération entre les deux ambassades pour traiter ce dossier » souligne la note ajoutant que le « le Président yéménite a « vigoureusement insisté sur le rapatriement immédiat vers leurs pays d’origine des salafistes qui combattaient contre contre le mouvement Houti au Nord ».
Selon Le Monde, « avant le « printemps yéménite », qui allait emporter le régime du président Ali Abdallah Saleh et ouvrir une période d’instabilité dont il continue à payer le prix, le Yémen avait constitué une destination de choix pour des dizaines de salafistes français désireux de renouer avec l’islam « des pieux ancêtres ». Ces salafistes poursuivaient des enseignements religieux à Sana’a comme dans une ville du nord-ouest, Dammaj. La majorité de ces salafistes ne poursuivait aucun but djihadiste, mais certains d’entre eux pouvaient profiter sur place des liens entretenus par certains dignitaires religieux, y compris des membres du parti islamique Al-Islah, avec des groupes djihadistes, notamment à la faveur des solidarités tribales très actives au Yémen ».
Comme dans tous les crimes, les questions essentielles à poser sont : Quels sont les mobiles du crime ? A qui profite le crime ? Les appels à la coopérations sécuritaire avec le Maroc peuvent être une réponse à ces questions. Le journal Charlie Hebdo n’est pas apprécié au Maroc depuis sa publication en 2005 d’un reportage sur les pratiques répressives de Rabat dans les territoire du Sahara Occidental.
Les attentats du 11 mars 2004 ont été décisifs pour amener Madrid à soutenir le plan d’autonomie marocain proposé comme solutions au conflit du Sahara Occidental. Ceux du 7 janvier ont-ils les mêmes visées ? Tout est probable dans une conjoncture où les médias marocains ne cessent de parler de tension dans les relations entre le Maroc et la France
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