Des boucliers humains au Sahara Occidental

Une délégation de l’association Thawra, dénonciation et Droits de l’homme au Sahara Occidental occupé, a été pendant le mois de juillet en séjours dans l’ex-colonie espagnole et le sud du Maroc, plus concrètement aux villes de Guelmim, Agadir, TAN6tAN, el Aaiún, Bojador et Dajla, durant lequel ils ont fait beaucoup d’interviews avec des associations d’activistes sahraouis et des citoyens à titre individuel.

Fruit de ces rencontres et de leurs observations, ils viennent de publier un rapport documenté et complet qui met en évidence l’importance que représente pour les sahraouis la présence d’observateurs internationaux dans les territoires occupés, qui peuvent jouer le rôle de haut-parleurs de la situation vécue là-bas et freiner, dans une certaine mesure, la violence qui exercée, quotidiennement, contre eux par la police marocaine.

Les associations avec lesquelles les membres de Thawra se sont réunis ont été AFAPREDESA, Comité Sahraoui contre la Torture, CSPRON, CODESA (Collectif de Défenseurs Sahraouis de Droits de l’homme), AMDH (une Association Marocaine des Droits de l’homme), l’Association pour l’Aide Médicale aux Victimes Oubliées du Sahara Occidental, CODAPSO (Comité de Défense du Droit ) l’Autodétermination du Peuple du Sahara Occidental), l’Association des Mères des 15 prisonniers (formée par les mères des quinze jeunes enlevés par les autorités marocaines en décembre 2005 à El Aaiún et dont le sort est encore inconnu), le Comité pour la Préservation de la Mémoire Sahraouie et ex-travailleurs de Fos-Bucraa.

GuinGuinBali se fait l’écho des conclusions de ce rapport que nous publierons en deux parties.

Pour Thawra, « la nécessité d’assurer la présence d’observateurs internationaux dans le territoire occupé continue d’être une priorité et fait très important, que les autorités sentent que les sahraouis sont appuyés. Plusieurs sont ceux qui ont obtenu un certain blindage grâce à leur visibilité internationale, mais une grande partie de la population ne peut pas accéder à ce type de soutien. Il est important que les sahraouis se sentent écoutés et soutenus, puisque leur motivation augmente et les renforce pour continuer leur lutte ».

Ils affirment aussi, « nous croyons que les voyages d’observation et la récolte de témoignages sont encore nécessaires, mais aussi d’autres types de voyages sont importants comme ceux de l’accompagnement des activistes qui viennent de visiter leurs familles dans les camps de réfugiés, puisque de nombreux affrontements ont ont dû affronter la police marocaine. Pour que les évènements d’octobre 2009 ne se répètent pas avec le groupe des 7 emprisonnés pour ce motif, la présence d’observateurs internationaux est nécessaire. Nous croyons que les accompagnements supposent une activité de résistance pacifique, et non seulement d’observation, devant la forte répression marocaine. De là l’importance de projeter et faire visible ce que le Maroc veut occulter. Il est significatif que, lorsque la police intervient dans ces voyages, elle a intercepté les matériels graphiques et audiovisuels des observateurs internationaux, ce qui reflète la peur que leur agissements contre la population sahraouie soient dévoilés au public.

Les membres de Thawra mettent l’accent sur la nécessité de faire des visites aux citoyens sahraouis à titre individuel. « Les visites aux différentes associations sahraouies qui travaillent dans les territoires occupés sont importantes pour connaître leurs méthodes d’action et objectifs concrets. Mais il ne faut pas non plus oublier l’utilité des visites aux personnes individuelles qui n’appartiennent à aucune association déterminée, en pouvant obtenir près de celles-ci une information d’une grande valeur et quotidienneté. Les sahraouis ouvrent les portes de leur maison et de leur propre expérience devant la situation qu’ils vivent, à tous ceux qui sont intéressés à les écouter. Il est important qu’un engagement s’établisse pour la diffusion de leurs témoignages pour que l’on puisse écouter leur voix, en faisant face aux empêchements que quotidiennement la population sahraouie subit par rapport à sa liberté d’expression ».

Pour les visites futures, se pose l’importance du fait que dans les délégations « se trouvent des spécialistes en différents champs professionnels. Parmi eux : infirmerie, informatique, numérisation de documents, communication audiovisuelle, etc.. De la même façon, les demandes des sahraouis se dirigent aussi vers les matériels nécessaires pour développer ces activités : médecines, ordinateurs, caméras, supports audiovisuels, etc. ».

Grande présence policière

Pendant sa visite aux territoires occupés par le Maroc, cette association a pu constater une grande présence policière à ses trousses, comme c’est le cas de tous les observateurs internationaux. « Dès le moment qu’ils traversent les arcs d’entrée de la capitale du Sahara Occidental, El Aaiún, la présence policière devient présente, ainsi qu’un nombre exagéré de drapeaux du Maroc, quelque chose qui nous a attiré attention de manière significative. Les panneaux publicitaires dans la ville, avec le visage du monarque Mohamed VI, sont aussi comptés par dizaines. Si nous comparons cette vision d’El Aaiún au reste des villes marocaines visitées, nous pouvons conclure qu’il y a une plus grande présence de ces symboles nationaux dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Nous avons aussi constaté la manipulation et l’utilisation de l’information dans les médias comme propagande du régime marocain et pour discréditer le Front Polisario ».

Ils proposent aussi quelques conseils par rapport à l’attitude que les observateurs doivent maintenir. « À l’égard de l’attitude des observateurs envers la police, nous croyons nécessaire de montrer la normalité et le calme à tout moment. Ce que les autorités cherchent c’est de déstabiliser le travail réalisé, à travers la filature constante, en faisant des photographies d’une manière grossière et en faisant des interrogatoires longs, fréquents et exhaustifs. Tout cela, avec l’objectif d’énerver les observateurs et d’affecter ainsi le cours de leur tâche ». Dans cet article nous publions quelques photographies qui mettent en évidence cette filature.

De la même manière, ils recommandent aux observateurs d’essayer d’entrer en contact avec les responsables de la Mission de l’ONU pour le Sahara Occidental (MinursoMINURSO, la mission de l’ONU pour le Référendum au Sahara Occidental, est grande, surtout à El Aaiún. Nous conseillons la visite des observateurs aux bureaux de la mission pour essayer de parler avec un des membres, puisque nous considérons qu’il peut être très intéressant de connaître la vision de leur travail dans les territoires occupés ».

Guinguinbali, 1/9/2010

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