WASHINGTON PROPOSE DE DÉPÊCHER UNE MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ AU SAHARA OCCIDENTAL : RABAT AU PIED DU MUR
Les Etats-Unis ont proposé au Conseil de sécurité de l’ONU de dépêcher une mission au Sahara occidental en vue d’accélérer le processus onusien pour le règlement du conflit entre le Front Polisario et le Maroc.
La proposition américaine formulée au cours d’une réunion du Conseil de sécurité tenue mardi à huis clos sur le Sahara Occidental a reçu l’approbation de l’ensemble des membres de cet organe onusien, a indiqué à l’APS Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies. « Il n’y a eu aucune opposition au Conseil de sécurité à la proposition américaine », a-t-il dit. Le Conseil de sécurité avait effectué en 1995 une première mission du genre au Sahara Occidental mais l’absence d’un consensus entre ses membres l’avait empêché d’y retourner une deuxième fois.
« Etant donné la position de la France au Conseil de sécurité qui veut passer sous silence tout ce qui se passe au Sahara Occidental, le Conseil de sécurité n’a pas pu envoyer une deuxième mission », a-t-il ajouté. M. Boukhari, qui s’est félicité de la proposition américaine, a indiqué que cette mission allait « refléter l’intérêt du Conseil de sécurité d’être présent sur le terrain d’un conflit inscrit dans son agenda ». La seule mission du Conseil de sécurité qui a eu lieu du 3 au 9 juin 1995, avait insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en oeuvre du plan de règlement, en soulignant le « succès de la Minurso dans le maintien du cessez-le-feu ».
Dans son rapport sanctionnant cette mission, le Conseil de sécurité avait mis en garde déjà contre le retrait de la Minurso des territoires sahraouis occupés avant la fin de son mandat. « Si la mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental se retirait avant la fin de son mandat, le risque d’une reprise des hostilités sous une forme ou sous une autre augmenterait », avait conclu la mission du Conseil de sécurité dans ce rapport.
Par ailleurs, le secrétariat général de l’ONU est toujours en discussion avec les autorités marocaines pour autoriser son envoyé personnel au Sahara occidental, Christopher Ross, à effectuer un déplacement aux territoires sahraouis occupés en vue de relancer le processus des négociations, a indiqué à New York le porte parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric. « Le voyage de Ross est toujours en cours de discussion », a déclaré Stéphane Dujarric au cours de son point de presse quotidien en réponse à une question d’un journaliste qui suscitait sa réaction sur les entraves dressées par Rabat sur la liberté de mouvement de l’émissaire onusien. Stéphane Dujarric a confirmé par contre le déplacement du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon à Marrakech pour prendre part à la Cop 22.
L’ONU devrait annoncer cette visite ainsi que d’éventuelles rencontres bilatérales entre le chef de l’ONU et les autorités marocaines sur la question sahraouie juste avant la date de la tenue de cet événement, a-t-il fait savoir. Le porte-parole s’est abstenu de confirmer la tenue de ces rencontres bilatérales, en reconnaissant, par ailleurs, que le dossier sahraoui était « une question complexe » et difficile à gérer. Le médiateur de l’ONU a présenté mardi un compte rendu au Conseil de sécurité sur la gestion de ce dossier à la lumière des développements survenus dernièrement dans les territoires occupés. M. Ross qui peine toujours à obtenir la coopération du Maroc pour la reprise du processus onusien, devrait faire part au Conseil de sécurité des blocages dressés par le Maroc qui l’empêchent de mener ses navettes diplomatiques prévues pour la relance des négociations entre les deux parties du conflit.
Pour rappel, le Maroc avait déjà tenté de le pousser à la sortie en 2012 et l’avait par la suite déclaré « persona non grata » dans les territoires sahraouis occupés. Le briefing de M. Ross intervient quelques jours après l’adoption d’un projet de résolution par l’Assemblée général de l’ONU réaffirmant la nécessité pour les deux parties de revenir à la table des négociations et de parvenir à une solution politique qui garantit le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Le projet de résolution a apporté un appui soutenu aux efforts de médiation menés par Christopher Ross. La réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental s’est tenue également dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu dans la zone tampon d’Alguergarat au sud du Sahara occidental où le Maroc veut construire une route, traversant les territoires sous contrôle du Front Polisario et ce en violation de l’accord de cessez-le-feu.
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