Le Réseau Euro-Méditerranéen des
Droits de l’Homme (REMDH) et une
eurodéputée du Front de Gauche ont
exprimé jeudi leur «inquiétude» face au
jugement rendu par le tribunal correctionnel
d’Aïn Sebaâ de Casablanca (Maroc)
qui a condamné onze jeunes militants du
Mouvement du 20 février à des peines
allant jusqu’à un an de prison ferme, suite
à leur participation à une manifestation
syndicale pacifique.
Le REMDH a, dans un communiqué,
appelé les autorités marocaines «à garantir
de manière effective la liberté des
citoyens marocains de se rassembler et
de manifester pacifiquement et d’exprimer
leurs opinions, même lorsque celles-ci
sont critiques envers les institutions».
L’ONG a qualifié ces condamnations
«d’arbitraires» et appelé à la libération des
manifestants détenus et à l’abandon des
charges retenues contre eux. Elle a également
appelé l’Union européenne (UE) à
travers la Délégation de l’UE ainsi que les
ambassades des Etats-membres au
Maroc, à «entreprendre immédiatement»
toute action de protection à l’égard des
défenseurs et militants des droits de
l’Homme.
Elle a en outre demandé aux autorités
marocaines de mettre en oeuvre «les
objectifs relatifs aux droits de l’Homme du
Plan d’action UE-Maroc dans le cadre de
la Politique européenne de voisinage».
L’eurodéputée du Front de Gauche,
Marie-Christine Vergiat, a de son côté
déclaré que ces arrestations sont «en flagrante
contradiction tant avec le discours
officiel qu’avec les engagements de l’Etat
marocain sur le droit et la liberté de
réunion et de manifestation».
Ces arrestations, a-t-elle ajouté «s’inscrivent
dans le cadre d’une explosion du
nombre de prisonniers politiques», affirmant
que le Maroc compte au moins 240
détenus politiques et d’opinion. Parmi
eux, 70 militants du Mouvement du 20
février, mais aussi des étudiants, des syndicalistes,
des militants des minorités,
des femmes en lutte contre les abus des
organismes de microcrédits.
Elle a enfin mis en garde l’UE, qui, a-telle
averti, «ne doit plus fermer les yeux
sur ces répressions qui ne peuvent plus
durer». Le 6 avril dernier, une marche
nationale pacifique de protestation était
organisée à Casablanca pour la défense
du pouvoir d’achat, la dignité, la liberté et
la justice sociale.
Quelque dix mille personnes ont participé
à cette marche pacifique organisée à
l’appel de trois syndicats, à savoir la
Fédération démocratique du travail (FDT),
la Confédération démocratique du travail
(CDT) et l’Union marocaine pour le travail
(UMT).
Elle a été soutenue par des organisations
telles que le Mouvement du 20
février, l’Union nationale des étudiants du
Maroc (UNEM) et l’Association nationale
des diplômés chômeurs (ANDCM).
Durant la manifestation, la police a
tabassé puis arrêté onze jeunes militants
leaders du Mouvement du 20 février, qui
scandaient des slogans contre la corruption
et hostiles au régime politique actuel.
Les manifestants ont été accusés de «violence
envers un agent de la force
publique dans l’exercice de ses
fonctions» et «organisation d’une manifestation
non déclarée», alors que la manifestation
a été «autorisée au préalable»
par les autorités marocaines, a tenu à préciser
le REMDH dans son communiqué.
Faten D.
Le Jour D’Algérie, 31 mai 2014
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