Camps de réfugiés de Tindouf : La cause sahraouie et les médias
Existe-il des médias arabes capables de médiatiser les maux des Sahraouis, qu’ils soient dans les territoires occupés ou dans les camps de réfugiés ?
La question est de taille. Hormis les médias algériens, qui ont affiché leur soutien à la cause depuis les premiers instants de l’invasion marocaine du Sahara occidental, dans les médias arabes, les souffrances du peuple sahraoui ne constituent aucunement une priorité.
Et ce sont les Britanniques qui viennent de mettre en ligne sur le site électronique du quotidien The Guardian une vidéo de 6mn 5s, consacrée aux conditions de vie des Sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf et relatant leur aspiration à recouvrer leur indépendance. Intitulé Sahara occidental : les réfugiés oubliés du monde et produit par CVT Productions, ce documentaire rappelle notamment «les conditions de vie de plus de 200 000 réfugiés sahraouis et les raisons de leur exil depuis plus de trois décennies, suite à l’occupation de leurs terres par la monarchie marocaine, en 1975». «Il n’y a pas d’avenir pour nous dans les camps de réfugiés, notre avenir est dans le territoire de l’Etat sahraoui indépendant», a déclaré le ministre sahraoui de la Jeunesse et des Sports, Mohamed El Mouloud Mohamed El Fadel, dans son témoignage, estimant que «la jeunesse sahraouie aura la responsabilité d’édifier un nouvel Etat». Il a expliqué, cependant, que l’urgence était dans «la nécessité d’investir dans l’éducation et la formation de ces jeunes pour enrichir, particulièrement, le capital humain, car ils doivent travailler dur pour atteindre leur objectif, qui est l’indépendance, pour ensuite commencer à construire l’avenir».
Dans sa déclaration, l’enseignante Najla Mohamed pointe du doigt la «discordance» existant au sein même de la population sahraouie, particulièrement les jeunes, qui «n’ont jamais connu la guerre, mais croient qu’un changement doit se faire, et ce, par le retour aux armes, qui s’avère nécessaire pour en finir avec cette situation», a-t-elle expliqué. Le documentaire montre, par ailleurs, des images du «mur de la honte», long de 2,700 km, qui coupe les territoires sahraouis en deux parties, une partie occupée par le Maroc et la deuxième libérée par l’Armée de libération sahraouie.
Le mur, rappelle le documentaire, est truffé de millions de mines antipersonnel, implantées par les forces d’occupation marocaines. La vidéo évoque, aussi, l’histoire du jeune Hamdi, un activiste sahraoui des territoires occupés qui avait rejoint ses compatriotes dans les camps de réfugiés, avec tous les risques encourus durant son dangereux périple. Dans son témoignage, Hamdi a raconté les dangers auxquels il fut exposé, la frustration et la colère de son peuple face à une instance onusienne qui tarde à agir (Minurso), mais aussi son désir de repartir vivre sur la terre de ses ancêtres, occupée aujourd’hui par le Maroc, soutenant, par la même, l’opinion de l’enseignante Najla Mohamed. A ce propos, il a affirmé que la seule solution se trouve dans le «retour aux armes», car «rien ne changera dans ce conflit, et sans la guerre personne ne nous écoutera», a-t-il dit.
La femme : un combat continuel
Le rôle de la femme sahraouie, tant sur le plan social que politique, est également mis en avant dans ce documentaire. Ce rôle est illustré par Fatima Balla, qui occupe le poste de secrétaire générale de la wilaya de S’mara (camps de réfugiés à Tindouf). Fatima Balla confirme à l’équipe ayant réalisé le documentaire que «les femmes sahraouies ont les mêmes droit que les hommes, notamment le droits au vote, et sont régulièrement élues à des postes politiques». Elle a affirmé que tous les postes de wali (gouverneur) dans les wilayas sahraouies (camps de réfugiés) sont tenus par des femmes. Le Front Polisario, souligne-t-on dans ce court documentaire, est un mouvement de résistance que les Nations unies reconnaissent comme le seul représentant du peuple sahraoui. Les producteurs de ce documentaire ont précisé, pour leur part, avoir pris attache avec le gouvernement marocain pour les raisons du tournage, sans recevoir de réponse.
http://www.reporters.dz/index.php?option=com_content&view=article&id=10574:camps-de-refugies-de-tindouf–la-cause-sahraouie-et-les-medias-&catid=2:actualite&Itemid=9
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Sahara occidental : Le Maroc aux abois
La décision d’étendre les prérogatives de la Minurso pour englober la surveillance du respect des droits humains au Sahara occidental a sérieusement ébranlé la conviction marocaine d’imposer une large autonomie à ce vaste territoire, occupé depuis plus de 35 ans.
