par Ammar KHELIFA
« La nomination par Alger de Ramtane Lamamra comme ministre des Affaires étrangères est une très mauvaise nouvelle pour le Maroc », rapporte le magazine marocain Tel quel, dans son édition électronique du 25 septembre. « Le nouveau chef de la diplomatie algérienne risque de donner du fil à retordre à Rabat », avertit le plus sérieusement du monde l’auteur de l’article intitulé « Maroc-Algérie-cauchemar diplomatique », consacré au successeur de Mourad Medelci. Quelle attitude adopter face à ce genre d’opinion ?
Que nos voisins expriment tout haut la crainte que leur suscite « un politique habile, un bon communicant, un redoutable négociateur et un soutien de poids du Polisario », selon leurs propres termes, ça ne regarde qu’eux. Pour nous, c’est un avis comme un autre. S’ils s’attendent à ce que cela nous plonge dans un état euphorique, nous leur conseillons amicalement de conjuguer le verbe attendre à tous les temps et d’attendre encore et encore. Nous nous réjouissons du fait que l’Algérie puisse compter sur des hommes du calibre de Ramtane Lamamra afin de défendre ses intérêts sur le plan international, mais pas dans le sens où ils veulent nous orienter. Nous avons toujours refusé les polémiques stériles et les fausses querelles qui ne mènent nulle part, et c’est conformément à cette ligne de conduite que nous nous sommes imposée, que nous allons, une fois encore, faire preuve de sang-froid et ne pas répondre à leurs provocations.
Sachant que le peuple marocain frère est en mesure d’identifier l’origine de tous ses problèmes et les mauvaises nouvelles qui lui tombent régulièrement sur la tête, nous allons nous limiter à rappeler fraternellement à nos confrères marocains quelques vérités qu’ils s’obstinent à dissimuler tendancieusement. Premièrement, l’Algérie n’a jamais fait d’amalgame concomitant entre ses relations diplomatiques avec le Maroc et la question du Sahara Occidental qui reste un problème de décolonisation à régler entre un occupant et un peuple revendiquant légitimement son droit à l’autodétermination.
Deuxièmement, Ramtane Lamamra est le chef de la diplomatie d’un pays qui n’a aucun contentieux territorial avec le Maroc, et que, par conséquent, s’il y a de mauvaises nouvelles en perspective auxquelles s’attend Tel quel, c’est de l’autre côté de Guelmim et de Tan-Tan qu’il faudrait les attendre et non du côté de djebel Antar. Troisièmement, Ramtane Lamamra est le vingtième ministre des AE dans une liste renfermant en son sein d’illustres personnalités qui ont toujours défendu des principes et non des positions conjoncturelles ; de Mohamed Khemisti à Lakhdar Brahimi en passant par Abdelaziz Bouteflika, Boualem Bessaïeh et Mohamed-Seddik Benyahia entre autres. Si nos voisins ont la mémoire courte ou souffrent d’amnésie, qu’ils fassent l’effort de consulter les Américains, les Libanais, les Iraniens, les Ethiopiens, les Erythréens, les Libériens, les Angolais, les Irakiens sur le rôle joué par la diplomatie algérienne dans le dénouement de nombreuses crises, avant de se laisser entraîner dans des procédés tendancieux qui ne font que les dévaloriser davantage.
Quatrièmement, au lieu de faire une fixation sur Lamamra et le cauchemar diplomatique qu’il représente à leurs yeux, le magazine Tel Quel et ses inspirateurs devraient plutôt s’intéresser au fond du problème sahraoui et à la situation dramatique d’un peuple qui refuse de se soumettre au diktat d’une monarchie assiégée par ses propres contradictions. Cinquièmement et dernièrement, c’est le Front Polisario en tant que représentant légitime du peuple sahraoui qui se chargera de donner du fil à retordre au Maroc. Quant à l’Algérie, elle continuera à défendre les causes justes sans se soucier des « lamentations » d’une monarchie arrivée au pied du « mur ».
Par AMMAR KHELIFA
amar.khelifa@eldjazaircom.dz
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