A la veille de l’examen de la question du Sahara Occidental par le Conseil de sécurité, prévu le lundi 27 octobre, le Maroc, comme à son habitude, cherche à faire diversion en montant en épingle un incident somme toute banal, puisqu’il s’agit, selon les informations disponibles, d’une action défensive menée sur le territoire algérien contre l’intrusion de trafiquants marocains.
A Alger, on estime que la mise en scène et la dramatisation excessive de cet incident pour mettre notre pays en accusation vise, dans l’esprit des officiels marocains, à mettre la pression sur les membres du Conseil de sécurité en agitant l’épouvantail d’un risque de confrontation militaire entre les deux pays.
Les Makhzéniens veulent, de cette façon, inciter l’instance onusienne à être plus accommodante sur la question du Sahara Occidental pour ne pas aggraver la tension. Au lieu d’annoncer une enquête pour déterminer ce que sont allés faire des contrebandiers marocains en territoire algérien et promettre des sanctions à leur encontre, le gouvernement du Maroc, au contraire, se fend d’un communiqué pour «protester vigoureusement contre cette atteinte directe et inadmissible à la vie de citoyens civils marocains par l’armée algérienne».
L’«acte irresponsable» que le Makhzen dénonce est non pas le comportement irresponsable de ses ressortissants contrebandiers, mais le fait que les gardes-frontières algériens ont réagi face à un franchissement illégal de la frontière par des trafiquants. Aucun pays n’admet que sa frontière soit une passoire et une voie de circulation ouverte aux contrebandiers.
Le Maroc, qui a pris l’initiative, en août 1994, d’engager une démarche hostile à l’Algérie aboutissant à la fermeture de la frontière terrestre entre les deux pays, parle de «bon voisinage», de «liens historiques» et autres formules utilisées avec une démagogie évidente, et en même temps tente d’exagérer un incident mineur qui entre dans le cadre de la lutte menée, par les gardes-frontières algériens, avec la plus grande détermination contre les trafics en tout genre qui portent atteinte à l’Algérie, à son économie et à la santé de sa population.
Il est évident que les autorités marocaines ferment les yeux, voire soutiennent activement l’activité de leurs trafiquants qui agissent sur la bande frontalière. Ce trafic concerne notamment le carburant, dont le prix est soutenu par l’Algérie et qui part vers le Maroc, et, dans l’autre sens, la drogue qui inonde notre pays et menace notre jeunesse. Les gardes-frontières algériens ont toutes les raisons d’être fermes dans leur riposte face aux agissements des contrebandiers et ce n’est pas parce que ces derniers viennent d’un pays voisin qu’ils feraient exception au nom du «bon voisinage».
Il n’est pas inutile de le répéter : la véritable raison à la réaction disproportionnée du Makhzen est à chercher dans le calendrier des réunions du Conseil de sécurité. Celle du 27 octobre consacrée au Sahara Occidental fait peur au Maroc et, sans exclure une provocation cousue de fil blanc, l’incident frontalier a servi de prétexte pour tenter de placer la réunion du Conseil de sécurité dans un climat de tension artificiel.
Houari Achouri
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