(…) le fameux AIPAC, fondé en 1951 par des défenseurs acharnés de l’Etat d’Israël dont le soutien au Maroc concernant le Sahara Occidental n’est un secret pour personne.
« L’Algérie a une longue histoire de lutte contre le terrorisme.» Une réplique en vogue que les Algériens entendent souvent ces derniers temps, lors des visites d’officiels américains et européens à Alger. Tout en sachant que cela est vrai, l’opinion publique nationale considère cependant avec étonnement cette profusion d’éloges extra-muros émanant de personnalités entièrement dévouées au principe stipulant qu’en politique, « il n’y a pas d’amis, mais des intérêts ». Dans les médias, le sujet fait débat et de nombreux journalistes ne manquent pas de s’interroger à propos de ce déferlement de déclarations que l’on pourrait interpréter de différentes manières, sauf de croire qu’elles sont anodines ou de penser un seul instant qu’elles seraient motivées par des considérations purement protocolaires. « L’Algérie fait du bon travail en matière de lutte antiterroriste et ses efforts lui ont permis de contrecarrer le problème du terrorisme. » C’est Mme Sanderson qui est l’auteur de ces propos tirés d’une interview accordée au journal El Hayat par cette ancienne diplomate ayant occupé le poste d’ambassadrice des Etats-Unis à Alger entre 2000 et 2003. Mais entre cet avis autorisé exprimé par quelqu’un qui connaît très bien l’Algérie et le dernier message d’alerte publié le 23 août par le Département d’Etat exhortant « les citoyens américains qui voyagent en Algérie d’évaluer attentivement les risques posés à leur sécurité personnelle », il y a un immense no man’s land semblable au désert du Sahel où les plus avertis des observateurs pourraient facilement s’égarer. L’Algérie n’offre-t-elle pas suffisamment de gages de stabilité et de sécurité au point de pousser les Américains à en faire des lectures à plusieurs niveaux ? Des responsables américains n’ont-ils pas souligné récemment le rôle important joué par l’Algérie face au crime organisé sous toutes ses formes ? Avant de répondre à ces questions, il est primordial de connaître le profil politique de ces « faiseurs d’opinion » et leurs liens avec certains groupes de pressions qui font la pluie et le beau temps aux Etats-Unis. Parmi ces lobbies dont l’influence dépasse tout ce que pourrait imaginer les meilleurs connaisseurs de l’Amérique et ses mœurs politico-idéologiques, figure en bonne place l’American Israel Public Affairs Committee, le fameux AIPAC, fondé en 1951 par des défenseurs acharnés de l’Etat d’Israël dont le soutien au Maroc concernant le Sahara Occidental n’est un secret pour personne. Ce puissant lobby, qui entretient des relations poussées et multiformes avec la monarchie alaouite depuis le début des années 1960 et dont les ramifications s’étendent aujourd’hui jusqu’au cœur du régime US, a toujours constitué un passage obligé pour tous les hauts fonctionnaires américains désireux de grimper dans la hiérarchie de l’Establishment. Ses dirigeants les plus influents sont de hauts dignitaires religieux juifs – certains sont d’origine marocaine – qui contrôlent les secteurs les plus névralgiques dont dépend dans une large mesure l’hégémonie étasunienne. Quand il s’agit de désignations et de nominations à des postes clés à la Maison-Blanche, au Département d’Etat, au niveau de la CIA ou du NSA, leur avis fait l’effet d’un commandement que Démocrates et surtout Républicains exécutent toujours avec la même ferveur, malgré les divergences apparentes existant entre ces deux courants qui dominent la vie politique américaine. De nombreuses personnalités américaines issues des milieux politiques et intellectuels qui ont essayé de faire valoir leur indépendance l’ont su à leurs dépens. Certains n’avaient même pas eu le temps de reprendre leur souffle avant de constater amèrement que la Terre s’est arrêtée de tourner, du moins en ce qui les concerne. Parmi les rares personnalités américaines qui ont osé défier ce lobby auquel sont affiliées une centaine d’organisations éparpillées sur tout le territoire étasunien, on peut citer Charles Timothy Chuck Hagel, l’actuel Secrétaire à la Défense. Ancien sénateur du Nebraska, il est connu pour son patriotisme et son attachement aux principes républicains authentiques. « Je suis un sénateur étasunien et non pas un sénateur israélien », a-t-il dans une déclaration qui a provoqué un tremblement de terre au Knesset. En clair, il a fait savoir que les intérêts de l’Amérique et d’Israël ne sont pas forcément identiques. Un comportement jugé inadmissible par le lobby sioniste. Ce dernier déclencha une campagne médiatique haineuse contre un homme qui ne manifesta pourtant aucune agressivité contre l’Etat d’Israël ! Cette paranoïa a aussi touché des cinéastes et des stars d’Hollywood qui ont osé dénoncer l’hégémonie sioniste comme Marlon Brando, ou qui ont exprimé un semblant de solidarité avec les Palestiniens à l’image de l’acteur d’origine juive, Dustin Hoffman. Celui-ci fut descendu en flammes par un article au vitriol publié dans un journal appartenant à la communauté juive des Etats-Unis. « Hoffman est quelqu’un dont la judaïté ne semble avoir joué aucun rôle dans l’existence, sinon d’avoir développé l’antisémitisme, de par sa petite taille, son appendice nasal, sa voix nasillarde et ses rôles de petit mec dégourdi, autant de caractéristiques qu’on attribue typiquement aux juifs ». Un juif traité d’antisémite par des juifs qui lui reprochent d’avoir commis l’irréparable en acceptant de participer à la distribution de prix aux réalisateurs du film documentaire Five broken cameras (Cinq caméras brisées). Le sommet ou plutôt les abysses de l’intolérance exprimée par une attitude qu’aucun psychiatre ne serait en mesure d’expliquer, et c’est le moins que l’on puisse dire !
