A une semaine du début des négociations au Conseil de sécurité sur une nouvelle résolution sur le Sahara Occidental, les autorités marocaines essayent de brouiller les cartes en refusant encore une fois la visite d’une délégation officielle du Parlement européen qui devait faire une évaluation de la situation des droits de l’Homme au Maroc et au Sahara Occidental occupé.
Le déplacement prévu du 9 au 12 avril prochain, et dirigé par l’eurodéputée socialiste portugaise Ana Gomes, incluait la visite des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, un groupe emprisonné à Rabat après avoir été condamné par un tribunal militaire marocain, et des rencontres avec des défenseurs des droits de l’Homme sahraouis, dont Brahim Dahane et Aminatou Haidar, ainsi que les familles de prisonniers et disparus sahraouis. Selon un communiqué de Willy Meyer, eurodéputé espagnol de la «Gauche unie», le groupe de députés européens dont il fait partie aux côtés de six autres, dont l’entrée dans les territoires occupés a été déjà empêchée par le Maroc l’année dernière, avait également demandé à visiter «la Prison noire d’El-Ayoun». Meyer rappelle que la mission qui devait être dépêchée au Maroc en avril prochain a été approuvée par la plénière du Parlement européen qui condamne la violation des droits de l’Homme du peuple sahraoui, et fait obligation au Maroc de libérer les prisonniers politiques sahraouis.
Selon l’eurodéputé espagnol, l’envoi de la délégation vient aussi en signe du soutien apporté par le Parlement à la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental, et l’appel à l’exercice effectif par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination, comme le prévoit de nombreuses résolutions de l’Organisation des Nations Unies. Meyer déplore, par ailleurs, «la complicité des institutions européennes, qui accordent le droit à une relation privilégiée au sein de la politique européenne de voisinage au Maroc, alors que le régime viole les droits les plus fondamentaux du peuple sahraoui sous occupation».
Le député européen rappelle que ce n’est pas la première fois que le Maroc empêche une délégation du Parlement européen de constater la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental, rappelant que lors de la dernière législature, plusieurs actions ont été entravées et reportées à plusieurs reprises. «Moi-même, j’ai été expulsé par la force trois fois de suite alors que je me rendais à El-Ayoun occupé», indique Meyer. Ce dernier relève que le régime marocain accueille cependant, à bras ouverts, les députés européens favorables à sa politique. Ainsi, de nombreuses délégations sont accueillies et bénéficient de tous les égards et les commodités pour se déplacer au Maroc et même dans les territoires occupés. L’homme politique espagnol condamne vivement la visite effectuée récemment par une délégation de la commission parlementaire mixte UE-Maroc dirigée par l’Italien social-démocrate Pier Antonio Panzeri qui a fait le voyage à Dakhla, au Sahara Occidental occupé. Meyer estime que «la visite est méprisable ; elle constitue un grave précédent de reconnaissance de l’occupation marocaine du Sahara Occidental et vise à légitimer le pillage des ressources halieutiques du peuple sahraoui en contradiction avec le droit international». Pour le député européen, cette initiative «compromet les efforts déployés pour parvenir à une solution juste et durable à travers la décolonisation du Sahara Occidental, dernière colonie d’Afrique».
Meriem Sassi
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