La presse marocaine, dans ses éditions d’hier, s’est empressée de s’emparer d’une sorte d’étude relative aux zones à risque et aux différents printemps qui guettent les pays africains durant l’année 2014.
L’étude en question a été «concoctée» par un certain cabinet d’analyse dénommé «Maplecroft». Inconnu aussi bien pour les profanes que pour les experts. Normal, dès lors, que ce ne fussent que les médias de sa majesté Mohamed VI qui s’emparassent de cette «étude» qui donne l’air d’avoir été spécialement «commandée» pour nuire à l’Algérie. On y explique, sans rire, ni même risquer de faire sourire à l’entour, que même si le Maroc et la Tunisie peuvent être touchés par des révoltes, cela ne se produira jamais avant que l’Algérie ne soit touchée à son tour. Charmante attention s’il en fut. Flatteuse attention aussi, qui suppose que ce cabinet, dans son obséquiosité, a quand même admis que l’Algérie était la puissance régionale incontournable, grâce à laquelle les équilibres, la stabilité et les rapports de force étaient globalement maintenus.
L’arrivée hier à Alger d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK pour les intimes), le nouveau président malien, en est un des nombreux témoignages. Mais là n’est pas le propos. La puissance de l’Algérie en fait aussi sa… faiblesse. Depuis que le Soudan a été scindé en deux, avec les résultats dramatiques que nous observons aujourd’hui, l’Algérie est devenu (à son… territoire défendant, serait-on tentés de dire), le plus grand pays d’Afrique.
Elle a également su déjouer un complot terroriste que l’on pourrait qualifier de «planétaire», puisque ces fous de Dieu récoltaient des fonds, revendiquaient des attentats sanglants contre des victimes civiles et innocentes et acheminaient des armes à partir de toutes les capitales occidentales, sous le fallacieux prétexte de la… démocratie. Ils le faisaient aussi à partir du Maroc. Abdelhak Layada, qui nous a personnellement reçu chez lui pour témoigner, avait par exemple ses entrées chez Hassan II et son vizir Driss Basri, cela quand le défunt roi chérifien, Commandeur des croyants et descendant de la lignée du prophète Mohamed (QSSL), voulait faire de l’Algérie un laboratoire grandeur nature et à ciel ouvert, et que le Maroc nous tournait le dos au moment où nous avions le plus besoin de l’aide et du soutien de nos voisins et frères, quand nous faisions l’objet d’un criminel et odieux embargo, tellement hypocrite aussi qu’il n’osait même pas exprimer son nom. Mais là n’est pas non plus le propos. Il n’est pas non plus question de rancœur, ni de rancune. L’Algérie a relevé ce défi, de même qu’elle a su quitter son goulot d’étranglement financier et économique, si bien qu’elle est même devenue la créancière du FMI (Fonds monétaire international) himself. Normal, dès lors, que l’on suscitât envie et jalousie, et que l’on jugeât que le déluge nous guette à chaque coin de rue. Mais, dans les faits, il n’en est rien bien sûr.
La toute récente prise d’otages du site gazier de Tiguentourine a fort bien prouvé que l’Algérie avait les moyens de se défendre, et qu’elle ne faisait pas dans le détail dès lors que sa souveraineté et sa stabilité étaient menacées. Ses visions, thèses et analyses se sont également avérées parfaitement fondées s’agissant de la crise libyenne et de celle qui n’en finit plus de secouer le Mali depuis des lustres. Depuis que la France colonialiste lui a accordé son indépendance en fait. Ce n’est pas un hasard si les rares moments de joie et de paix que ce pays a vécu, il les doit tous à l’Algérie. Sa relative opulence est, elle aussi, largement servie par nos produits subventionnés, sujets à de vastes réseaux de contrebande. Ce n’est pas un hasard non plus si nos voisins et amis tunisiens, pour surmonter leur crise et leurs multiples divergences, s’en remettent à la sagesse et à la médiation de l’Algérie, plus précisément au légendaire savoir-faire diplomatique du président Bouteflika. La Tunisie a une grande chance de s’en sortir. Car, plus la nuit est noire, plus on a de chances de voir l’aube se lever. En revanche, le Maroc, mu par sa hargne, sa haine et son orgueil démesuré et injustifié, se dirige inexorablement vers une implosion généralisée, et qui fera date. L’œillère qu’il se place pour éviter d’admettre ce fait s’appelle… Algérie. Et ce n’est pas sa drogue, non plus ses interminables jérémiades et suppliques pour rouvrir ses frontières terrestres avec nous qui pourraient y changer quelque chose. Hélas, non…
M. A.
Le Courrier d’Algérie, 19/01/2014
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