Conscient du pouvoir outrancier et du degré de nuisance de cette véritable loge, un grand nombre du personnel politique américain préfère rentrer sagement dans les rangs pour ne pas provoquer les foudres de cette énorme « pieuvre » qui a presque la taille des Etats-Unis. Un personnel formaté dans le moule de la haute technologie débarrassé des états d’âme qui font l’être humain, ça existe et pas seulement dans les films !
On raconte aussi que les Américains, du moins la majorité, éprouvent une sainte horreur de la politique et des politiciens; on avance que l’une des causes majeures de leur apolitisme provient du fait qu’ils mènent une existence pleine et intense leur ouvrant un nombre astronomique de perspectives : des sommets de Wall Street aux bas-fonds du Bronx, et parfois sans escale. Ça reste à confirmer tout de même. Une chose est sûre cependant : leur existence fondée sur la consommation démesurée de biens et de services leur bouffe tout leur temps. Des Texans qui ne savent pas que Philadelphie existe. Ça existe et en quantité « industrielle ». Plus que ne le croient d’ailleurs la plupart des âmes errantes et fatiguées du tiers-monde qui connaissent le monde virtuellement, mais rares parmi eux sont ceux qui peuvent prolonger leur existence et même leurs rêves au-delà de leur lieu de naissance ; alors qu’un Californien de la classe moyenne n’a même pas le temps d’exprimer le vœu d’aller au Himalaya qu’il est déjà à Katmandou. Un état d’esprit programmé par l’un des systèmes économiques et idéologiques les plus performants de la planète, permettant aux « décideurs » US de mieux contrôler l’image de fond que les Américains regardent H24 et qui montre l’Amérique et uniquement l’Amérique, car pour le reste, il n’y a que des trous noirs qui mènent au soleil, vers Mars, au pétrole et au « toit » de l’humanité. Pour comprendre le fait que ces Américains n’aiment pas trop la politique il est nécessaire de chercher dans ce système et cet Etat, les fondements du contrat social qui ont permis à l’oncle Sam de devenir l’oncle de tout le monde. Pour comprendre cet état d’esprit, loin de tout jugement de valeur, il faut bien remonter au temps du Far West et aussi au monde impitoyable décrit par l’écrivain Jack London. C’est-à-dire les périodes où la chasse à la propriété était encore ouverte : les terres, les mines et les forêts avant d’arriver aux espaces urbains, aux complexes industriels et aux plateformes de la création High Tech. Dans son livre Le talon de fer, Jack London explique de manière sublime, la course tragique pour la survie menée par des millions de « pauvres types » écrasés par la récession, et la naissance d’une nouvelle religion symbolisée par un billet vert portant l’expression en anglais « in God we trust » qui veut dire littéralement, nous avons confiance en Dieu. S’exprimant dans un réalisme qui dépasse la réalité elle-même, l’écrivain américain décortique le système naissant et nous livre en mots et en maux l’incarnation grandeur nature de l’œuvre centrale du marxisme, Le Capital de Karl Marx, publié par fragments en 1867, 1885 et 1894. Il nous parle des vagabonds du rail, ces dizaines de milliers de damnés et survivants en sursis ou si vous voulez les « harragas » du train fuyant quotidiennement la faim et la fin, et des Histoires de boxe à travers lesquelles il nous expose le monde infernal des esclaves d’un genre nouveau, certes plus sophistiqué que celui des haciendas et des plantations de coton de la Louisiane, mais non moins tragique. Les premiers adeptes du dieu dollar venaient de réussir, avec la force de leurs fonds, à donner corps à l’édifice clérical moderne où leur personne sera adorée à travers un bout de papier portant l’effigie de Georges Washington. Un édifice géré aujourd’hui par des « familles » qui possèdent aujourd’hui le pétrole, les armes, le pain, la technologie et dont la filiation a des attaches solides avec le sionisme. Et c’est là où intervient le rôle de l’AIPAC en tant que lobby et en tant que source d’inspiration à la politique étrangère américaine. A l’inverse du Maroc dont le régime est entièrement vassalisé, l’Algérie continue de susciter une