Le Maroc ne peut pas être juge et partie dans le conflit du Sahara Occidental, a déclaré Khadija Mohsen-Finan dans une interrview exclusive accordée au site Nouvellesdu sahara.fr.
Pour Khadina Mohsen-Finan, Spécialiste du Maghreb, chercheure associée à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et une très bonne connaisseuse du conflit du Sahara occidental, « que la gestion des droits de l’homme au Sahara est gérée par le Conseil National des Droits de l’Homme, c’est rattacher le Sahara au Maroc, car le Conseil est bien « national » comme son nom l’indique. Si c’est le cas, alors il faut le dire, nous n’avons plus besoin de la MINURSO et le conflit n’a plus de raison d’être, il est réglé sans que nous le sachions. Mais ce n’est pas le cas, l’ONU n’ayant pas statué sur ce territoire ».
« De la part du Maroc, nous sommes une fois de plus dans la politique du fait accompli. Ce n’est pas une question d’efficacité ou d’inefficacité du CNDH, c’est qu’il n’a pas vocation à traiter du Sahara et des Sahraouis. Mais, le Secrétaire Général de l’ONU n’est pas clair là-dessus, il louvoie pour ménager Rabat, et ce manque de clarté contribue à l’inertie dans la recherche d’une issue au conflit. L’ONU en parle comme si c’était une question interne au Maroc et, ensuite, les représentants de l’ONU disent qu’ils ne peuvent pas travailler au Sahara car les Marocains se comportent comme chez eux. Il faudrait que l’ONU communique mieux et plus clairement pour que les gens comprennent les enjeux de ce conflit. Plus personne ne comprend les véritables enjeux de ce conflit. Le SG de l’ONU évoque la nécessité d’un « contrôle indépendant », cela signifie que ce n’est pas du ressort du Maroc, ce qui est vrai, mais il faut le dire plus clairement » a-t-elle ajouté.
Selon Mme Mohsen-Fina, « le Maroc ne peut négocier l’avenir d’un territoire qu’il considère déjà comme le sien, alors que la communauté internationale et le droit international ne lui en reconnaissent pas la propriété » ajoutant qu’en 2009, « l’affaire Aminatou Haïdar a bien montré que l’affrontement et la négociation entre les protagonistes avaient changé de nature. Le Maroc n’est plus invité à combattre un groupe indépendantiste qui se nomme Front Polisario, mais des individus qui, au nom de leurs droits, refusent de voir leur identité diluée dans la nation marocaine ».
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