Caravane de barbouzes

Après la traite des esclaves, la colonisation, les dictatures, les génocides, les conflits religieux, tribaux ou ethniques, la famine, l’apartheid, les pandémies, le pillage des richesses par les multinationales, l’Afrique ne peut espérer de répit dans le cours tragique de sa malédiction. Voici venu le temps du «terrorisme international» semant la mort, procédant au sabotage économique et au grand banditisme. Sahel au précieux uranium, delta du Niger, Darfour au convoité pétrole, golfe d’Aden aux eaux poissonneuses… sont le théâtre de drames orchestrés par des Etats lointains avec la complicité ou l’impuissance de ceux de la région. 

Il est, bien entendu, des pays qui voudraient empêcher cette vaste destruction, comme l’Algérie, toujours déterminée à défendre le principe de la souveraineté. Mais, il faut l’avouer, par-delà les discours unitaires, la riposte aux agressions extérieures souffre du syndrome africain de la division. Le feuilleton récent de l’échange d’otages contre la libération de terroristes emprisonnés dans un pays voisin nous fixe sur le risque permanent de trahison qui écarte tout pacte de défense continentale. 

L’UA ne fera guère mieux que la défunte OUA, malgré les enseignements tirés durant des décennies de manigances occidentales sous la bénédiction de despotes locaux. Il y a, en Afrique, non seulement cette attente désespérée d’un fonctionnement démocratique des sociétés, imbriquée à la problématique du développement socioéconomique, mais aussi cette difficulté à neutraliser les comploteurs de tout acabit qui viennent, déguisés en humanitaires ou journalistes, pour organiser le pillage et la fitna. Les steppes sont infestées d’espions d’un nouveau genre, capables, avec le dernier des criminels crapuleux pour peu qu’il y ait une convergence des dividendes. 

C’est à cette vague de barbouzes dangereuses que l’Afrique doit résister si nous voulons éviter le diktat de ces nouveaux mercenaires à la solde de puissances sans scrupule. On l’aura compris, les kidnappings veulent justifier encore une fois la mise sous tutelle militaire étrangère des richesses africaines. Ni l’Algérie ni les pays frères ne sauraient l’accepter. 

N. M.
Le Jeune Indépendant, 25/9/2010

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