grande méfiance chez les Américains, en raison de son passé historique, de ses anciennes « amitiés », mais aussi pour un ensemble de facteurs liés au profil de ses dirigeants qui ont toujours refusé d’assumer un rôle de sous-traitant comme le font d’autres pays. Ainsi lorsqu’il y a des intérêts américains qui sont en jeu, Washington fait preuve de pragmatisme et considère l’Algérie comme un pays avec lequel on traite et on fait des affaires. Au-delà de cette ligne de démarcation tolérée d’ailleurs par le lobby sioniste, véritable protecteur des intérêts marocains, l’Algérie demeure aux yeux des USA, un pays « rebelle » que l’on n’arrive pas à domestiquer. A l’opposé du Makhzen dont la soumission au lobby sioniste activant aux Etats-Unis ne date pas d’aujourd’hui, l’Algérie a de tout de temps manifesté une volonté inébranlable d’autonomie à l’égard de toute sorte d’ingérences même de la part de ses alliés. En plus de son attachement à son indépendance quel que soit le prix, sa situation stratégique, ses ressources énergétiques et sa superficie contrarient fortement les concepteurs du Grand Moyen-Orient qui voient en elle un adversaire redoutable ayant su tisser un formidable réseau d’amitié à travers le monde, qu’il est hors de question d’attaquer militairement au risque de soulever une insoutenable vague d’indignation internationale. Elle a déjà démontré ses capacités de résistance lorsqu’elle avait vaincu seule le terrorisme intégriste sans qu’aucune puissance daigne lui apporter le moindre soutien. Les Américains et les autres le savent. Economiquement, l’Algérie se trouve désormais dans une position confortable qui la conforte davantage et conforte ses prises de décision souveraines. Socialement, elle est en train de donner forme à une nouvelle cohésion que ni les soubresauts d’un terrorisme à l’agonie ni les troubles que des « agents » travaillant pour le compte d’officines tentent d’attiser ne pourront mettre à mal. Politiquement, ses ennemis ont essayé d’exploiter frauduleusement la maladie de Bouteflika dans le but d’installer un climat de suspicion, mais là aussi ils n’ont fait que provoquer ce sursaut d’orgueil qui fait des Algériens un peuple à part ; un peuple qui sait retenir son exubérance quand il est question de souveraineté nationale. Que faire donc pour obliger l’Algérie à se soumettre malgré elle au diktat des puissants ? Quelle stratégie mettre en place pour transformer ce pays en une vaste colonie dont les richesses profiteront exclusivement aux multinationales et à leurs annexes étatiques ? Nous n’avons nullement la prétention d’apporter des réponses détaillées et tranchées à ces questions, mais en abordant certains faits qui ont lieu en ce moment et de leur impact sur l’Algérie, le contexte régional nous offre cependant une voie de lecture que les Algériens ont intérêt à suivre avec beaucoup de rigueur. A l’est, et après la chute du colonel Kadhafi, la Libye de Botul, où règnent actuellement l’intégrisme, la violence et le chaos, est devenue le plus grand marché clandestin d’armes et de munitions au monde. De Benghazi à Tripoli en passant par Misrata et Derna, le pays se trouve aujourd’hui entre les mains des services de renseignements étrangers y compris le Mossad. En Tunisie, et malgré le soutien de l’Algérie, certaines régions sont investies par des groupes terroristes alors que d’autres sont livrées à l’anarchie. Le tout dans un contexte marqué par une incroyable complaisance de la part des nouveaux maîtres intégristes de la Tunisie ! Selon des médias tunisiens, une délégation de l’AIPAC vient d’effectuer une visite de deux jours à Tunis où ses membres ont rencontré et discuté avec des hauts responsables du mouvement intégriste d’Ennahda. Cette organisation sioniste n’a jamais mis les pieds en Tunisie durant les règnes de Bourguiba ou de Ben Ali, alors sa venue à Tunis « sous l’hégémonie des frères musulmans » a de quoi susciter les plus vives interrogations chez nos confrères tunisiens. Ces derniers rapportent que « Rachid Ghannouchi a participé à un colloque à Washington en marge duquel une rencontre entre l’ancien terroriste et l’AIPAC a été organisé. L’organisateur