Le soutien indéfectible de la France au Royaume chérifien sur la question du Sahara occidental ne lui a été, cette fois-ci, d’aucun secours, puisque même les Etats-Unis se sont alignés sur l’initiative de l’ONU. Un sérieux revers qui a poussé le Makhzen à utiliser ses relais pour atténuer la portée de cette décision.
Ainsi, l’Association des ex-prisonniers de guerre marocains, détenus à l’époque sur les territoires sahraouis, tente de faire diversion en montrant du doigt l’Algérie : « Le conflit du Sahara occidental est un conflit imposé au Maroc par l’Algérie qui finance et héberge sur son territoire à Tindouf le mouvement séparatiste du Polisario », est-il indiqué dans une lettre adressée par cette association au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et aux membres permanents du Conseil de sécurité. Un refrain familier aux Algériens souvent utilisé par le Makhzen et ses relais quand la situation est défavorable au Maroc comme c’est le cas de le dire aujourd’hui.
Plusieurs autres relais, jusque-là enivrés par l’idée de rallier le Sahara au Maroc, ont été surpris de voir l’ONU et les USA faire cause commune sur le respect des droits humains, bafoués par le Maroc. Est-il nécessaire de rappeler les violations répétées des droits de l’Homme dans les territoires occupés et dont le Maroc s’est rendu coupable ? Des violations dénoncées par les ONG internationales. Des ONG souvent empêchées de se rendre au Sahara occidental pour constater de visu les conditions dans lesquelles vivent les Sahraouis et qui sont régulièrement victimes de terribles répressions par les forces de l’occupation marocaines. Ce n’est donc pas cette sortie médiatique de l’association en question qui déroge à la règle, puisque c’est toujours l’Algérie qui est montrée du doigt, alors que sa position sur le conflit sahraoui ne souffre d’aucune ambiguïté.
Le respect de la légalité internationale est toujours prôné par Alger, mais les visées expansionnistes du Maroc font que le Royaume chérifien veut impliquer notre pays dans ce conflit. Rien n’arrête donc les relais du Makhzen surpris, il faut le dire, par cette initiative des Nations unies. Depuis plus de trois décennies, ce pays voisin utilise tous les procédés, y compris les plus saugrenus, pour se mettre dans la peau de la victime dans ce conflit. Mais l’ONU vient de le réveiller brusquement à travers cette décision, très dure à avaler, il faut le souligner.
http://www.reporters.dz/index.php?option=com_content&view=article&id=10573:sahara-occidental–le-maroc-aux-abois&catid=2:actualite&Itemid=9
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Le palais royal au pied du mur
Par Abdelkrim Ghezali
Le projet de résolution déposé par les États-Unis au Conseil de sécurité et auquel la France ne compte pas s’opposer, semble mettre le palais royal dans tous ses états. Les États-Unis, qui disent soutenir Ross dans sa mission au Sahara occidental, veulent l’élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental et qui sont bafoués quotidiennement par les services de sécurité marocains. Human Rights Watch a déclaré, hier, dans une lettre adressée aux quinze membres du Conseil de sécurité, que les membres du Conseil de sécurité devraient charger les Nations unies de surveiller les violations des droits humains au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf en Algérie. Le Conseil doit voter, courant avril 2013, le renouvellement du mandat de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de Minurso. «Le Conseil de sécurité devrait mettre fin à l’anomalie qui veut que la Minurso mène des activités de déminage et des patrouilles frontalières, mais n’ait aucun mandat pour rendre compte de la violence policière, des procès injustes ou des restrictions du droit de rassemblement auxquels sont systématiquement confrontés les habitants du Sahara occidental», a déclaré Philippe Bolopion, directeur du plaidoyer auprès de l’ONU à Human Rights Watch. Le Secrétaire général de l’ONU et le Rapporteur spécial sur la torture ont tous deux, récemment, appelé à une surveillance accrue des droits humains au Sahara occidental. Les abus commis par le Maroc au Sahara occidental visent tout particulièrement les Sahraouis plaidant pour une autodétermination ou une indépendance du territoire. Les autorités violent leur droit à manifester pacifiquement et à créer des associations, et des militants ont été torturés puis emprisonnés à l’issue de procès non équitables. Des sources diplomatiques ont indiqué à Human Rights Watch que les États-Unis ont incorporé, dans le projet de résolution de 2013, des formulations qui pourraient permettre à l’ONU de surveiller les droits humains au Sahara occidental et de publier des rapports sur le sujet. Le projet de texte demande aussi au Secrétaire général de garantir que les agences de l’ONU adéquates puissent surveiller et émettre des rapports sur les droits humains dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, en coopération avec l’Algérie. «Le mandat élargi de la Minurso devrait inclure la tâche de surveiller la situation des droits humains non seulement au Sahara occidental, mais aussi dans les camps de réfugiés sahraouis situés de l’autre côté de la frontière, en Algérie, dont les habitants vivent de façon relativement isolée», a écrit Human Rights Watch dans sa lettre. En effet, le Front Polisario a pris des mesures pour punir des résidents des camps qui critiquaient ses dirigeants ou soutenaient le plan d’autonomie du Maroc. «La mission de maintien de la paix au Sahara occidental aurait dû inclure depuis longtemps un mandat de surveillance des droits humains, qui améliorerait les mécanismes de protection des droits humains, tout en dissuadant les parties en présence de déformer les allégations de violations pour servir leurs propres objectifs politiques», a conclu Philippe Bolopion. «Les membres du Conseil de sécurité ne devraient pas laisser passer cette opportunité historique d’aligner la Minurso avec les autres missions modernes de maintien de la paix, bâties sur l’idée que les droits humains font partie intégrante du travail de l’ONU.» Ces développements dus aux multiples alertes lancées par des ONG et autres organismes de la société civile européenne, effraient les autorités marocaines qui ne manqueront pas de faire bouger leurs lobbies afin de faire échouer ce projet de résolution. http://www.latribune-online.com/chronique/81465.html
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Repère : un terrible échec
La diplomatie marocaine vient de subir un revers qui devrait l’obliger à revoir ses propres fondements et, d’une certaine manière, finir avec ses certitudes et, dans le même temps, bannir le mot «jamais». Effectivement, devaient dire les hommes politiques marocains, les Etats-Unis ne changeront jamais de politique à l’égard de leur pays, malgré les nombreux signaux, les plus évidents étant l’opposition américaine à l’intégration des territoires sahraouis à l’accord de libre-échange conclu en 2006 avec le Maroc.
Ou encore cette fameuse résolution du Sénat américain soutenant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors même que cette instance décidait d’apporter son appui à la mission de l’ancien secrétaire d’Etat à l’époque en charge du dossier sahraoui auprès de l’ONU. Cet appui apporté en 1998 ne manquait alors nullement de pertinence, James Baker, faisant face au blocage du processus de paix par le Maroc. Ou encore les nombreuses missions américaines, dans les territoires sahraouis, dont les conclusions interpellaient avec force l’Administration américaine.
Il y a lieu de relever l’accueil réservé par Washington à la militante sahraouie Aminatou Haïdar, présentée le plus officiellement comme une citoyenne sahraouie. L’erreur des Marocains consiste justement à ne pas croire en cette évidence qui se manifeste désormais avec éclat, les dégâts ne pouvant être pour eux que considérables. Ils en ont pris la mesure, il y a quelques jours, quand les Etats-Unis faisaient savoir qu’ils allaient déposer devant le Conseil de sécurité un projet de résolution élargissant le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) aux Droits de l’homme.
Le rapport annuel du département d’Etat sur les droits de l’homme dans le monde devrait consacrer cette fin des certitudes, son style ne laissant aucune place au doute. Et encore faudrait-il souligner, il y a six mois, un rapport avait été adressé par le département d’Etat au Congrès, dans lequel il avait été souligné que la situation générale des droits de l’homme dans les territoires sahraouis soulevait de «sérieuses inquiétudes». Ce précédent rapport était lui-même élaboré en application d’une loi adoptée en 2011 par le Congrès américain, exigeant du département d’Etat de s’assurer du respect des droits de l’homme au Sahara occidental avant l’octroi de toute aide financière militaire au Maroc.
L’instance américaine, qui leur a consacré pas moins de douze pages, a dénoncé la violation par le Maroc des droits de l’homme au Sahara occidental en spécifiant que de tels actes visent les Sahraouis et comme cela ne suffit pas, il y est précisé qu’il s’agit d’indépendantistes sahraouis. Y est alors présentée la genèse de la question sahraouie ainsi que les problèmes des droits de l’homme, soulignant qu’«ils sont de longue date et sont liés aux revendications indépendantistes» des Sahraouis.
Tout y est : viols, mauvais traitements, torture, des accusations rapportées également par des ONG internationales et locales, avec des rapports jugés crédibles, comme celui du rapporteur spécial de l’ONU sur la torture. Selon le département d’Etat, «la plupart de ces traitements dégradants surviennent suite aux manifestations indépendantistes ou à celles appelant à la libération des prisonniers politiques sahraouis».
