Après le cessez-le-feu, le Maroc et le Polisario ont entamé, chacun de son côté, des actions diplomatiques et une activité de relations publique à l’échelle internationale très intenses.
Devant l’impossibilité de parvenir à une solution depuis la naissance du conflit, l’ONU a déployé des efforts considérables dans le but de trouver une issue à cette situation, même si l’on pourrait être tenté de reprocher à Washington et surtout à Paris de ne pas «réussir» à appliquer davantage de pression sur Rabat.
En juin 2001, le secrétaire des Nations Unies a proposé un accord cadre connu sous le nom de Plan Baker, mais qui ne fut jamais présenté au Conseil de sécurité. Rédigé par une équipe juridique marocaine parrainée par les Américains, ce document offre une autonomie totale aux Sahraouis à l’intérieur de l’Etat marocain, excepté dans le domaine de la défense et de la politique étrangère.
L’Algérie et le Front Polisario ont rejeté ce plan car il ne tient pas compte de l’avis de la totalité des Sahraouis mais uniquement de ceux qui vivent déjà sous l’autorité du royaume.
Une deuxième version de ce plan, officieusement connu sous le nom de Baker II, envisageait une autonomie sahraouie sous l’autorité du Sahara occidental pour une période de cinq ans, avec un référendum sur l’indépendance qui devrait suivre.
A ce référendum, l’ensemble de la population actuelle du Sahara occidental participerait, y compris les personnes qui ont émigré depuis 1975.
Cette fois-ci, l’Algérie et le Front Polisario ont accepté ce plan alors que le Maroc, favorable au premier plan de Baker, l’a rejeté en argumentant qu’il ne serait plus pour tout référendum qui comprendrait l’indépendance comme option.
Baker a fini pas jeter l’éponge et, en signe de protestation, il a démissionné. La volonté des Marocains a toujours été de négocier uniquement avec les Algériens mais ces derniers ont toujours refusé, insistant sur le fait qu’ils ne pouvaient pas se substituer aux Sahraouis.
Un autre obstacle majeur pour les parties en termes de négociation, c’est de déterminer et de savoir qui doit voter dans les référendums, car chacune des parties interprète les chiffres du recensement et le rôle que les colons marocains devraient jouer différemment.
Ensuite, depuis les attentats terroristes de Casablanca en 2003, Rabat a ressenti moins de pression pour faire des concessions sur le sujet avec l’appui des alliés outre-Atlantique, qui, à cette occasion, ont même renforcé l’alliance stratégique entre les Etats-Unis et le Maroc.
A l’automne de cette année, le président George W. Bush a rassuré le roi Mohammed VI que les Etats-Unis ne chercheraient pas d’imposer une solution sur la question du Sahara occidental. Et, depuis, la diplomatie suit son cours.
La situation dans les camps de réfugiés en Algérie et les territoires inoccupés du Sahara occidental évolue en un ensemble distinct de défis en matière de sécurité présentant un intérêt non seulement pour les acteurs immédiats dans la région, mais aussi pour les Etats-Unis et d’autres puissances extérieures.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, il y aurait plus de 116.000 sahraouis réfugiés dans les camps en Algérie et 80.000 vivant dans les territoires actuellement inoccupés.
Même si le Maroc a habituellement et vivement critiqué le Polisario dans sa gestion des camps, parfois la décrivant comme un règne de terreur, la situation des réfugiés reste une préoccupation majeure, même après le cessez-le-feu.
L’administration du Polisario dans les camps qui, jusqu’à la trêve de 1991, était en grande partie entre les mains des femmes parce que les hommes étaient partis à la guerre, a eu beaucoup de succès.
D’ailleurs, les représentants de l’ONU et des ONG sont beaucoup moins critiques.
Selon un rapport de Human Rights Watch datant de 2008, « le Polisario est efficace dans la marginalisation de ceux qui défient directement sa direction ou son orientation politique générale, mais jamais il n’a fait de prisonnier ».
Il permet même aux résidents des camps de critiquer son administration au jour le jour. S’ils souhaitent le faire, les résidents des camps en Algérie peuvent également passer sous contrôle marocain dans les territoires du Sahara occidental par la Mauritanie. Certains travailleurs des ONG espagnoles ont même fait l’éloge du Polisario pour assurer la sécurité contre des possibles infiltrations d’extrémistes et de terroristes.