de ce déplacement qui n’est pas le premier, est l’islamo-sioniste de nationalité américaine, Redouane Masmoudi. Cet affairiste préside un think-tank financé par des ONG-écrans de la CIA. C’est-à-dire la consolidation des liens déjà anciens entre les frères musulmans, les frères maçons et les frères sionistes ». Dans tous les cas de figure, il ne s’agit nullement d’un curieux hasard ou d’une malencontreuse coïncidence, mais d’événements sérieusement planifiés et coordonnés dans le but d’étendre ce « désordre créatif » qui ressemble comme deux gouttes d’eau à cette non moins fameuse « régression féconde » médiatisée par un certain Houari Addi, un des rares intellectuels qui ont soutenu le FIS dans son œuvre destructrice. Au sud, la situation au Sahel est toujours critique dans la mesure où toute la région est encore alimentée en terroristes et en armes à partir d’une Libye en proie à la désintégration. A l’ouest, les choses sont un peu plus compliquées dans la mesure où le Makhzen utilise une arme « silencieuse » mais dont les ravages sont indescriptibles à long terme. Rien qu’entre le 19 juillet et le 19 août, l’Armée nationale populaire a intercepté plus de 18 tonnes de kif en plus d’une importante quantité d’armes et de munitions. Ces saisies record dont l’origine est pourtant connue n’empêchent aucunement les médias marocains à poursuivre leur campagne haineuse contre l’Algérie. « Le DRS perd son sang-froid et finance à coups de milliards des campagnes de dénigrements épileptiques et aux relents antisémites contre le royaume, hallucine sur un prétendu trafic de drogue qui proviendrait du Maroc », écrit un journaliste marocain, apparemment sous l’effet d’un joint « royal ». Une attitude « stupéfiante » de la part d’un plumitif qui livre le fond de son inconscient en accusant l’Algérie d’antisémitisme ! Une accusation qui a toujours porté la griffe de la loge sioniste. Toutes ces importantes quantités de drogue saisies ne sont pas tombées du ciel ! Les Algériens, mais aussi l’office onusien, l’ONUDC, savent parfaitement de quelle contrée elles proviennent, mais le « commandeur des croyants » dont les amitiés avec la secte sioniste sont de plus en plus affichées pourrait ordonner à un de ses sujets plumitifs d’écrire qu’il s’agit d’opérations « montées par le DRS » avec la complicité de l’ONUDC, l’organisme des Nations unies qui n’est plus autorisé à enquêter au Maroc depuis 2005. Cet organisme dont la crédibilité n’est pas à prouver a évalué la production annuelle du Maroc à 38 000 tonnes d’herbe de cannabis ou kif et à 760 tonnes de résine de cannabis en 2012. La valeur marchande sur le marché international des « exportations » marocaines de cannabis est estimée à plus de 10 milliards d’euros par l’office onusien. La filière dans son ensemble rapporte quelque 240 milliards de dollars par an, note le même organisme. Abordant cette question, Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, est catégorique quand il affirme que « les efforts attendus en matière de coopération et de lutte contre les trafics de drogue n’ont pas été au rendez-vous comme nous l’avions espéré et les quantités déversées sur l’Algérie ont atteint des proportions inquiétantes », démontrant ainsi les atermoiements et le jeu malsain d’une monarchie beaucoup plus préoccupée à honorer des leaders sionistes connus pour leur extrémisme à l’image de l’ancien grand rabbin d’Israël, Shlomo Amar, décoré du Wissam alaouite de classe exceptionnelle qu’à protéger les enfants du peuple marocain des adeptes du tourisme sexuel et de la perversion des pédophiles. Ce n’est pas nouveau, déjà en 2009, Mohammed VI distinguait Jason Isaacson, membre influent du comité américano-juif, un autre groupe de pression qui apporte un soutien multiforme à une monarchie devant laquelle il y a lieu de reconnaître que le cartel dirigé jadis par le tristement célèbre Pablo Escobar ressemblerait à une bande de délinquants ! Vue sous cet angle, l’Algérie parait assiégée de toutes parts. Ce n’est certainement pas dû au hasard des événements, mais ça correspond à un plan de déstabilisation où le Maroc jour le rôle central.
Soyez le premier à commenter