Terrorisme au Sahel Alger réagit…

Le ministre algérien n’a pas condamné clairement l’opération militaire franco-mauritanienne menée jeudi dernier contre un camp d’Aqmi au Nord-Mali.
Le raid raté de l’armée française contre un campement de terroristes, en vue de libérer l’otage français, a tourné au drame. Puisque non seulement l’otage ne s’y trouvait pas, mais en plus, il aurait été assassiné le lendemain par ses ravisseurs.
Au lendemain de la confirmation par Paris de l’exécution de son citoyen et de  la “déclaration de guerre” faite par le président Nicolas Sarkozy, la première réaction officielle algérienne est tombée hier. Depuis Kampala, la capitale ougandaise, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a exprimé les regrets de l’Algérie après l’assassinat par Al-Qaïda  de l’otage français Michel Germaneau. “La position algérienne est très claire, nous sommes contre le terrorisme en général et les prises d’otage en particulier”, a déclaré Mourad Medelci en marge de la 15e session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA).
Le ministre algérien n’a pas condamné clairement l’opération militaire franco-mauritanienne menée jeudi dernier contre un camp d’Aqmi au Nord-Mali. “Nous regrettons, comme tous les autres pays, ce qui s’est passé au Mali ces derniers jours et notre position est claire à ce sujet”,
a-t-il seulement dit soulignant que “l’Algérie, à l’instar des pays de l’UA, reste déterminée à lutter contre cette pratique et qu’elle est partie prenante à la criminalisation de l’acte du paiement des rançons”. Cette sortie officielle algérienne, même si elle n’exprime pas la désapprobation d’Alger de l’intervention militaire française dans la région, n’en laisse pas un arrière-goût de profond malaise. Alger n’aurait même pas été consulté par les Français avant la lancement de l’opération ratée. Ce sont les Mauritaniens qui auraient informé leurs homologues algériens du déclenchement de l’opération. Paris a choisi d’agir à sa façon, ne prenant même pas de gants avec ses partenaires traditionnels.
D’autant plus que le président français a décidé de dépêcher son chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, dans tous les pays de la région, sauf en Algérie. Une façon d’écarter l’Algérie de toute concertation avec les pays du Sahel au sujet de la riposte antiterroriste, version parisienne.
Même si l’on sait que Kouchner est indésirable à Alger, il est tout de même étonnant de voir la France agir, en cow-boy, dans la bande sahélo-sahélienne, sans avoir à consulter les pays de la région engagés depuis fort longtemps, souvent avec le peu de moyens dont ils disposent, contre les groupes terroristes. Paris, qui a troqué un otage contre des terroristes algériens détenus au Mali – ceux-là mêmes qui auraient exécuté Michel Germaneau – semble vouloir s’installer durablement dans la région. Sarkozy, fervent adepte de la méthode Bush, voudrait faire oublier ses déboires internes en se lançant dans une sorte de chasse aux terroristes dans son ancien pré carré.
En fait, il s’agit, ni plus ni moins,  que d’une tentative de se placer dans ce nouvel “Afghanistan” qu’est le Sahel et que les Occidentaux voudraient transformer en champ de bataille pour, en réalité, prendre le contrôle des immenses richesses dont il recèle.
Liberté, 28/7/2010

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