Depuis le premier sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique qui s’est tenu en 2000 au Caire, la locomotive européenne traîne derrière elle des wagons africains vides, surtout en matière de développement et de commerce, mais qui sont souvent archi-pleins lorsqu’ils prennent la direction du Vieux continent en provenance du Continent noir.
Le quatrième sommet dont les travaux viennent de s’achever à Bruxelles, a, certes, évoqué divers domaines au cours des débats (éducation-apprentissage-les femmes et la jeunesse- la migration légale et illégale entre les deux continents-la croissance, la création d’emplois- la paix- amélioration du soutien européen à l’Afrique pour les questions de sécurité », ce ne fut en vérité qu’un forum comme celui des précédents qui n’apporte rien de nouveau aux Africains. Et comme preuve, ledit sommet s’est clôturé sans le moindre accord signé entre les deux parties, à l’exception de quelques recommandations et souhaits qui en fait ne sont pas bénéfiques aux pays africains. Le fossé entre l’UE et l’Afrique est plutôt grand.
L’Afrique apparaît depuis des décennies comme le problème inverse de l’Europe. Celle-ci court derrière ses propres intérêts et il devient de plus en plus clair que les vraies questions du continent et sa promotion sont évoquées superficiellement à l’occasion de ce genre de « grand-messe » sans lendemain.
L’Union européenne, qui semble assez bien rodée pour générer à sa guise ce genre de rencontres, devrait donner à réfléchir aux Africains pour résoudre leurs problèmes en faisant actionner ce panafricanisme nationaliste qui se perd de jour en jour. Lorsqu’on parle d’une coopération « égale-égale » entre l’Afrique et l’Europe, c’est toujours l’Africain qui cherche à la loupe ses gains sans les trouver, particulièrement qu’en face, il bute à l’expansionnisme de cette Europe qui se pavane, devant la division des africains, de sa puissance.
Le continent, soumis à cette routine de rencontres avec le puissant Nord, demeure à jamais la convoitise des grandes puissances. Sans nul doute, Bruxelles est conscient et ne s’y trompe pas en faisant mine d’être un « bienfaiteur » et en même temps ne se prive pas de faire peur en mettant l’accent sur la gouvernance démocratique du continent, façon de maintenir l’ambiance superficielle d’un vouloir « civilisé » qui, au fond, ne sert que les intérêts de ses acteurs.
L’Africain modeste s’aperçoit de jour en jour que l’Union européenne utilise les thèmes et les problèmes du continent pour atteindre ses objectifs politiques et économiques, contraires aux intérêts des peuples africains. Il est impossible pour l’Afrique de se mouvoir dans cette contradiction. L’utilisation par l’UE de l’Afrique pour combler les déficits économiques de ses pays membres, et selon les nécessités du moment, est porteuse pour les « partenaires » du continent, mais concernant les peuples africains, la coopération et la solidarité apparaissent comme autant d’artifices grâce auxquels les Européens escomptent bénéficier d’une marge de manœuvre pour imposer leur diktat et leur politique.
Au regard des ingérences dans les affaires internes des pays africains, la contradiction de l’actuelle politique africaine adoptée par l’Europe est tout simplement réduite à une véritable conspiration.
B. C.
Le Maghreb, 05/04/2014
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