Les principales forces de sécurité sahraouies sont les policiers qui opèrent dans les camps et la Gendarmerie nationale, dont la compétence s’étend aux routes et aux sentiers entre les camps.
Cette dernière, avec sa structure militaire, possède une juridiction sur les transports par routes, et est chargée, en outre, de la lutte contre la contrebande surtout avec les menaces plus récentes de pénétration par les terroristes et les organisations criminelles dans les camps.
Aujourd’hui, la situation sociale des Sahraouis présente certains aspects particuliers.
Des milliers de jeunes sahraouis ont été accueillis pour une formation par Cuba dans les écoles secondaires, les universités, les instituts techniques et les académies militaires. A leur retour, un grand nombre a connu une sorte de choc culturel se demandant comment mettre leur formation en pratique dans le désert et se sentir contraints par de nombreux aspects de la société sahraouie traditionnelle.
Au point où ceux qu’on nomme aujourd’hui les Cubaraouis, hommes et femmes, constituent ensemble une nouvelle tribu saharienne avec sa propre identité.
Ce sont ceux-là mêmes qui figurent parmi la nouvelle génération de l’élite sahraouie, qui remet en question la domination et les moyens de la direction du Polisario traditionnel sans renoncer à sa cause.
Comme on pourrait s’y attendre, dans le domaine des relations publiques, le Maroc a fait de son mieux pour extraire le maximum de profit possible à partir des quelques cas de transfuges sahraouis. En plus de ces quelques occasions, les principales motivations de ces gens, considérés comme des traîtres opportunistes par le Polisario, étaient toutes financières, le Maroc offrant des incitations attractives à ces Sahraouis qui ont osé dénoncé publiquement le Polisario.
A partir de 1975, la répression antinationaliste sahraouie par les autorités marocaines a été sans conteste des plus sévères, et les estimations du nombre total de «disparus» dans le Sahara occidental depuis le retrait espagnol s’élève à plus d’un millier de personnes.
La dernière grande vague de disparitions a eut lieu en novembre 1987, coïncidant à peu près avec la visite de la mission technique de l’ONU. Ces détentions à grande échelle par le Maroc ont acquis un caractère permanent et ont perduré jusqu’en juin 1991, lorsque plus de 300 «disparus» sahraouis ont été libérés.
Les anciens détenus ont parlé de prisons clandestines, des conditions difficiles, et de violence physique et psychologique de la part des gardes marocains. En juin 2010, il y a avait encore 46 prisonniers politiques sahraouis dans les diverses installations pénitentiaires marocaines et essentiellement dans la «prison noire» d’El-Ayoun.
Pour sa part, le Polisario a mis la main sur plus de 2.000 prisonniers de guerre marocains A partir de 1976, grâce à la médiation du sénateur américain Richard Lugar et avec l’intermédiation de la Croix-Rouge internationale, les 404 derniers prisonniers marocains ont été relâchés en 2005.
Dans de nombreux cas, le Maroc a refusé d’accepter les anciens détenus à leur libération parce que Rabat ne reconnaît pas le Polisario. Leur retour a été donc retardé de plusieurs années jusqu’à ce que des diplomates américains et argentins interviennent pour les rapatrier de force.
La situation des droits de l’homme au Maroc est un dossier très sensible, même si depuis le couronnement de Mohammed VI en 1999, il y a des améliorations tangibles et des signes de changements, ainsi que le signalent Human Rights Watch et Amnesty International.
Le régime chérifien a toujours manifesté une tolérance zéro dans trois domaines : la monarchie, l’islam et l’intégrité territoriale du royaume.
Ainsi, sans aller jusqu’à menacer la stabilité de la monarchie alaouite, les Etats-Unis et l’Europe devrait fortement encourager le Maroc à développer et mettre en œuvre un programme de véritable autonomie pour le Sahara occidental.
Si les Sahraouis gardent un scepticisme quant aux intentions des Marocains, c’est certainement par de véritables réformes et une réduction notable de clientélisme et de la corruption que Rabat a une chance d’acquérir une crédibilité parmi eux.
Le France pourrait assurer un rôle dans ces efforts en mettant plus de pression sur le royaume et les Etats-Unis gagneraient gagner en crédibilité parmi le Polisario et l’Algérie, dont le soutien pourrait être crucial pour un règlement durable.
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