par Yazid Alilat
La poursuite des discussions exploratoires pour asseoir une paix durable, dans le nord du Mali, sous l’égide de l’Algérie, reste un des points importants de l’agenda immédiat des relations algéro-maliennes.
Il s’agit, en fait, de ne pas couper le fil des pourparlers, entamés en janvier dernier, à Alger, entre les partis de l’opposition malienne du Nord, dont les mouvements armés indépendantistes, comme le MNLA, qui avait boycotté cette réunion, chahutée d’ailleurs par le Maroc. Cette rencontre exploratoire a permis aux mouvements d’opposition maliens de s’asseoir à la même table et de discuter sur les moyens de parvenir à un accord de paix durable avec le gouvernement malien.
Pour rappel, en janvier dernier, des pourparlers exploratoires s’étaient tenus, sous l’égide de l’Algérie, à Alger, avec des mouvements rebelles maliens. Tenue alors dans la plus grande discrétion, elle avait réuni trois mouvements d’opposition maliens : la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), en l’absence du mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Les questions de sécurisation des frontières algéro-maliennes et de pacification du nord du Mali, où des groupes d’Aqmi rôdent toujours, sont une préoccupation constante de l’Algérie, qui veut mettre un terme à l’instabilité chronique, dans cette région africaine.
C’est, en quelque sorte, pour préparer la prochaine rencontre avec les mouvements armés du Nord que le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, effectue une visite de travail, en Algérie. A son arrivée, hier, à Alger, au lendemain de l’arrivée du ministre de la Réconciliation, il a, notamment, salué l’accompagnement et l’appui «multiformes» apportés par l’Algérie au Mali. Plus précis, il a indiqué que ’nous nous réjouissons de l’accompagnement et de l’appui multiformes de l’Algérie, pays frère et ami, à notre pays sur les plans sécuritaire, politique et économique». Des déclarations qui ont fait réagir les autorités marocaines, que de nombreux diplomates et experts militaires estiment qu’elles se sont mises, depuis quelque temps, à saborder les processus de rapprochement entre factions maliennes rebelles. Le renforcement et la consolidation des relations algéro-maliennes seront au menu, donc, du séjour, à Alger, du ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération. «C’est cette question que nous allons discuter avec les responsables algériens pour trouver la meilleure façon de renforcer, davantage, les relations séculaires qui existent entre nos deux pays qui sont dictées, a-t-il souligné, par l’histoire, la géographie, la culture et beaucoup d’autres considérations». Décodée, la déclaration, toute diplomatique du fonctionnaire malien, souligne que les experts des deux pays vont plancher, dans les prochains jour, pour préparer le prochaine rencontre des mouvements et factions maliennes de l’opposition, dont les groupes armés. Le moment urge d’autant que le Mali ne peut avancer sans sécuriser ses régions nord et éliminer la menace que font peser, sur le pouvoir central, les mouvements indépendantistes, dont le MNLA, qui a tourné casaque et semble, pour le moins, rouler pour le Maroc. Un pays, évincé de l’Union africaine pour sa politique expansionniste et colonialiste, qui tente, depuis l’intervention militaire française, au nord Mali, en janvier 2013, pour libérer les villes maliennes de Gao, Tombouctou et Kidal des griffes d’Aqmi et du Mujao, de saper les efforts internationaux de pacification de cette région. Il est évident que le Maroc s’ingère et veut aller loin dans sa politique qui vise à contrecarrer les efforts de l’Algérie et du nouveau gouvernement à Bamako, issu d’élections générales. Rabat, qui veut devenir un élément central dans la crise malienne, en sponsorisant le MNLA et en tentant de saper les efforts de l’Algérie, allant dans le sens d’une réconciliation, entre l’opposition et le gouvernement maliens, roule, également, pour les intérêts de la France dans la région. Lors de sa tournée africaine, le monarque marocain, après avoir accompli, à Bamako, la prière du vendredi en compagnie de Bilal Ag Chérig, SG du MNLA avait rencontré le président malien IBrahim Boubacar Keita. Le jeu est clair: faire capoter le processus de négociations entre factions rebelles maliennes, actuellement préparé par l’Algérie.
Le ministre malien de la Réconciliation Zahabi Ould Sidi Mohamed confirme, par ailleurs, ces préparatifs en soulignant, dimanche à Alger, que ’nos frères algériens nous ont fait le point sur l’état d’avancement des pourparlers exploratoires avec les groupes armés», et s’est dit «persuadé» que ces pourparlers sont «très prometteurs, car il y a un long travail qui a été accompli, dans la discrétion». «Nous sommes très optimistes que, sous peu, ces groupes armés pourront se retrouver, de façon formelle, ici en Algérie avant d’aller en négociations au Mali», a encore ajouté le ministre malien qui a formé le voeu de voir les deux parties (gouvernement malien et groupes armés) «se retrouver, dans un délai raisonnable, autour de la table de négociations, pour trouver une solution durable à la crise malienne».
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