La tension monte au Sahara occidental et au sud du Maroc après la mort d’un jeune Sahraoui tué par la police marocaine. Rachid Chine, étudiant âgé de 20 ans, a été tué lundi dernier d’une balle dans le dos, suite au démantèlement par les forces marocaines d’un camp et la dispersion brutale d’un sit-in dans la région de Tizimi, près de la ville d’Assa au sud du Maroc, qui abrite une grande concentration de populations sahraouies.
«Les affrontements ont laissé des dizaines de blessés parmi les Sahraouis, qui n’ont pas pu se rendre à l’hôpital en raison du siège sécuritaire imposé à cette ville, rappelant ainsi les incidents survenus en 2010 dans la ville occupée de Laâyoune, après le démantèlement du camp de Gdeïm Izik», affirme une source sahraouie. Le Front Polisario, qui a condamné la répression, a décrété jeudi «une journée de deuil national en la mémoire du jeune Sahraoui».
Au plan international, les choses vont mal pour le Maroc qui a été pressé, l’an dernier par le Conseil de sécurité, d’améliorer la situation des droits de l’homme des Sahraouis. Le département d’Etat américain a affirmé, dans un nouveau rapport, que la violation des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc se poursuivait au point que cette situation suscite des «inquiétudes».
Ce nouveau rapport a été élaboré par le département de John Kerry en application d’une loi adoptée en 2011 par le Congrès américain, qui exige du département d’Etat de vérifier la situation des droits de l’homme au Sahara occidental avant l’octroi de toute aide financière militaire au Maroc. Le département d’Etat américains a noté, tout d’abord, que «le Sahara occidental est un territoire non autonome sur lequel le Maroc revendique la souveraineté, une position qui n’est pas acceptée par la communauté internationale».
Entraves, restrictions excessives et difficultés d’action
Le département d’Etat a informé le Congrès qu’»il y a toujours des inquiétudes quant aux droits des personnes d’exprimer pacifiquement leurs opinions concernant le statut et l’avenir du Sahara occidental et d’informer sur les violations des droits de l’homme».
«Il y a aussi des inquiétudes relatives aux entraves qui empêchent l’accès aux territoires sahraouis pour les organisations des droits de l’homme, les journalistes et les représentants de gouvernements étrangers», fait-on remarquer, en précisant que «le Maroc continue à exercer des restrictions excessives à l’encontre, en particulier, du droit de réunion pacifique et de publications qui prônent l’indépendance ou un référendum qui inclurait l’indépendance comme option».
«Les grandes manifestations sur les droits de l’homme ou toute manifestation en faveur de l’indépendance des territoires sahraouis sont strictement interdites par la loi», note le rapport, ajoutant que les personnes arrêtées pour avoir protesté contre l’intégration du Sahara occidental au Maroc «ne bénéficient pas souvent d’un procès équitable».
Pour rappel, le Congrès américain a mis en place, en août dernier, le groupe parlementaire du Sahara occidental «Western Sahara Caucus» au niveau de la Chambre des représentants, qui vise à défendre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la protection des droits de l’homme des Sahraouis dans les territoires du Sahara occidental.
En avril dernier, au Groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne), les Etats-Unis avaient surpris plus d’un en proposant un avant-projet de résolution stipulant l’introduction de l’instrument de la surveillance des droits de l’homme au sein de la MINURSO.
Très remonté contre la nouvelle direction prise par l’administration américaine, le roi Mohamed VI avait annulé des manœuvres militaires communes. Finalement, le projet américain a été modifié par l’entremise de la France.
http://www.jeune-independant.net, 28 SEPT 2013
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