A ce propos, il cite le cas d’Aminatou Haïdar, attaquée par la police marocaine après sa rencontre avec l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, à la mission de l’ONU à El Ayoun en novembre 2012. Voilà donc l’erreur des Marocains, elle est considérable. En trente-huit ans d’occupation, ils n’ont pas réussi à faire des Sahraouis de bons sujets, comme ils n’ont pu faire admettre le fait accompli colonial.
Un terrible échec.
Mohammed Larbi
http://www.elwatan.com/international/repere-un-terrible-echec-21-04-2013-211005_112.php
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Elargissement de la mission de la Minurso : Mohammed VI panique en son palais
La perspective d’élargir la mission de la Minurso pour englober la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires occupés ne semble pas être du goût du royaume chérifien. Makhzen et opposition, pris de panique, tentent d’anticiper sur la décision du Conseil de sécurité des Nations unies, qui interviendra dans cinq jours, et de réagir d’une seule voix contre cette option revendiquée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, surtout après le simulacre de procès de Gdim Izik.
Citant les verdicts prononcés lors de ce procès, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait lui-même indiqué que « le besoin d’un mécanisme indépendant, impartial, complet et prolongé de surveillance des droits de l’Homme, à la fois au Sahara occidental et dans les camps, est plus que jamais pressant ».
Réagissant à cette nouvelle situation, les autorités marocaines ne sont pas allées de main morte pour dénoncer un « complot contre la souveraineté nationale » du Maroc.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, a qualifié avant-hier de « ligne rouge » la création de tout mécanisme international de contrôle des droits humains dans « les provinces du sud du Royaume » et a écarté toute possibilité de négociation à ce propos.
Le Parlement marocain, avec ses deux chambres et toutes tendances politiques confondues, réuni en urgence avant-hier, a qualifié, lui aussi, de « grave menace à l’entité nationale qu’on ne peut négliger en aucune manière » et « une flagrante atteinte à la souveraineté nationale » la perspective de modification de la mission de la Minurso.
Et du côté de la classe politique, c’est l’unanimisme plat. Plateaux télés et déclarations médiatiques se succèdent pour crier au complot et dénoncer une « ingérence » dans les affaires internes du pays. A gauche comme à droite ou chez les islamistes, la réaction est quasi-identique. Pour l’USFP, cette initiative est un « plan-complot » visant à enterrer la résolution 1991 relative à la Minurso en lui attribuant des compétences qui « n’ont jamais fait l’objet d’un accord » entre toutes les parties. Son premier secrétaire, Driss Lachgar, a indiqué que sa formation « a eu le sentiment qu’un complot était ourdi contre l’intégrité territoriale du Maroc ».
Le Bureau politique de ce parti a décidé d’appeler à une réunion publique du Parlement pour condamner ce plan-complot et d’adresser un message clair à l’opinion publique internationale pour montrer que « les Marocains sont unis autour de cette question ». Même son de cloche du côté du Parti socialiste unifié, qui rejette, lui aussi, toute modification de la mission de la Minurso ou tout élargissement de ses compétences. Réagissant par la voix de sa secrétaire générale, Nabila Mounib, il a souligné que cette initiative est de nature à porter profondément atteinte à la souveraineté du Maroc qui ne peut en aucun cas être victime de la situation géopolitique dans la région. A ce propos, « les solutions portant atteinte à la souveraineté du Royaume sont inacceptables », a-t-elle déclaré. De son côté, Al Ahd Addimocrati, a également exprimé son refus de cette proposition en réitérant dans un communiqué, rendu public par son bureau politique, l’attachement du Maroc au respect des droits de l’Homme et à son intégrité territoriale. Plus royaliste, Al Ahd Addimocrati s’en prend à l’Algérie en l’accusant d’exactions sur les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf. Se joignant au bal, l’Association marocaine de solidarité sahraouie en Europe (AMSSE) dénonce une tentative de « politiser » la mission de la Minurso.
Dans un communiqué repris par la MAP, elle appelle les Nations unies à traiter le dossier de la question du Sahara occidental avec « objectivité et réalisme », en accusant le Polisario d’être impliqué et responsable dans la crise au Sahel dans tout ce qui se passe dans cette région.
Puisant dans les vieilles rengaines du Makhzen datant du temps de la guerre froide, Talal Belrhiti, ancien consultant politique à Washington, dans une tribune publiée par le magazine américain The National Interest, accuse des groupes marxistes marocains financés par l’Algérie et la Libye d’être à l’origine de la création du Polisario et de la persistance de ce conflit pour faire payer au Maroc son alignement sur le monde dit « libre ».
