Après l’expulsion, par le Maroc, du personnel de l’ONU du Sahara Occidental : Rabat rappelée à l’ordre
Le représentant du Polisario à Londres, Mohamed-Ali Limam-Mohamed, a souligné que la mission principale de la Minurso reposait sur son personnel civil, et que, estropiée de ce dernier, elle ne pourrait accomplir l’objectif pour lequel elle avait été créée. Il a affirmé que, seul, le personnel militaire n’est pas à même d’assurer toutes les tâches confiées au mandat de la Mission onusienne.
La Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), privée de son segment politique, soit «vidée de sa logistique», selon le propos du responsable sahraoui à Londres, c’est, tout simplement, pour le Front Polisario «une volonté délibérée de la part de l’occupant marocain de paralyser» la Minurso. L’expulsion de ses 84 membres, et la fermeture du bureau de la Mission des Nations unies, dans la ville sahraouie sous occupation marocaine, Dakhla, est «une violation flagrante» des Résolutions de l’ONU, dont celles adoptées par le Conseil de sécurité, notamment la 690, d’avril 1991, portant création, définition de la Mission et des modalités du déploiement de la Minurso au Sahara occidental, suite au cessez-le-feu, sous l’égide de l’ONU, entre le Front Polisario et Rabat. Le Royaume chérifien, après avoir, des années durant, tergiversé pour retarder le plus possible la tenue du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental, territoire envahi par l’Armée marocaine, en 1975, Rabat vient de franchir un pas, aux conséquences gravissimes, sur les plans international et régional. Rappelé à l’ordre par le premier responsable de l’Institution onusienne, ainsi que par le Conseil de sécurité, suite à ses attaques contre le SG de l’ONU, Ban Ki-moon, et les entraves marocaines à sa mission concernant le dossier du Sahara occidental, question de décolonisation inscrite, depuis 1966, sur l’agenda onusien, le système colonial marocain a vite fait d’adopter des mesures et des décisions de nature à piétiner les prérogatives de l’AG, du CS et aussi ceux du SG de l’Institution onusienne. Ce qui a amené, depuis, de nombreux responsables politiques, au sein et en dehors de l’ONU, à réagir, dont la réaction récente de la chef de la diplomatie de Suède, déclarant qu’il ne suffit pas, a souligné Margot Wallström, «de soutenir le Conseil de sécurité, la Suède doit, aussi, formuler des demandes claires et agir», a-telle précisé, «activement au sein de l’ONU, en vue d’arriver à une solution, où la demande pour l’organisation imminente d’un référendum ait une place centrale», a déclaré la ministre des Affaires étrangères de la Suède. Il est aussi grand temps, a également indiqué la responsable des Affaires étrangères au gouvernement de Suède, que son pays et l’ONU, dira-t-elle, «doivent insister, clairement, auprès du Maroc, qui est la partie qui a systématiquement fait obstruction, et a saboté le travail de l’ONU», a affirmé Margot Wallström. Les déclarations de la responsable suédoise interviennent à moins d’une semaine après celles de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), appelant le Conseil de sécurité de l’ONU «à prendre des mesures coercitives contre le Maroc», qualifiant les mesures et les décisions précitées de Rabat de «précédent très grave, et qui remettent en question le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies dans le maintien de la paix et la sécurité internationales», a averti Nkosazana Dlamini-Zuma. Autre réaction, celle des États-Unis, dont la chef de la diplomatie suèdoise a rappelé, dans ses déclarations, que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) n’a pas de composante, en matière de droits de l’Homme, à l’instar des autres Missions de l’ONU, à travers le monde, affirmant qu’«une initiative visant à élargir le mandat en ce sens a été prise en 2013 par les États-Unis, mais elle n’a pas été soutenue par le Conseil de sécurité».
La France a, en effet, fait savoir qu’elle userait de son veto, si la Résolution en question des États-Unis venait à être soumise sur la table du Conseil de sécurité, un droit de véto de la France brandi en soutien à la colonisation du Maroc au Sahara occidental, privant le droit des Sahraouis à l’autodétermination, en contradiction flagrante avec le discours de Paris, plaçant la France premier leader en matière de défense des Droits de l’Homme dans le Monde. Et, pour revenir à la réaction de Washington, rappelant que les États-Unis «ne reconnaissent pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental» et, donc, il s’agit d’une occupation des territoires sahraouis par le Maroc, comme le stipulent les Textes et les Résolutions de l’ONU. considérant le Sahara occidental comme «un territoire non-autonome, soumis au processus de décolonisation», les congressmen américains, à travers la commission des droits de l’Homme du Congrès américain, ont tenu à lever «toute équivoque» sur la position de leur gouvernement. «Nous devons être clairs, les États-Unis n’ont reconnu la souveraineté d’aucun État sur le territoire du Sahara occidental qu’ils considèrent plutôt comme un territoire non-autonome en attente de décolonisation», a déclaré le démocrate John Conyers. Déclaration tenue par ce responsable, mercredi dernier, devant un parterre d’hommes politiques américains, d’ONGs et d’organismes internationaux venus assister à l’audition de la commission précitée, la première du genre, qu’elle organise sur le Sahara occidental sous occupation marocaine. Pour Mc Govern, représentant de l’État du Massachusetts, celui-ci a soutenu «en dépit des relations qui lient les États-Unis au Maroc, le respect des droits de l’Homme doit primer sur tout autre intérêt, car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région», a-t-il souligné. Le Congressman démocrate a appelé, plus loin, le Maroc à lever le blocus sur les territoires sahraouis encore occupés, et à «autoriser» les observateurs des droits de l’Homme de l’ONU «à accéder sans restrictions» à ces territoires du Sahara occidental, ne manquant pas d’exiger «la libération» des prisonniers politiques sahraouis des geôles marocaines.
Karima Bennour
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