C’est désormais loin d’être un secret. Le Maroc est en délicatesse avec les Etats Unis, et même profondément, sur la question du Sahara Occidental. Cela déplait au palais royal qui n’a que la ressource d’attendre que la France use de son droit de véto pour bloquer toute résolution contraire aux vues du Maroc.
La France ne serait pas prête toutefois d’aller aussi loin au risque d’une éventuelle brouille avec Washington. Faute d’arguments, le palais royal fait le dos rond? Depuis 1975, date à laquelle le roi Hassan II avait orchestré la “marche verte”, le royaume chérifien croit à un roman national sur le thème d’un retour du Sahara Occidental dans le giron de la mère patrie. Une fiction dont les Sahraouis parviennent difficilement à s’auto-persuader puisqu’ils combattent cette vision marocaine depuis trente huit ans.
Ce qui revient à dire que la “marocanité” supposée du Sahara Occidental est contestée de longue date. Autrement, le problème n’existerait pas. Or, la thèse de la “marocanité” d’un territoire occupé par la force ne fait plus aussi recette que par le passé.
Et l’implication américaine dans le dossier met d’une certaine manière le royaume chérifien au pied du mur. C’est devenu un problème bilatéral entre Washington et Rabat et il n’en faudrait pour preuve que la suspension des manœuvres maroco-américaines qui devaient se dérouler à Agadir.
Une mesure qui témoigne de la mauvaise humeur du palais royal à l’égard des Etats Unis qui pour le coup ont décidé de ruer dans les brancards. Cette situation inédite a pris de court les autorités marocaines qui tentent de réparer l’effet désastreux pour leurs intérêts de la position américaine sur le Sahara Occidental.
Sachant qu’il leur est impossible d’infléchir le point de vue des Etats-Unis, ces mêmes autorités sont saisies par les vieux démons du prêche anti-algérien et par médias interposés déversent les discours les plus calamiteux sur un pays sensé être frère et ami. Voilà qu’entonnant une vieille rengaine devenue pathétique, les malheurs du royaume chérifien sont attribués à l’Algérie au point que quelques bonnes consciences marocaines n’ont pas hésité à évoquer une « guerre » entre les deux pays.
A ce point là ? La haine et le ressentiment ont donc atteint un degré aussi lamentable ? Franchement, entendre des propos aussi insensés en 2013 relève du délire paranoïaque de la part de ceux qui en usent.
Est-ce que des termes aussi irresponsables doivent être tenus pour convaincre le peuple marocain de l’existence d’un hypothétique ennemi? Qui peut croire un seul instant à une animosité entre les peuples marocain et algérien frères si ce ne sont les valétudinaires qui jettent de l’huile sur le feu croyant ainsi gagner du temps en refusant de regarder le cours de l’histoire en face. Evoquer, ne serait-ce que l’idée d’une guerre est une abomination qui n’honore ni ses auteurs ni leurs inspirateurs qui ainsi introduisent une confusion criminelle dans l’esprit de ceux qui écoutent des propos aussi insensés.
L’horloge de l’Histoire ne s’est pas arrêtée en 1975 sauf pour ceux qui pratiquant la politique de l’autruche plongent la tête dans les sables en n’imaginant pas qu’ils peuvent être mouvants.
Par Djamel Eddine Merdaci
L’Actualité, 22 avril 2013
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