C’est la faute à Kerry Kennedy et à Javier Bardem !
C’est l’un des arguments avancés par le patron du think-tank marocain Amadeus, Brahim Fassi Fihri, fils du conseiller royal et ex-chef de la diplomatie marocaine Taïeb Fassi Fihri, envoyé, ces jours-ci, à la tête d’une délégation en mission vers les grandes capitales, dont Moscou et Pékin. Pour un peu, le Palais royal marocain, en plein émoi devant ce qu’il croit être un « lâchage » de Washington, se transformerait en organisation anti-impérialiste. C’est la faute à Kerry Kennedy, Javier Bardem, mais aussi Susan Rice, la « méchante » qui aurait ourdi le texte prévoyant que la Minurso s’occupe également de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf. John Kerry, le nouveau secrétaire d’Etat, est également suspecté de chercher un « rééquilibrage » en faveur de l’Algérie contrairement à Hillary Clinton beaucoup pro-marocaine.
C’est aussi une partie de l’explication fournie par Brahim Fassi Fihri qui qualifie le projet de résolution sur la prolongation du mandat de la Minurso, présenté par les Etats-Unis, le 9 avril dernier, au « Groupe des Amis sur la question du Sahara » (composé des membres permanents du Conseil de sécurité et de l’Espagne), « d’évolution inquiétante dans la gestion de ce dossier par la première puissance mondiale ». Un changement de « position » qui, écrit le fils du conseiller royal, « contredit près de 40 années de neutralité positive vis-à-vis des arguments du Royaume ». Tout cela parce que les Etats-Unis préconisent que la Minurso, qui comme son nom l’indique, est destinée à organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental sans arriver à le faire. La Minurso est devenue, par la volonté des Etats-Unis, une mission de surveillance du cessez-le-feu. Dans les faits, elle a donc « gelé » le conflit sans le résoudre, une situation qui profite au Maroc, dont le jeu a consisté à gagner du temps.
Les Etats-Unis n’innovent pas, les Organisations des droits de l’Homme ont toujours défendu l’idée que les missions des Nations unies avaient, par nature et par respect de la charte, une obligation de surveiller la situation des droits de l’Homme.
On peut supposer, éventuellement, que les Etats-Unis recherchent à travers la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits de l’Homme à « libérer » les sociétés civiles et faire bouger les lignes dans un dossier figé depuis des décennies. Mais cela n’explique pas l’état de panique qui a saisi le palais marocain. Celui-ci a décrété carrément la mobilisation politique générale et a convoqué les forces politiques pour « réitérer le consensus national ».
Dans un style très parti unique et avec souvent des outrances verbales, en direction de l’Algérie, l’initiative américaine est décriée comme une atteinte à la souveraineté. Des ONG se sont même fait le devoir « patriotique » de s’adresser au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour affirmer que les droits de l’Homme sont protégés et font l’objet de leur « attention ». Dans cet élan patriotique hystérique, garder l’esprit libre relève de la gageure et du courage.
C’est le cas de l’AMDH (association marocaine des droits de l’homme) qui, comme HumanRights Watch ou Amnesty International, a salué cette extension du rôle de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. « Tout mécanisme de surveillance onusien des droits de l’Homme ne peut être que bénéfique, aussi bien au Sahara que dans les camps de Tindouf », a souligné avec une cohérence implacable, Khadija Ryadi présidente de l’AMDH. L’association est attaquée de toute part, les moins « excessifs » l’accusent d’être des « trotsko-léninistes » ! Le Palais royal anti-impérialiste et les « trotsko-léninistes », cela donne une idée du climat délirant. Le Makhzen n’y va pas de main morte.
Des voix cependant se font entendre au milieu de cette hystérie pour souligner qu’il n’y a rien d’anormal à ce que les Nations unies se mêlent des droits de l’Homme. Le site Lakome souligne d’ailleurs le caractère contreproductif de la démarche officielle marocaine. « Il apparaît donc que par cette réaction, Rabat a coupé le ‘’cheveu de Mouaouia’’ avec les Etats-Unis, et qu’il ne lui reste comme seul recours que la position que prendra la France ; et comme il est peu probable que Paris entre en confrontation directe avec Washington en lui opposant son veto, la France devrait se contenter d’alléger les termes de la résolution à venir.» Mais au Palais, on ne pense plus. On n’a les yeux que sur Kerry Kennedy et Javier Bardem.
http://www.reporters.dz/index.php?option=com_content&view=article&id=10561:elargissement-de-la-mission-de-la-minurso–mohammed-vi-panique-en-son-palais&catid=1:thema&Itemid=8
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