Le Maroc exploitera-t-il l’initiative sahraouie pour isoler et contrôler ces populations, comme faisait la France coloniale dans nos campagnes, lorsqu’elle regroupait de force les populations de nos déchras dans des «camps de regroupement» sous un contrôle militaire.
Les Sahraouis des territoires occupés, là où logent Aminatou Haïder et les autres cauchemars du makhzen, n’ont pas attendu les directives de Mohamed Abdelaziz, leur président, pour «intensifier», comme il le demandait mercredi passé, «l’intifada pacifique» qui compte déjà une existence de près de cinq années et demie. Dégoûtés par les forces d’occupation marocaines qui ont fini par les assiéger et les brutaliser dans leurs propres maisons, les Sahraouis ont decidé d’aller vivre ailleurs. Ils ont accepté la précarité des tentes, loin des commodités de la ville, pour manifester entre autres, leur désaccord et protester contre le viol constant de leurs domiciles et celui plus soutenu de leur intégrité physique.
Pour protester aussi contre les mauvaises conditions socio-économiques dans lesquelles on les confine et, surtout, disent-ils, contre la présence coloniale dans leur pays. A El-Aaiun, la capitale du Sahara Occidental, ils sont quelque 7 000 personnes à opter pour cet exil volontaire à près de 20 km à l’est de leur ville. Chose que le makhzen apprécia à sa manière, puisque des forces militaires furent dépêchées illico pour prendre position sur les lieux, entourer les camps sahraouis de fils barbelés et y interdire tout approvisionnement en eau ou en denrées alimentaires. Même les stalags de l’Allemagne hitlérienne étaient plus humains si l’on en croit les dires de nos parents, emmenés par leur colonisateur à eux guerroyer malgré eux contre un peuple qu’ils disaient respecter et aimer.
Le Maroc exploitera-t-il l’initiative sahraouie pour isoler et contrôler ces populations, comme faisait la France coloniale dans nos campagnes, lorsqu’elle regroupait de force les populations de nos déchras dans des «camps de regroupement» sous un contrôle militaire. Un type de contrôle que reproduit aujourd’hui le commandeur des croyants, au moment où il accueille Shimon Peres, président d’Israël, l’allié du Maroc qui disait à ses soldats lors de l’agression de Gaza qu’ils pouvaient y aller sans s’inquiéter pour l’image de marque d’Israël. Mais pour quoi faire les barbelés au Sahara occidental où, à part celle du makhzen, aucune violence n’est signalée ? Est-ce pour dire à Ban Ki-moon, présent à Marrakech, que les barbelés visent à protéger les autochtones des… bêtes sauvages ?
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 17/10/2010
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