L’otage français Michel Germaneau exécuté

L’exécution par les factions terroristes de l’otage français, Michel Germaneau n’est pas la seule conséquence grave de la gestion française de cette crise. En effet, l’entrée sur le terrain des opérations de la France avec ses hommes sur le territoire malien complique davantage la donne et pourrait, à terme, occasionner des actions terroristes dont les visées seraient trans-régionales. Coïncidant avec l’appel de l’UA à une expulsion des terroristes et du terrorisme du continent africain, l’exécution de l’otage français livre des lectures diverses, mais elle demeure, à tout le moins, un échec évident de l’action française dans cette affaire. L’affaire Germaneau n’a pas encore livré tous ses dessous, mais la mort de l’otage français et l’implication directe de la France dans une zone multifrontalière dont les pays en partage ont toujours géré efficacement la lutte antiterroriste, en disent long sur une réalité de géostratégie sécuritaire qui dépasse des enjeux régionaux. Car au moment où cette affaire naît et semble mal finir, les pays de la région sahélo-saharienne sont entrés dans un processus de lutte antiterroriste qui a mûri et acquis, d’ores et déjà, les fondements qui permettent à ces pays de structurer une véritable stratégie commune en vue d’affronter et de vaincre en commun le terrorisme avec sa manifestation la plus redoutée, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L’arme la plus efficace contre le terrorisme est justement celle-là même dont disposent les pays de la région sahélo-saharienne et qui fait si cruellement défaut aux Occidentaux. Il s’agit de la capacité de résister politiquement et médiatiquement à la pression de l’opinion publique dans la gestion d’une crise telle que celle regardant une prise d’otage. La France et l’Allemagne, à titre d’exemple, se sont toujours montrées très vulnérables en matière de gestion des prises d’otage, car la crise politique qui en est induite devient bien plus importante que la vie de l’otage et souvent hélas aussi, plus importante que les implications que pourraient avoir des négociations directes avec les terroristes ou pire encore le paiement de rançon dont on a vu un exemple lamentable avec les Allemands (et les Français ?). Les prises d’otages occidentaux sont pour les terroristes un moyen de pousser le pays d’où sont originaires les otages à faire des pressions sur le pays où sévissent les ravisseurs afin de lui arracher des concessions ou encore en vue de la libération de terroristes prisonniers, quand il ne s’agit pas simplement d’une occasion inespérée pour des puissances étrangères de pratiquer un droit opportun d’ingérence dans un territoire souverain. Les Américains, qui ont constaté et reconnu l’efficacité avec laquelle l’Algérie, en collaboration avec ses voisins du Sud, luttait contre le terrorisme et qui ont proposé leurs services, ont parfaitement compris les motivations algériennes et africaines en général, quant à la volonté commune de gérer «africainement» la question du terrorisme, surtout qu’ils ont eu l’occasion d’apprécier l’expertise algérienne en la matière. La vision sahélo-saharienne de la lutte contre le terrorisme dans les zones frontalières du sud qui est solidaire d’une lutte contre la contrebande et le trafic de drogue, procède d’une stratégie de lutte qui ne transforme pas, par cet effet, la zone concernée, en territoire de guerre. C’est en cela que la vision africaine contraste avec celle occidentale, qui ne prend pas en compte les particularités culturelles, les sensibilités ethniques, et la nécessaire vitalité d’un mode de vie millénaire dans cette région, qui ne peut s’accommoder d’une militarisation forcenée et encore moins d’une guerre structurée dans la région. Après une approche et des négociations qui ont pris du temps, l’Algérie a réussi à regrouper, autour de l’idée d’une action antiterroriste commune, le Mali, le Niger et la Mauritanie, un commandement militaire installé à Tamanrasset constituant la force de frappe conjuguée pour ces quatre pays contre le terrorisme que représente désormais dans la région ce qui porte le nom très évocateur de l’AQMI. Un coup de théâtre pour un pays comme la France qui a l’habitude de servir de pivot pour des concertations interafricaines en matière de sécurité, et qui voit l’Algérie fédérer une action d’où la France est naturellement écartée en tant que pays non africain. Quoi qu’il en soit, l’efficacité de l’action afro-africaine ne fait plus un doute ; elle n’est battue en brèche que lorsque les groupes terroristes, acculés, prennent des otages étrangers pour exporter la question en dehors des frontières africaines. 
Farès N.

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